Chill & Cult : découvrez « The One I Love » sur Netflix

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Étrangement familier, le couple selon Charlie McDowell se façonne sur une base d’idéaux et de regrets. Par un scénario plus qu’original, le réalisateur américain nous offre avec The One I Love une fable déconcertante pour déconstruire les perfections chimériques du couple. A (re)découvrir sans plus attendre sur Netflix.

The One I Love pour Sophie n’est peut-être plus Ethan. C’est sur un couple en crise que Charlie McDowell pose son regard dans un drame coloré qui s’annonce à ses débuts assez agréable et joueur. Et pourtant, lorsque les deux jeunes mariés se rendent dans une maison perdue dans la campagne pour y suivre une sorte de thérapie de couple, l’étau se resserre inévitablement autour du spectateur qui découvre une toute autre histoire et une toute autre ambiance. The One I Love est cette histoire que tous les couples vivent, une sorte de fable universelle et métaphorique ; c’est le moment où l’on commence à s’habituer à l’autre, à le connaître par cœur pour ne repérer que ses mauvais côtés, à soi-même se laisser aller sans forcément y penser ; c’est le moment où l’on aimerait retrouver cet amour idéal que l’on a connu autrefois, mais qui s’est métamorphosé à tout jamais pour laisser place à un sentiment de déjà-vu contrariant. Se réfugier dans un idéal inatteignable est-il alors une véritable solution ?

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Alors que les révélations s’enchaînent pendant toute la durée du film, Charlie McDowell maîtrise à la perfection son rythme, passant des scènes saccadées et rapides du début, où tout s’emboîte dans une réalité connue, à l’allure plus lente du mystère et de la découverte de soi et de l’autre. Le mouvement est omniprésent, dans les va-et-vient et dans les esprits, si bien que l’attention est captée dès le début et ne parvient plus à lâcher cette histoire et ces personnages. Puis lorsque cette ambiance si plaisante s’assombrit pour laisser place au dépourvu et au perturbant, les fils de l’intrigue s’emmêlent dans un fouillis compliqué, qui aurait sûrement mérité plus de simplicité afin de frapper plus fort encore. Le propos se dilue dans des complications parfois inutiles, si bien que le tout perd malheureusement de son charme vers la fin. 

La photographie de Doug Emmett remplie quant à elle parfaitement son rôle : oscillant sans cesse entre l’aspect joueur et léger et les tons plus graves voire angoissants. Sa caméra se promène tel un voyeur gentiment malsain, qui vient scruter ce couple bousculé. L’omniprésence du jaune à l’écran, comme un rappel de cette tromperie permanente et de ces espoirs d’idéaux déçus, vient compléter une parfaite maîtrise du double, entre le fantastique et le fanatisme. Ce savant mélange opère parfaitement, pour trouver le bon ton entre une jolie fable et un réalisme poignant.

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Mais ce qui marquera peut-être le plus le spectateur de The One I Love, ce sont les nuances de jeu d’Elisabeth Moss et Mark Duplass, qui portent à eux-seuls le film de bout en bout ; les deux acteurs interprètent à merveille les complexités des sentiments humains au sein du couple, déchiffrent et incarnent la jalousie, la lassitude, l’espoir perdu. L’image joue également impeccablement avec ses deux acteurs, sait les placer dans des décors sobres mais emblématiques, imprégnés par la nature pour recréer cette vérité humaine.

Avec The One I Love, Charlie McDowell utilise adroitement un scénario peut-être parfois trop complexe, mais toujours fascinant ; se créé ainsi un film perturbant, métaphore étourdissante d’une réalité si certaine. On sort de cette expérience pas tout à fait indemne, et malgré ses imperfections, The One I Love bouscule les codes du couple parfait pour interroger intelligemment l’idéal amoureux.

Bande-annonce The One I Love :