Critique « Borat 2 » de Jason Woliner : Sacha Baron Cohen a réalisé la séquence de l’année

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Borat est de retour. 14 ans après l’original, Sacha Baron Cohen revient dans la peau du journaliste kazakh, et retourne aux États-Unis. Focus sur Borat Subsequent Moviefilm: Delivery of Prodigious Bribe To American Regime For Make Benefit Once Glorious Nation of Kazakhstan disponible sur Amazon Prime Video depuis le 23 octobre dernier.

Borat 2 : on reprend les mêmes vannes et on recommence

Borat 2 n’a rien de très original. Sacha Baron Cohen réutilise les mêmes mimiques, les mêmes situations, les mêmes vannes pour raconter cette nouvelle histoire. Les caméras cachées sont de retour, de même que l’humour douteux de notre héros. Mais cette fois, il emmène sa fille avec lui. Exit le producteur, cette fois, il va utiliser la figure féminine pour dénoncer le traitement de la femme sous l’investiture Trump. De quoi créer une autre dynamique. Qui suffit à justifier la réalisation d’une suite, et ses différences avec le premier opus.

Critique "Borat 2" de Jason Woliner : Sacha Baron Cohen a réalisé la séquence de l'année

Le film, réalisé par Jason Woliner, offre quelques instants mémorables. À l’image du premier film, Sacha Baron Cohen n’a peur de rien, et propose quelques passages humoristiques de haute volée, sans pour autant être aussi impactant qu’en 2006. Borat 2 paraît plus anecdotique. La faute à des séquences moins mémorables, ou en tout cas plus attendues, contrairement au premier film où le comédien se confrontait par exemple à des texans conservateurs en plein rodéo ou à des religieux extrêmes un dimanche matin en pleine messe. Le comique manque parfois de renouvellement et de souffle comique. En témoigne la vanne sur le Coronavirus, directement copiée-collée de celle de South Park : Pandemic Special, sorti il y a quelques semaines.

Borat 2 : Une réalisation plus aboutie 

Borat 2 est également porté par une réalisation plus léchée. Ce qui détonne par rapport au premier film, tourné en found footage avec les moyens du bord, qui lui donnait un charme incontestable. Borat 2 est plus lisse. Ce qui procure l’impression que le film est davantage mis en scène que le premier volet, et perd ainsi de sa raison d’être. Heureusement, Sacha Baron Cohen imagine des situations et quelques moments comiques marquants. A l’image de son passage hilarant chez deux complotistes en plein confinement. Borat 2 est globalement un divertissement réussi, qui permet un regard inquisiteur contre la politique de Trump.

Borat vs Trump

C’est un peu l’intérêt premier de ce Borat 2. Sacha Baron Cohen tente d’offrir un brûlot contre la politique de Donald Trump, et ce, à quelques jours des élections américaines. N’oubliant pas de rappeler qu’il a crotté (au sens propre) devant la Trump Tower dans le premier film, Sacha Baron Cohen veut discréditer le président sortant, en s’en prenant à ses proches. De cette volonté ressort deux séquences totalement dingues, qui placent Borat 2 comme une production corrosive, acerbe et critique de la politique de Donald Trump.

Critique "Borat 2" de Jason Woliner : Sacha Baron Cohen a réalisé la séquence de l'année

Le comédien n’hésite pas à se déguiser en Donald Trump lui-même, le temps d’une séquence proprement hallucinante où il débarque dans un meeting de Mike Pence. Revêtu comme le président, le comédien vient interrompre la présentation du vice-président des USA. Un pari osé, mouvement politique et engagé, très rapidement interrompu.

Une séquence proprement hallucinante 

Mais LA séquence du film concerne Rudy Giuliani, ancien maire de New York, et avocat de Donald Trump. Sacha Baron Cohen et Maria Bakalova, qui joue la fille de Borat, ont piégé Rudy Giuliani, en montrant au monde ses appétences déplacées pour les jeunes femmes. Sacha Baron Cohen a réussi à prendre le politicien la main dans le sac. Maria Bakalova a joué de ses charmes pour le berner et le prendre sur le vif. Un pari risqué, qui s’est avéré payant. Une séquence totalement dingue, et pratiquement inimaginable. Difficile de croire qu’un homme aussi puissant ait pu se faire duper aussi simplement. Constat d’une société qui n’a honte de rien. Où la gangrène est encore plus profondément présente que ce que l’on pensait. Voici la scène en question :

Une scène incroyable, où Rudy Giuliani croit participer à une interview filmée, avant de se retrouver dans une fâcheuse posture. Il est filmé la main dans le pantalon, prêt semble-t-il à avoir des relations sexuelles avec la jeune femme officieusement âgée de 15 ans, avant d’être interrompu par Sacha Baron Cohen. L’homme politique de 76 ans a rapidement réagi et s’est défendu comme il pouvait sur les réseaux sociaux. Il promet que cette séquence de Sacha Baron Cohen est « fabriquée » et que :

« Je remettais ma chemise dans mon pantalon après avoir retiré le matériel d’enregistrement. À aucun moment avant, pendant ou après l’interview, je n’ai eu un comportement déplacé. Si Sacha Baron Cohen sous-entend le contraire, il ment éhontément. »

La scène a créé le buzz, et montre à quel point le milieu politique est corrompu, détestable et totalement condamnable. Sacha Baron Cohen n’a pas hésité à en rajouter une couche après cette déclaration de Rudy Giuliani. Le comédien est revenu dans la peau de Borat le temps d’une courte vidéo où il prend la défense du politicien. Avec ironie, il utilise la stupidité de son personnage, et ses écarts, pour le comparer directement avec Rudy Giuliani. Histoire d’enfoncer encore un peu plus le clou.

En tout cas, via ce faux documentaire, Sacha Baron Cohen aura tourné une séquence dingue, qui restera définitivement dans les anales. Une scène difficile à croire, tant elle démontre la perfidie des puissants qui nous dominent. Rien que pour ce passage, respect à Sacha Baron Cohen.

Borat 2 est plus politique que son prédécesseur. Il est moins bancal également. Sacha Baron Cohen suit une ligne directrice plus précise, ce qui enlève une partie de son charme. Reste quelques caméras cachées hallucinantes, qui vont beaucoup plus loin que le précédent épisode.