Critique « Birth of a Nation » de Nate Parker

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Basée sur une histoire vraie, Birth of a Nation constitue un évènement historique teinté de violence et de cruelles représailles à l’encontre de la communauté noire. Le film se déroule dans les année 1840 et s’inscrit dans la continuité de Twelve Years a Slave. Nathaniel dit Nat Turner, un esclave noir, est un prédicateur écouté. Il est tenu de prêcher la parole religieuse afin d’endoctriner les esclaves indisciplinés au vu de faciliter leur assujettissement.

Nat Turner : leader charismatique

Tenu de légitimer les exactions des esclavagistes, Nat récite inlassablement des passages tels que :

« Esclaves, obéissez à vos maîtres d’ici-bas avec crainte et tremblement » Épître aux Ephésiens (6, 5-8)

« Tous ceux qui sont sous le joug de l’esclavage doivent considérer leurs maîtres comme dignes d’un entier respect » épître à Timothée (6, 1-2).

Seulement, nous décelons un changement d’intonation lors de ses prédications. Témoin des atrocités commises à l’encontre d’autres esclaves, Nat Turner est épris d’une ferveur contestataire et insuffle l’idée d’une rébellion contre les propriétaires terriens.

Birth of a NationIl devient alors un leader et développe une certaine prise de conscience du monde dans lequel il vit. Monde qu’il découvre à travers les différents prêches et le parcours initiatique d’un héros qui donne aux hommes le courage de se révolter. On peut apporter une légère ombre quant au ton biblique un peu trop prononcé. Nat Turner est présenté tel un messie venu délivrer le peuple asservi, égal à Moïse qui a délivré son peuple de l’oppression égyptienne. Seulement la fin diffère, tandis que la mer rouge s’est scindée afin de leur faciliter la fuite, les esclaves noirs qui se sont rebellés ont tous été massacré par l’armée américaine.

 

Un potentiel cinématographique critiquable

Le réalisateur Nate Parker endosse également le rôle du personnage principal qu’il joue avec exaltation. Seulement, cette admiration que l’on ressent peut desservir sa prestation d’acteur en raison du manque de distance nécessaire pour une scénarisation pertinente. Tous les choix de l’esclave semblent se justifier par sa foi, alors que les décisions prises devraient davantage porter sur une réflexion approfondie de la notion des droits inhérents à la nature humaine. Nous regrettons une présentation manichéenne et mal exploitée de Nate Turner lorsque le réalisateur dresse le portrait psychologique du personnage qui paraissait en réalité bien plus complexe. Cependant, nous ne pouvons ignorer le travail méticuleux à la fois historique et cinématographique du réalisateur qui parvient à inspirer une réelle authenticité à cette histoire. Il met en valeur l’importance de l’engagement citoyen qu’il exprime néanmoins avec une violence indicible qui dépasse la simple désobéissance civile invoquée dans le film The Great Debaters.

Le film est un choc visuel qui contraste avec le genre quasi romanesque de l’histoire. Le rire des enfants, la célébration des mariages, l’image poétique des champs de coton sur fond musical créent un impact émotionnel compte-tenu de l’objet historique et politique du sujet qu’est la servitude négrière. Le format d’image instaure un conte épique par le biais de plans panoramiques. La palette de couleurs proches de celles de la terre font échos avec les tenues des acteurs afin d’illustrer l’époque avec exactitude. Les gros plans amplifient l’horreur des scènes de violence et de tortures. Toutefois ces séquences transcendent par la beauté de l’image.

 

Birth of a NationBirth of a Nation ne vous laissera pas indifférent. Il s’agit d’un travail d’ensemble rigoureux du réalisateur tant dans le traitement de l’image que dans l’interprétation de l’émotion et la réflexion suscitée. La rédaction vous invite vivement à le voir afin de dresser votre propre analyse.

 

 

 

 

https://www.youtube.com/watch?v=pnpwS0E3ym4