Crazy Bear : une proposition attachante mais beaucoup trop sage

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Après avoir mis en scène My Movie Project, Pitch Perfect 2 et Charlie’s Angel, la comédienne et réalisatrice Elizabeth Banks est de retour une quatrième fois derrière la caméra dans un registre complètement différent avec Crazy Bear. Porté par Keri Russell, O’Shea Jackson Jr. ou encore Alden Ehrenreich (Solo : A Star Wars Story), le long-métrage marque également la dernière apparition du regretté Ray Liotta. Adapté d’une histoire vraie, Crazy Bear raconte comment, en 1985, une cargaison de cocaïne disparaît en pleine forêt après le crash d’un avion, dans l’État de Géorgie. Une certaine quantité de la fameuse drogue a alors été ingérée par un ours brun. Critique d’une œuvre drôle et malicieuse, qui manque pourtant de folie…

Crazy Bear : on s’éclate (presque) comme des petits fous

Après des films plutôt grand public, Elizabeth Banks se lance dans la réalisation d’une comédie horrifique décérébrée avec Crazy Bear. Déjà, rien que son postulat de départ promet une aventure excentrique, décalée et totalement what the fuck. Malheureusement, la promesse n’est qu’à moitié tenue…

La grande force de Creazy Bear, c’est sa volonté de ne pas se prendre au sérieux. Elizabeth Banks signe une série B sans prétention, souvent très stupide, mais également parfois très drôle. Crazy Bear propose quelques fulgurances comiques et visuelles géniales. Et trois séquences sortent indéniablement du lot.

364261901 Crazy Bear : une proposition attachante mais beaucoup trop sage

Déjà, on a une scène d’ouverture en grande pompe qui pose le ton de l’œuvre. Drôle, décalée, joyeusement naïve, et passablement gore, la séquence d’ouverture est une petite sucrerie géniale. Ensuite, difficile de ne pas être comblé par l’excellente séquence de l’ambulance, qui marie à la perfection humour noir, visions trashs et violence à la fois choquante et décomplexée. Enfin, la scène du carrousel est tellement débile qu’elle en est doucement drôle. Et on aurait aimé que le film soit à l’image de ces trois scènes qui surnagent pas rapport au reste, mais ce n’est pas le cas.

Crazy Bear peut également compter sur des personnages plutôt convaincants. La dynamique entre les deux hors la loi, incarnés par O’Shae Jackson Jr. et Alden Ehrenreich, est la force principale du long-métrage. Attachants et très humains, leurs questionnements sur ce qui est juste, sur la dépression et sur l’amitié, bien que très classiques, suffisent à créer une forme d’empathie qui sauve le métrage du désintérêt total pour ses personnages.

Une proposition qui manque de folie

Paradoxalement, malgré un postulat de départ cocasse et excentrique, Crazy Bear manque de folie. Elizabeth Banks signe une proposition trop sage, et surtout trop bavarde pour totalement convaincre. La réalisatrice prend trop son temps pour mettre en place ses enjeux, très simplistes au demeurant. Face à cet excès d’exposition, et un rythme global qui patine sévèrement, l’audience se fait parfois doucement chier face aux pérégrinations très routinières de personnages fonctions et extrêmement traditionnels. Crazy Bear manque d’originalité, d’expression, et surtout d’irrévérence pour raconter ce récit d’ours défoncé à la cocaïne.

Un ours d’ailleurs parfois trop absent du récit. Presque présenté comme un personnage secondaire, son absence est pesante, et il aurait mérité davantage de temps d’écran. Surtout qu’il est éclipsé au profit d’une sous-intrigue terriblement ennuyeuse entre deux gamins perdus dans la forêt, et une mère prête à tout pour retrouver sa fille. Pire élément de Crazy Bear, cette partie du récit prend beaucoup trop de place par rapport à l’intérêt qu’elle dégage.

Crazy Bear l improbable histoire vraie de l ours drogue a la cocaine dont s inspire le film Crazy Bear : une proposition attachante mais beaucoup trop sage

Enfin, difficile de valider la dernière partie du long-métrage. Elizabeth Banks s’enferme dans une conclusion narnardesque poussive, bâclée et sans aucun intérêt, où, sans trop comprendre pourquoi, les personnages sont atteints d’une stupidité ahurissante…

Ainsi, même si c’est globalement attachant, et que trois scènes totalement décérébrées surnagent par rapport au reste, Crazy Bear est paradoxalement trop sage et trop bavard pour totalement convaincre. Dommage, parce que le postulat de départ proposait un concept des plus délirants…