Champs-Elysées 2018 – « Tyrel » de Sebastián Silva : une soirée peu inspirée

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On continue notre tour d’horizon du Champs-Elysées Film Festival avec Tyrel, présenté en compétition parmi les longs-métrages américains. Ce film éponyme nous narre les pérégrinations de Tyrel, jeune homme noir invité pour une soirée à la montagne par son ami. Arrivé là-bas, il constate que tout le monde est blanc et se sent très vite mal à l’aise parmi eux. Focus. 

Un film sans enjeux : 

Plutôt prometteur, le pitch du film nous laissait présager une intrigue à la Get Out, où les noirs continuent d’être persécutés de manière plus ou moins insidieuse. Malheureusement, le film ne tient pas cette promesse et c’est là le premier problème : il n’y a ni véritable tension, ni véritable enjeux social. Certes quelques sous-textes religieux sont distillées dans l’oeuvre et plusieurs idées sont intéressantes, mais rien n’est exploité à sa juste mesure. Nous nous retrouvons au final avec un film sans grands enjeux. Nous ne suivons que le malaise de Tyrel au sein de cette soirée dans laquelle il ne se reconnait pas. Mais on se prend vite à penser que s’il ne se reconnait pas dans cette soirée, ce n’est pas une question de couleur de peau, mais tout simplement de caractère. Car quelques blagues douteuses ont beau être insinuées, le fait est que les invités ont un comportement plutôt bienveillant vis-à-vis Tyrel tout au long du film. 

Tyrel Champs-Elysées 2018 - "Tyrel" de Sebastián Silva : une soirée peu inspirée

Aucun fil conducteur ne tient l’ensemble du scénario, ce qui renforce la sensation de manque d’enjeux. On ne ressent pas que cette soirée offre au jeune homme un parcours initiatique, ce qui nous laisse sur notre faim quand survient le générique. Au final, Tyrel ne nous présente qu’une soirée bien ordinaire, dans laquelle se côtoient les traditionnels moments d’amusement et ceux plus tendus (voir violents). Apporter un petit peu plus de corps à cette histoire ainsi que des enjeux pour le personnage aurait surement permis d’impliquer plus sincèrement les spectateurs, tout en leur offrant de vrais commentaires sociaux. 

Une soirée réaliste : 

S’il y a bien un point qu’on ne peut pas reprocher au film, c’est son réalisme. Cela vaut aussi bien pour le déroulement de la soirée que pour la façon qu’a Sebastián Silva de filmer celle-ci. En effet, nous avons le droit à une caméra très mouvante et très proche des personnages. Celle-ci se balade d’une personne à l’autre, renforçant la sensation de proximité avec les personnages. En outre, la caméra bouge de manière plus ou moins fluide en fonction de l’état d’ébriété des protagonistes, ce qui nous permet de vivre des sensations similaires à celles de nos héros. Les moments de rigolades sont également réalistes et rappelleront à beaucoup d’entre-nous les délires similaires que nous avons pu vivre en soirées. On pensera notamment aux blagues stupides mais drôles (et plus ou moins douteuses), ainsi qu’aux jeux stupides et hilarants (le « whisky baffe », c’est quand même drôle à voir). 

Si Tyrel n’est pas un film raté, il est une oeuvre aux enjeux et thématiques sous-exploitées. Il reste toutefois appréciable à découvrir et devrait vous faire passer un agréable moment dans les salles. A découvrir aux Champs-Elysées film festival ce mardi 19 juin (dernier jour de diffusion).