Zorglub 2 : une confirmation en demi-teinte

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José Luis Munuera avait créé l’inattendue et excellente surprise l’année dernière avec la parution du premier tome de ZORGLUB, La Fille du Z. En ce début d’automne, il récidive avec un deuxième album moins brillant, mais efficace, L’Apprenti méchant (Dupuis).

 

L’Apprenti méchant est une histoire plaisante à lire, certes. On ne s’ennuie jamais, c’est rythmé et sans temps mort. Le dessin est toujours aussi propre, mais également toujours un peu froid, empruntant aussi bien à l’influence japonaise du manga qu’à l’univers de l’animation étasunienne. Il s’agit donc d’un bon divertissement dans l’ensemble. Mais….

Mais alors que La Fille du Z était un album qui pouvait plaire aux lecteurs de toutes générations, celui-ci est à l’évidence destiné à un lectorat adolescent, trop clairement ciblé. Ne serait-ce que par les caractéristiques du méchant de service ; un gamin de dix ans nommé Cédric (ou Zédrik) qui souhaite devenir stagiaire en méchanceté auprès de Zorglub. Le problème est que l’histoire se focalise avant tout sur lui et sur les personnages de Zandra et de sa copine Shine. Zorglub, quant à lui, est relégué au rang de second rôle et ne sert qu’à établir le contexte pour les autres. Il est le faire-valoir comique ; un peu dommage lorsqu’on donne son nom à la série. Cédric/Zédrik est fort peu passionnant et demeure trop superficiel pour qu’on s’intéresse vraiment à lui. Et les faits présentés ne constituent de plus qu’une suite d’événements successifs sans qu’ils n’établissent un réel fond solide au récit. Autre inconvénient : la mise en couleur utilisant abondamment le rose et autres tonalités du même genre. On a vraiment trop souvent la sensation de lire une BD « girlie ».

 

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Hormis ces défauts, ou le fait que Zédrik se voie finalement affublé d’un costume de superhéros (encore un !), L’Apprenti méchant reste un album dans lequel on sent que l’auteur s’est amusé à le faire. Il est d’ailleurs déjà en train de travailler au tome suivant (Lady Z a priori), ce qui prouve bien que son sujet lui tient à cœur. Et cela se sent bien durant la lecture. Les passages mettant Zorglub en scène, notamment avec son valet Fredorg, offrent quelques bonnes répliques et les dialogues sont généralement bien tournés, même s’ils sont moins réussis que ceux du premier tome.

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Au bout du compte, même si L’Apprenti méchant n’est pas à la hauteur de son prédécesseur, il maintient la série débutante à flots. Il reste cependant à espérer que le troisième volet reviendra à hauteur de La Fille du Z et que ce tome 2 n’aura été qu’une parenthèse que Munuera s’est offerte pour se faire plaisir. Le grand public (les fameux 7 à 77 ans) aimerait effectivement retrouver enfin l’esprit des aventures joyeuses et colorées – gage de divertissement de qualité des éditions Dupuis durant des générations – qui furent autrefois (jusqu’en 1995) la marque de fabrique de Spirou & Fantasio, série qui a été sabordée en 2018 par l’éditeur au détriment d’un SuperGroom, pour l’instant bien peu convaincant, ou de récits sinistres et moralisateurs d’Emile Bravo plongeant le célèbre duo de personnages dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale. Zorglub a le potentiel évident pour prendre une place laissée vacante depuis trop longtemps, mais encore faut-il que Munuera ne souhaite pas s’adresser qu’aux plus jeunes. A suivre en 2019.