[Critique] Unholy Grail de Snorgleux comics, Merlin version badass

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Une visite au Comic Con de Paris, nous a permis de découvrir un éditeur français, Snorgleux comics que nous avions hélas négligé. Avec Unholy Grail, un récit court publié aux États-Unis par Aftershock, on se rattrape.

Réinvention du mythe

Le lecteur redécouvre aussi le mythe d’Arthur et des chevaliers de la Table ronde. On est heureux de retrouver des moments incontournables de la légende – quand Arthur sort Excalibur du rocher, quand il rencontre Guenièvre… Cependant Unholy Grail n’est pas une simple adaptation. On trouve des moments méconnus ou inventés. En effet, les premières pages montrent des corps après une bataille. Contrairement aux légendes, le roi Arthur a perdu la guerre. Perceval – chevalier du roi – est revenu avec le Graal mais trop tard. Il cherche à comprendre les raisons de cet échec. Quelques cases plus loin, le récit remonte à la mort d’Uther Pendragon, le père d’Arthur. On bascule ensuite dans Arthur déjà roi. Cullen Bunn expose aux lecteurs un puzzle chronologique avant de peu à peu relier les différentes périodes de la vie d’Arthur et Merlin.

Arthur manipulé

Le roi et ses proches

Arthur apparaît comme un roi faible manipulé par Merlin ou par ses sentiments. Arthur doit remplir différents devoirs pour assurer son pouvoir. Même si le récit est très loin de la réalité historique, le lecteur découvre l’Histoire de l’Angleterre – Arthur est un roi mais il doit composer avec de puissants barons et des royaumes autour. Afin de charmer la Dame du Lac, il doit jeter dans le lac les épées des prétendants au trône tués. Toujours sur les conseils du démoniaque Merlin, il construit la forteresse de Camelot pour assurer sa puissance. Bunn opère un mélange réussi entre un récit médiéval et des éléments d’horreur. Arthur tombe cependant amoureux de Guenièvre alors qu’il a juré fidélité à la Dame du Lac.

Au contraire, d’autres personnages sortent grandis de cette réinterprétation. Morgane est une femme démoniaque certes, mais complexe. Guenièvre et Lancelot ne sont pas seulement des amants.

Une bataille épique et sanglante

Un Merlin loin de Disney

On découvre aussi la face sombre de Merlin. Enfin ce n’est plus lui car dès le début, il a été tué et un démon a pris sa peau. Ce démon va manipuler Arthur et ses proches afin de diviser le pays. Ce récit sombre de la manipulation des puissants par un homme de l’ombre est raconté essentiellement par l’image et des dialogues courts. Il y a peu de texte et la lecture est donc très rapide. Le dessin réaliste de Mirko Colak est aussi vif avec de nombreux coups de crayon. La page est joliment organisée autour de grandes cases très colorées. Colak manque juste parfois d’originalité dans son trait surtout dans les fins d’épisode. On sent que l’urgence de rendre les pages approchait.

Snorgleux nous offre une belle édition avec un livre de qualité mais aussi de nombreux bonus. On découvre le processus créatif sur une même page avec le scénario de départ, la mise en page par un crayonné, l’encrage et enfin la colorisation. Le volume contient aussi l’ensemble des couvertures des revues américaines dont les variant covers.

Unholy Grail est donc une heureuse surprise. Snorgleux nous gratifie d’un récit court agréable et Cullen Bunn s’est très bien approprié ce récit millénaire. Il ne se contente pas de réciter sa leçon mais apporte une touche de fantastique dans un récit connu de beaucoup.