Voyagez dans les passé avec les femmes de GILT

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Avez-vous déjà regretté un choix passé ? Si c’est le cas, GILT est fait pour vous. Édité par Delcourt, la bd propose un voyage dans le temps entre Absolutely Fabulous et Code Quantum.

Revenir sur ses erreurs

Le vendredi 30 novembre 1973, deux copines discutent dans un taxi avec Hildy Winters qui va épouser un riche homme d’affaire. Cependant, son féminisme lui fait questionner son choix. Elle ne va pas au bout de sa réflexion et épouse le mauvais cheval. En 2017, estimant avoir raté sa vie, elle décide de revenir dans le temps pour réparer cette erreur. Au même moment, Trista, employée d’une agence de soins à domicile de personnes âgées a rendez-vous avec elle. Son job ne lui plaît pas mais elle n’arrive plus à trouver du travail comme journaliste. Propulsée par accident dans le passé avec Hildy, elle arrive le jour où sa mère est rentrée dans une secte dont le gourou est le futur mari d’Hildy. Leurs interventions vont avoir un impact global et GILT pose dans un dilemme moral : doit-on agir si cette action impacte de nombreuses personnes ?

Dans GILT, le voyage temporel est codifié. Le voyageur revient uniquement dans son passé et dans son corps d’époque. Plus on reste, plus l’esprit reprend sa situation de départ. Si on modifie trop le passé, on est expédié dans le présent… sauf lors de cette dernière tentative. En conséquence, le flux temporel est si perturbé que les modifications deviennent un virus se diffusant à un nombre croissant d’individus. Cette idée est l’occasion pour la scénariste de montrer son talent à relier différents fils. On croise sans cesse les mêmes personnages mais dans des situations différentes. Trista interviewe un chanteur jamais nommé mais copié sur Kurt Cobain. Dans le passé, on croise Lou Reed. Ce talent de caricaturiste s’explique car le dessinateur Mauricet a un style à mi-chemin entre le comics et la bd. On peut voir toute sa préparation par un dense dossier en bonus.

L'héroïne de GILT
L’héroïne de GILT

Humour et paradoxe temporel

Au-delà de l’aventure, Les dialogues sont souvent drôles dans GILT, par le cynisme des deux femmes. Les images montrent des situations absurdes et grivoises. Lors d’une interview, Trista se fait lécher les pieds dans une boutique de chaussures. G.I.L.T. raconte la recherche d’indépendance de deux femmes : l’un voudrait éviter un mariage et l’autre que sa mère devienne dépendante d’un gourou. Le duo de femmes a de nombreux points communs. Elles ont été journalistes. Elles refusent de se conformer aux conventions – Trista prend des champignons hallucinogènes – et les deux héroïnes sont des exemples d’indépendance. Dès les années 1970, Hildy fume et sa tenue de mariée est un pantalon. Elle a un franc parler amusant mais devenue âgée, elle est sarcastique et peu aimable, une véritable New-Yorkaise en somme. Plus étrange, elle pratique la magie. Cette dimension féministe vient de la scénariste Alisa Kwitney ex-éditrice de la ligne Vertigo chez DC Comics, romancière sur des parcours de femmes et autrice de bd. Hélas, malgré ces personnages distrayants, les multiples interventions sur le temps peuvent dérouter et l’ensemble patine de cette confusion. Les dialogues sont distrayants mais manquent parfois de crédibilité tout comme les rebondissements.

GILT est un projet départ intrigant par la composition de son équipe créative où un dessinateur belge est associé à une éditrice américaine. Les dessins de Mauricet sont très précis et remplis de références. Le duo féminin amusant est très complémentaire.

Retrouvez sur le site d’autres bd sur le temps avec Replay et La fée des sixties.