Un samouraï en lutte contre les multinationales dans American Ronin

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Dans le futur d’American Ronin, les entreprises sont devenues plus puissantes que les États. Pour agir, ces multinationales ont formé dès l’enfance des agents surpuissants mais l’un d’entre eux fait le choix de s’émanciper. Devra-t-il détruire le système pour y arriver ?

Seul contre tous

Un grand patron du haut de son immeuble regarde le vide et en voix off il nous fait partager ses envies de suicide. On est dans le quartier d’affaires d’Hong-Kong, un des centres économiques de l’économie mondialisée actuelle dont American Ronin propose une version futuriste crédible. Les grandes entreprises ont pris le pouvoir. La disparition des Etats devenus des mythes vides de sens a permis d’arrêter toutes ces guerres nuisibles au commerce mais la démocratie qui limitait leurs pouvoirs et donc leurs profits a laissé la place à un libéralisme absolu et donc à la loi du plus fort. Les frontières où les lois n’existent plus pour les puissants qui ont recours à une milice privée.

En effet, les conflits entre États connus de tous laissent la place à une guerre secrète entre les pancorps pour dominer le monde. L’armée a été remplacée par un groupe d’élite qui élimine les cadres dirigeants adverses. Ces tueurs ont été génétiquement modifiés puis entraînés pour consacrer leur vie à leur corporation tels des samouraïs à leur seigneur. Ils ont perdu leur libre arbitre mais l’un d’entre eux a rejeté ce conditionnement. Depuis, ce samouraï renégat utilise les enseignements qu’il a reçu pour s’opposer à son ancien maître, Barrett Cornell. Ce ronin n’a aucune identité, pas même un prénom mais reste redoutable. Non seulement c’est un guerrier physiquement au top, mais il connaît toutes les techniques d’espionnage. Par ses talents de persuasion, un appel peut être aussi redoutable qu’une mitrailleuse. Il est si doué que son ancien employeur, Lincoln’s Eye, lui envoie un tueur psychopathe, l’homme-cauchemar. Le combat entre les deux sera l’enjeu de ce premier tome.

Une page d'American Ronin

Cette nouvelle série propose un voyage dans un futur proche par une technologie inédite. Le ronin s’injecte de la salive et grâce à des nanoparticules il peut lire le passé de sa future victime. Son conditionnement mental est si fort qu’il pleure alors qu’il a assouvi une vengeance longtemps désirée. L’homme-cauchemar utilise la même technologie mais plus pervers, il voyage dans les mauvais rêves des gens pour les trouver et les torturer. Bien qu’ennemis, les deux sont des drogués qui cherchent dans la vie des autres une échappatoire pour leur pauvre vie.

Un duo au service du Ronin

Avec American Ronin, Panini comics poursuit la sortie en France de la publication du label Awa Studios label qui impressionne par ses premiers titres. Cette toute jeune maison d’édition fondée par deux anciens directeurs de collection chez Marvel (Bill Jemas) et DC (Axel Alonso) est en pleine croissance par des projets très originaux à l’exemple de cette série rassemblant un duo artistique assez atypique. D’un côté, on trouve Peter Milligan au scénario. Ce scénariste britannique de cinquante ans est une référence (bien trop discrète) des comics depuis les années 70. Très prolifique, il est aussi bien actif pour les maisons d’éditions les plus connues (X-Men chez Marvel ou Hellblazer chez DC) que pour des maisons indépendantes. Avec American Ronin, il est bien plus libre dans son récit ou ses dialogues de proposer un récit adulte. D’un autre côté, on trouve le dessinateur espagnol Aco. Son style très réaliste coupe le souffle dans des pleines pages incroyables et il n’hésite pas montrer la violence. Très mystérieux sur sa biographie, son talent éclate pourtant au grand jour depuis quelques années. Les deux ont trouvé l’accord parfait pour composer un thriller haletant dès les premières mots inquiétants autour d’une page introductive superbe. On pourrait même parler d’un trio tant Dean White séduit par des couleurs vives et foisonnantes.

ADN et polar dans American Ronin

American Ronin est un thriller capitaliste, un comics d’action qui mêle le polar et les conflits entre les grandes entreprises qui tels des vampires se nourrissent du sang de l’humanité. Cette brillante réussite passe par un personnage central puissant mais qui ayant choisi l’indépendance, est menacé de toute part.

Vous pouvez retrouver du même scénariste les chronique des tomes un et deux de l’excellent polar historique Britannia.