Trouvez la vérité dans l’espace avec Amen publié chez Glénat

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Soyez béni cher lecteur, Comix Buro propose avec Amen la fin de l’adaptation d’Au cœur des ténèbres de Conrad par Georges Bess, auteur ayant maintes fois démontré son talent. Dans ce deuxième volume, Ishoa va-t-il retrouver Kurtz, le chef de l’expédition précédente ?

Suite et fin

Publié chez Glénat, Amen n’est pas une plate adaptation du roman Au cœur des ténèbres mais le dessinateur et scénariste Georges Bess plonge la courte nouvelle de Joseph Conrad dans un récit de science-fiction. Une troupe de religieux et de mercenaires est envoyée par sir Raleigh sur la nouvelle planète Arcadia afin de retrouver une expédition mystérieusement disparue. Dans le premier tome, cette mission s’est peu à peu perdue dans la jungle où des évènements surnaturels se produisent et des menaces invisibles bousculent les soldats. Aucune machine n’y fonctionne sauf les armes. Le camp de base de l’expédition précédente est totalement abandonné bien qu’il reste pourtant parfaitement fonctionnel. Par l’apparition de clones, le nombre colons est multiplié par deux mais chacun pense être l’original. Le premier tome se clôt par la rencontre avec les indigènes.

Une expédition perdue dans Amen

Ce second volume est la suite directe du premier. À la première rencontre avec les indigènes, Les mercenaires veulent exterminer les autochtones. Mais, pris d’une subite crise de démence collective, une grande partie des soldats se sont finalement tous entretués. Ils meurent dans d’atroces souffrances en explosant ou en se transformant en cubes de glace. Les doubles disparaissent et un virus se répand dans le convoi. Les prêtres y voient la marque du diable mais aucune manifestation ne le prouve. Grâce à son ouverture d’esprit, le héros, Ishoa semble plus serein et sera le seul à rencontrer les indigènes. Cette découverte va bouleverser sa perception du monde.

Au nom du plaisir

Dans Amen, Ishoa découvre une société utopique égalitaire presque communiste. En effet, ce peuple qui apparaît barbare aux prêtres et faibles pour les soldats est pourtant bien plus avancé. Ces bons sauvages barbus vivent presque nus mais peuvent voler. Étrangement, le guide de ce peuple ressemble au scénariste de comics Alan Moore. Comme dans le premier tome, Amen oppose la civilisation froide et inhumaine à une société pure et connectée à son environnement. C’est pour cela que Kurtz, le chef disparu de l’expédition précédente les a rejoints. A peine l’expédition précédente disparue, la nature se venge en envahissant les bases des colons. Ishoa fera un voyage initiatique mais aussi géographique en franchissant les paysages très variés d’Arcadia. On passe de la jungle dense à un magnifique désert minéral alors que l’aventurier découvre un monde de sensations reniant le monde moderne froid qu’il a toujours connu. Georges Bess rend ces paysages encore plus superbes par la colorisation. Dans ce second tome, son style est moins brut. Amen est également une fable politique dénonçant l’oppression du pouvoir. La civilisation est pourrie par la religion et l’esprit de conquête. Les soldats ont des surnoms ridicules comme La colique.

Entre nature et culture dans Amen

Par les deux tomes d’Amen publié par Glénat, Georges Bess rend hommage au space opera le plus mystique comme on pouvait le lire dans Métal Hurlant. Il propose un triptyque très différent. Alors que le premier tome ridiculisant la civilisation et montrant son effondrement pouvait décevoir, ce second volet, plus spirituel, élève le lecteur et l’emmène très loin. Le dessin est aussi nettement meilleur. Le corps des autochtones est superbe alors que les colonisateurs ont une tête disproportionnée. Les dernières pages de conclusion démontrent avec conviction le pouvoir de la nature.

Vous pouvez retrouver d’autres titres de la même collection dans les chroniques sur La tour et Valhalla hotel.