Tout peut arriver au Valhalla Hotel de Perna et Debouel

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Vous cherchez du neuf en lecture ? Que diriez-vous d’une bande dessinée en trois tomes qui commence par un coach et son champion de ping pong piégés dans un bled des États-Unis où chaque habitant semble totalement idiot ? Avec Valhalla Hotel, les éditions Glenat vous propose de séjourner dans ce monde totalement délirant.

Un début inattendu

Dans Valhalla Hotel, le lecteur est tout de suite dépaysé. Une longue route coupe le désert en deux et on reconnaît vite une plaine désertique des États-Unis.  Un combi rose transportant des porcs est conduit par un allemand ressemblant à un nazi de film. Il est difficilement doublé par une Mini. Ses deux occupants, Malone et Lenney, traversent cette zone paumée pour se rendre aux qualificatifs des JO de tennis de table. Lorsque la mini en panne se gare sur le bord de la route, un policier borné et homophobe arrête les occupants pour camping illégal. Malone manque cruellement de diplomatie en s’énervant, et il finit logiquement en cellule avec Lenny.

Ces étrangers débarquent alors dans la petite ville de Flatstone et sont contraints d’y rester en attendant la réparation de leur voiture. Loin de se calmer, la bizarrerie sera croissante dans Valhalla Hotel – alors que l’action s’accélère. Des rencontres improbables avec les habitants pimentent régulièrement le récit : un délinquant sexuel préfère dormir en cellule que de vivre chez lui, El Loco impressionnant ermite fan de hard rock, et en périphérie, une grande communauté d’allemands éleveurs de porcs et producteurs de la meilleure charcuterie du pays. A la moitié du récit, le récit bascule dans le fantastique avec des prélèvements mystérieux bien que forts agréables.

Un premier tome hilarant

Les moments hyper drôles dans le premier tome du Valhalla Hotel se multiplient notamment autour par le coach Malone, car il prend tout au premier degré, et son obsession pour son sport amuse le lecteur. Avec son champion mutique Lenny, ils écoutent sur cassette un match en analysant les changements de rythmes des pics et des pocs. Parti d’une idée du dessinateur Fabien Bedouel, le scénariste Pat Perna a su multiplier les blagues et les dialogues bien sentis.

Valhall Hotel

Le cinéphile se sentira dans un monde connu en étant plongé dans une comédie des frères Coen sur certaines pages, et un film d’action pour Tarantino pour d’autres passages. Le dessinateur Fabien Bedouel intègre dans son style réaliste des trognes dignes des acteurs de seconds rôles dont on ne connaît jamais le nom, mais dont on reconnaît en un instant le visage. Mais son talent s’affirme aussi dans les décors certes simples mais toujours évocateurs et bien cadrés par de très jolies lignes épurées, décor. On peut enfin souligner un très beau jeu sur les onomatopées et ses très belles couleurs vives.

La politique n’est jamais loin

Valhalla Hotel n’est pas seulement une longue blague mais il intègre un message contre le fondamentalisme religieux sans en faire un pamphlet pénible. Le message passe aussi sans les dialogues –une croix immense est au milieu de la petite ville et, dans un coin de case, un panneau publicitaire évangéliste est déchiré laissant apparaître en-dessous une publicité pour un salon de vente d’armes. Pat Perna présente aussi des figures féminines fortes – une garagiste et surtout l’adjointe Maloney qui semble être la seule de la ville à avoir du bon sens en rappelant à un collègue que la loi ne permet pas d’arrêter sans un motif valable.

Ce premier tome de Valhalla Hotel est un début hilarant de série b en mélangeant tous les genres. Les dialogues bien sentis, les personnages hauts en couleurs et un dessin simple mais efficace font monter le récit à une qualité bien supérieure et un cliffhanger annonce une grande série. Vivement la suite !

Si vous aimez les visions folles du monde, nous conseillons également l’adaptation de Watch Dogs Legion chroniqué sur ce lien ou La fuite du cerveau ici.