Comme l’univers, la saga Star Wars est en perpétuelle expansion comme le prouve la création de la Haute République. En effet, Lucasfilm a inventé une nouvelle période que l’éditeur Huginn & Muninn propose de découvrir par un nouveau volume de Tout l’art de Star Wars.
Entrez dans le premier âge de la force

Comme l’écrit en avant-propos la présidente de Lucasfilm Kathleen Kennedy, la Haute République marque une nouveauté dans l’univers de Star Wars. Ce projet vise en effet à proposer une nouvelle chronologie de la saga en remontant aux origines. Nous sommes propulsés deux cents ans avant la prélogie : la Haute République se déroule à l’apogée de l’Ordre Jedi et prouve que la perception des chevaliers est très différente selon dans la trilogie. Dans la prélogie, ils paraissaient arrogants ne voyant pas la montée des Siths tandis que, dans la suite, ils étaient une force clandestine. La Haute république les place au centre du peuple. Les chevaliers forment une police spatiale assurant la paix sur l’ensemble de la galaxie. La République est stable et de prospère grâce cette protection. Cette puissance n’apparaissait qu’en filigrane dans les films. Pourtant, une menace surgit aux confins de la Bordure extérieure qui nécessitera l’intervention de l’ensemble des Chevaliers Jedi, des Maîtres et de leurs Padawans.
La Haute République est également une entreprise transmédiatique car le récit global est raconté à la fois par des bandes dessinées, des œuvres pour la jeunesse et des romans. On peut le comprendre dans ce livre très complet de Krisitin Baver qui s’ouvre par la liste des équipes avec leur poste. Le fan de comics reconnaît des artistes comme le scénariste Charles Soule ou les dessinateurs Phil Noto, David Lopez et Rachael Stott. Phil Noto commente d’ailleurs certains de ses dessins.
Le premier chapitre raconte la genèse du projet lors d’un séminaire de créatifs. Le lecteur peut être surpris par la description des réunions entre artistes ressemblant à des séminaires d’entreprise. Le directeur du service Michael Siglain oriente la réflexion par une liste de films à voir de Casablanca au Parrain. L’arrivée de Iaian McCaig dans le projet est saluée comme un moment déterminant pour développer l’imaginaire visuel. En lisant la description de ces journées, on regrette de ne pas être une petite souris pour assister au surgissement des idées. A défaut, ce dense art book montre les différentes étapes créatives des premières recherches graphiques aux trames des romans. On est passionné par les croquis préparatoires de ce livre d’art d’un monde sans film. Comme dans un musée, chaque image est décrite par un cartel.
Un nouveau pan de l’histoire

Avec la Haute République, les auteurs et les artistes de Lucasfilm ont l’opportunité de créer de nouveaux personnages s’intégrant dans la mythologie Star Wars. En l’absence de films, de personnages ou de récits préexistants, les écrivains peuvent créer dans un plus vaste espace. On trouve de nouvelles planètes, de nouveaux vaisseaux, de nouveaux Jedi avec de nouveaux sabres. La Haute République marque aussi une inversion de rapport des forces : le département littérature devient l’incubateur d’idées pour les films alors qu’avant la littérature n’était qu’une adaptation des films.
Pourtant, on retrouve des éléments de la saga car La Haute République enrichit un univers sans le révolutionner. Le texte en fait parfois trop décrivant ce nouveau chapitre comme une révolution esthétique. La Force demeure une puissance binaire et ambivalente. De nombreux romans racontent un récit d’apprentissage obligeant les héros ou héroïnes à faire un choix entre le bien et le mal. Cependant, le fan peut cependant être perturbé par cette création contredisant d’anciens récits publiés en France chez Delcourt. Tous ces récits sont en effet sortis du canon Star Wars depuis les rachats des droits par Disney. Avec la Haute République, la saga s’invente un nouveau passé effaçant l’ancien.
Si la Haute République reste de la science-fiction, elle est en lien avec le contexte réel. Le grand moment de la saga est perturbé par la pandémie. Au-delà du problème de communication et du bouleversement de l’agenda l’autrice du livre Kristin Baver montre que ce projet a été une lueur d’espoir le faisant sortir mentalement de son espèce confiné. Ce territoire est également plus inclusif. Les nouveaux personnages visent ainsi à illustrer la diversité de l’espèce humaine.
Tout l’art de Star Wars Haute République est le deuxième tome après le Mandalorian et il prouve à nouveau la richesse de cette collection. Le lecteur découvre les nombreuses possibilités de ce nouveau passé de la saga. On est passionné par les promesses mais le fan découvre également un processus créatif. De plus, il voit très discrètement qu’il s’agit du volume un ce qui annonce une suite pour accompagner les prochaine sorties de La Haute République.
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