Les super-héros sont les icones de notre monde actuel mais peut-on vraiment s’y fier pour avancer ? The Blue Flame pose la question en suivant un héros à la santé physique et mentale ébranlée.
Un super-héros au sol et dans l’espace

Le début de The Blue Flame déroute le lecteur. On suit en alternance deux récits deux super-héros partageant le même nom, The Blue Flame, mais dans deux définitions différente. Tout d’abord, on est dans le futur et dans l’espace. Sam Brausan alias The Blue Flame est un explorateur intrépide de l’univers et un policier spatial borné. Il est piégé par des extraterrestres qui le désignent avocat pour l’humanité jugée au tribunal du consensus. En effet, la Terre doit prouver qu’elle peut changer sinon la population sera exterminée.
En tournant la page, on comprend que ce tribunal vient d’un rêve de Sam, habitant de nos jours dans une banlieue de Milwaukee. Pendant son temps libre, ce chauffagiste est un justicier urbain – comme il en existe dans la réalité – au sein de la populaire Brigade nocturne. Pourtant, Sam manque de confiance en lui. Il faut dire que cette partie est bien dangereuse. Durant un salon automobile, un homme masqué tire sur l’équipe. Gravement touché, Sam doit se reconstruire. Progressivement, des liens se font entre les trois récits de The Blue Flame. Ce récit complet peut sembler complexe mais, par l’habileté du scénario de Christopher Cantwell, la lecture est aussi rapide qu’un thriller.
Entre Space opera et justice urbaine
Dès les première pages, The Blue Flame est un hommage aux comics anciens : un texte typique des années 70 présente les origines du héros en jouant sur la typographie. La partie dans l’espace s’inscrit dans le genre du comics d’exploration. Un homme arrive dans un coin reculé de la galaxie et découvre une balise sur une planète inconnue. Le nom old school de ses gadgets amuse : mercurotank, cobaltum…
Au contraire, la partie terrestre inscrit The Blue Flame dans un récit de déconstruction du super-héros. L’ambiance est bien plus sombre : un adolescent fait une tuerie de masse. Après l’attentat, on rentre dans le sordide de la condition de Sam. Sa vie est pénible et il le fait savoir à sa sœur et son beau-frère venus chez lui. Pour oublier sa situation, il se gave d’opiacées tout en se saoulant chaque jour dans un bar. The Blue Flame est en effet un récit plus autobiographique qu’il n’y paraît. Le scénariste Christopher Cantwell reconnaît que son équilibre mental est perturbé par le monde extérieur. On a pu le voir dans Everything.

Un super-christ ?
Ce réalisme est assez éloigné du sens profond de The Blue Flame qui aborde des notions très chrétiennes. Dans l’espace, Sam est avocat pour éviter que la Terre soit condamnée au jugement dernier. Le refus du changement dénoncé par le procureur extraterrestre est justement le problème de Sam sur Terre, incapable de se remettre du coup de feu. La foi permet de résoudre son problème. Sam ne peut s’en sortir seul et trouvera de l’aide dans une association chrétienne. Cette foi est aussi un espoir pour l’humanité par l’amour. Cet amour aide à dépasser les problèmes personnels.
On ne le cesse de répéter mais, à chaque sortie, 404 Graphic se signale par la qualité de ses livres. La couverture est splendide avec une jolie brillance renforcé par une aura argenté. Fait rare, le traducteur est présent sur la couverture. Le fan retrouve les touchantes attentions de l’éditeur. Sous le code-barre, un petit message stimule le lecteur. Le choix du papier est mis en avant dans les premières pages juste après les crédits. En fin de volume, on trouve de très nombreux bonus avec les couvertures régulières et les éditions limitées dont une magnifiques fresque.
The Blue Flame, est une œuvre rare par l’alliance entre la densité du propos et la joie facile de l’aventure. Le lecture suit avec passion les malheurs de Sam tout en réfléchissant. En effet, le scénariste Christopher Cantwell oppose l’ampleur (voire la grandiloquence) du soap et l’aspect quotidien (voire pathétique) du justicier urbain.
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