Vous avez aimé le film sur Netflix sur la sœur de Sherlock Holmes ? Black River propose de poursuivre l’aventure d’Enola Holmes en bd avec l’adaptation de la nouvelle Le jeu dangereux de Mycroft.
Enola Holmes, une nouvelle enquêtrice

La romancière Nancy Springer a renouvelé l’univers de Sherlock Holmes par les sept romans de la série Les enquêtes d’Enola Holmes. Elle y invente une sœur cadette à Sherlock et Mycroft Holmes que l’on retrouve au centre d’un récit complet. Le début du Jeu dangereux de Mycroft brise le quatrième mur. De nuit, dans une rue londonienne, Enola se tient contre un réverbère et nous parle. Elle assiste ensuite à l’enlèvement de son frère Mycroft et décide de mener l’enquête pour le retrouver. Très rapidement, la lycéenne trouve les responsables : un groupe anarchiste secret Alarm voulant empêcher le ministre de l’Intérieur d’enquêter sur eux. Ce n’est que la première étape d’un récit d’action pour sauver Londres du désordre.
Comme dans toute série d’enquête, le lecteur est aux côtés d’Enola Holmes. Pour retrouver son frère, elle visite d’autres milieux sociaux. Elle interroge des personnages hauts en couleur et glane des informations malgré des paroles parfois à double sens. Ces recherches la conduisent à mener des actes périlleux. Cette enquête se déroule également dans la forme du livre. Les titres des chapitres sont en code dont la clé se trouve à la fin.
Au-delà de l’action, Enola Holmes révèle aussi une période. Le lecteur voit la montée de l’anarchisme dans l’Europe du début du XXe siècle et le mouvement des suffragettes. En raison de ses actions politiques, la mère d’Enola a dû se placer en clandestinité. Des pages montrent de nouveaux moyens de transport comme une bicyclette. Le dessin de Giorgia Sposito embellit les rues de Londres mais on devine la misère prolétaire en particulier des enfants. En effet, le style de la dessinatrice réussit très bien à rendre cette période. Les nombreux déguisements sont l’occasion de prouver son talent et ses recherches. On peut également admirer les visages reproduisant les figures des acteurs. Cette précision se retrouve dans les couleurs douces et réalistes d’Enrica Eren Angiolini.
Holmes et Me too

Enola veut trouver Mycroft bien qu’il la prive de liberté en lui imposant une éducation stricte. La série devient alors féministe. Pour enquêter, Enola est déguisée en homme. Son tuteur conservateur, Mycroft, veut qu’elle se conforme aux règles de genre. Elle refuse et sort de tous les cadres. Cependant, se sentant inférieure à Sherlock, elle subit les modèles masculins dominants. Enola choque son frère par sa liberté. Elle surprend son amoureux par son courage. En effet, la téméraire jeune femme lutte contre des terroristes et enquête seule. Son amoureux veut l’aider. Pourtant, elle maîtrise les arts martiaux et sait utiliser son genre. Elle a accès à des personnes qui ne répondraient pas à la police. A l’opposé, certains hommes à l’esprit étroits montrent leur misogynie. L’inspecteur Lestrade ne connaît pas le prénom de sa secrétaire. Voulant respecter cette thématique, l’éditeur américain a choisi une équipe 100% féminine. En effet, en dehors de l’autrice Nancy Springer, l’adaptation du scénario est de Mickey George, les dessins sont de Giorgia Sposito et les couleurs d’Enrica Angiolini. L’éditeur Black River poursuit la logique en choisissant une traductrice, Chloé Bardan.
Plus globalement, Enola Holmes décrit également une famille étrange, les Holmes. Sherlock attire la lumière par les échos médiatiques de ses enquêtes. Il est reçu par la reine Victoria lors d’un dîner. Génie de la déduction, il est au quotidien hors normes. En comparaison Mycroft a choisi l’ombre de la haute administration où il travaille dans l’espionnage. Il connaît tout le monde mais n’attire pas la popularité. Il veut être totalement dans le norme. Adolescente en quête d’identité, Enola cherche sa voie entre les deux. Le quotidien l’ennuie. Sa chambre n’est pas rangée et elle rentre trop tard. Pourtant, les Holmes ont des points communs. Ils sont indépendants mais également secrets et arrivent difficilement à transmettre leurs sentiments.
Même si la lecture de cette première nouvelle d’Enola Holmes est très rapide, le lecteur ne s’ennuie jamais. Les rebondissements nombreux sont réussis ainsi que la caractérisation du personnage principal.
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