Seven Sons ou la recherche du messie

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Une couverture de Seven Sons
Les messies de Seven Sons

Réjouissez-vous le monde va être sauvé par un messie dans Seven Sons. Hélas, il y a sept candidats. Découvrez dans notre chronique de ce titre sorti chez Huginn & Muninn comment le choix va se révéler très surprenant.

Un messie récalcitrant…

Le héros de Seven Sons
Un messie dans la rue dans Seven Sons

En 1998, le monde est en émoi en raison du couronnement de la seconde incarnation du Christ. En effet, le 7 juillet 1977, sept fils identiques sont nés de mères vierges sur les sept continents comme l’avait prévu le prophète Nicolaus. Une grande cérémonie à Las Vegas va révéler qui sera donc le nouveau messie mais tous les croyants ne partagent pas cette joie…

Dès les premières pages de Seven Sons, le religieux côtoie le trivial. Nous sommes à Las Vegas où la cité du péché est devenue un centre de pèlerinage. On vient en masse assister au second avènement désignant le messie entre sept enfants, les Jésis. En parallèle, un éphèbe affamé et portant simplement un pagne blanc se réveille dans une ruelle mais personne ne veut le nourrir. Arrivant dans la grande avenue, la foule le reconnaît comme l’un des Jésis. Pourtant, il n’est pas dans le stade. La suite reconstitue en flashback cette situation surprenante.

Seven Sons suit un double chemin de croix. Dans le présent, Delph, cherche à empêcher l’avènement. Dans le passé, le même Jésis découvre le secret de son origine. De plus, des islamistes, les Gardiens d’Allah, ont déjà assassiné certains sauveurs. Delph est donc poursuivi par l’Église et les islamistes. La tension monte à mesure que le jour de la révélation se rapproche. Seven Sons est aussi le portrait d’un homme élevé comme un dieu qui découvre la vraie vie : la dureté quotidienne, la violence, l’injustice mais aussi une société multiconfessionnelle.

Entre la foi et l’Église

Le grand jour dans Seven Sons
L’avènement dans Seven Sons

Par le personnage de Delph, Seven Sons dénonce les institutions religieuses. L’évangéliste Nikolaus est le plus critiqué : il ment aux fidèles et enferme les messies. D’un côté, l’Église nourrit la masse de pauvres par des dons de nourriture et des billets à l’effigie des prophètes mais, d’un autre côté, les marchands du Temple ont gagné car la religion est un commerce. Les Etats-Unis sont devenus une théocratie où l’Église possède son armée et sa chaîne de télévision. Cependant, les sauveurs font des miracles et Delph est profondément bon. Cet homme peut changer l’institution en rassemblant les exclus.

Seven Sons a également un message géopolitique. La dérive de l’Église des sept donne naissance aux Gardiens d’Allah comme l’islamisme radical afghan a été renforcé par les actions des États-Unis. Le début de Seven Sons pose un univers très dense mais la suite est bien plus creuse. L’évolution est lente et les péripéties ne sont que des tentatives de fuite de Delph. Les dialogues tombent parfois à plat.

Pourtant, Seven Sons se distingue par le talent du dessinateur. Tout est magnifiquement esquissé. Jae Lee s’amuse à inventer des sites religieux futuristes même si le décor est souvent un simple fond numérique. Il n’y aucune ligne droite. La mise en page est très maline. La taille des cases varie de la pleine page au gaufrier dense. Sur la plupart des pages, la mise en page est simple et traditionnelle par des bordures et cases souvent géométriques. Si on sort de ce schéma c’est que le scénario l’exige : la confusion du personnage principal est marquée par des cases complexe formant une mosaïque biscornue.

Seven Sons est un livre étrange. Le scénario dénonce les dangers d’un Église unique dominant l’esprit du peuple. Par le parcours de Delph, le livre devient une ode à la tolérance, au pluralisme des religions. Cependant, comme le montrent des miracles et la bonté d’un homme, la foi est juste et seule l’institution est pourrie. Toutes ces idées passent par le dessin de plus en plus épuré de Jae Lee.