Rentrez dans votre imaginaire préféré avec Mundus

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Vous êtes fan de Dune, du Seigneur des Anneaux, de Stargate… Que diriez-vous de rentrer dans l’histoire ? C’est ce que propose Mundus, la première sortie de 404 graphics.

Égarez-vous dans l’imaginaire collectifL'action de Mundus

Les premières pages de Mundus déroutent volontairement le lecteur. On rentre dans une chambre par un zoom progressif vers la couverture d’un livre. Sans transition, on suit Henry Burnett et Mélanie Matheson rentrant dans un laboratoire. Matheson y découvre une porte vers une autre dimension. Burnett efface les données et Matheson déclenche une bombe électromagnétique pour détruire le matériel.

A nouveau sans transition (le pense-t-on), on arrive quatre heures plus tôt en France : Ben et Matt deux ados se préparent pour les vacances et se font inviter par Anaïs à une fête chez une camarade de lycée. Pendant la soirée, le courant saute. Un rai de lumière apparaît et Ben, Matt et Anaïs franchissent une porte. Propulsés dans un désert, Anaïs reconnaît des éléments d’une trilogie de livres qu’elle vient de finir. Ben tente de rationnaliser alors que Matt attribue toute cela à l’alcool.

Progressivement, ces différents personnages se retrouvent et Mundus propose une confrontation entre ces deux groupes : un duo d’adultes au fait de la situation mais intransigeant et trois adolescents totalement perdus mais ouverts à l’aventure.

Retrouvez le sens du récit

Mundus est un récit labyrinthique, incluant une histoire dans l’histoire comme le film Inception. Chaque chapitre correspond à un voyage dans un univers narratif différent. Mundus devient un livre interactif impliquant le lecteur. En utilisant des figures héroïques bien connus, le livre brise la barrière entre la créature, le créateur et le lecteur. Cependant, le livre pose aussi de nombreuses questions. Quelle est la réalité et où naît la fiction ? Quelle est la responsabilité du lecteur dans cette aventure ? Est-il un spectateur ou un acteur du récit ? Ces différentes problématiques reflètent les passions du scénariste Laurent Queyssi, spécialiste de l’œuvre de Philip K. Dick et d’Alan Moore.

Les multiples voyages dans Mundus sont un challenge pour le dessinateur. Oriol Roig débute par un style brut avec des traits vifs autour des couleurs assez grises. Son encrage très fin renforce la stylisation des personnages. Les scènes d’action sont très lisibles mais explosent la page car le regard du lecteur navigue dans tous les sens. Le dessin donne des indices d’une profondeur supplémentaire car il semblerait que quelqu’un laisse des traces sur les cases…

Mundus se déroule en 1991 et reprend les créations artistiques de l’époque. Chaque traversée d’un portail est aussi un voyage à l’intérieur des personnages qui y retrouvent une lecture ou un jeu adoré. C’est un hommage aux univers de l’enfance des auteurs qui s’expriment à travers les personnages. De plus, par les affiches, les livres mal rangés et les CD, les chambres des ados sont les reflets de la personnalité de chacun : une affiche de Dirty Dancing dans une chambre de fille, REM et Danse avec les loups pour un rockeur. Le style de Mundus est aussi hybride. Le récit se fait par chapitre comme un comics tout comme la mise en page avec une grande diversité de structures. Cependant, les dialogues ont la longueur d’une bd.Un moment décisif dans Mundus

Retrouvez la qualité d’édition

Mundus est sorti dans une nouvelle branche de 404 Comics consacrée à des créations francophones mais conserve la qualité de ses ouvrages. On peut le voir dès la superbe couverture avec un graphisme complexe renforcé par différents effets. Le dessin dans la page de titre met en avant les références des auteurs : Hellboy, Invincible, Spider-Man, Akira, Batman, Rick & Morty mais aussi un livre sur l’hyperbole. En fin d’ouvrage, le cahier graphique très complet montre la recherche sur les personnages, les différentes étapes du scénario à la page terminée.

Mundus est un trip déroutant au départ avec des multiples personnages et différents voyages. Cependant, au fil des pages, le lecteur trouve les clés et se passionne pour les multiples thèmes. Mais tout n’est pas donné. On peut espérer que la suite apporte des réponses bien que les dernières pages posent de nouvelles questions.