Rentrez dans la boîte pour découvrir l’envers de zAmazon

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Omniprésent dans le commerce numérique, Amazon sait pourtant rester discret sur les conditions de travail, Lénaïc Vilain est pourtant rentré dans un entrepôt zAmazon et nous livre son reportage Dans la boîte.

Histoire et politique
Dans la boîte édité chez Delcourt est écrit, dessiné et colorisé par Lénaïc Vilain. On y suit le témoignage autobiographique et drôle de son travail de préparateur de commande dans un entrepôt zAmazon. Si comme nous, vous ne connaissez pas cette marque, vous avez sûrement une petite idée de qui il s’agit. On peut d’ailleurs faire deux hypothèses sur ce nom étrange. L’auteur et l’éditeur ont voulu éviter des poursuites du leader du e-commerce mondial ou ils ont aussi voulu s’en moquer. Cela donne le ton de Dans la boîte : dénoncer l’oppression sociale tout en amusant le lecteur.

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Dans la boîte décrit le fonctionnement de l’entreprise. La hiérarchie est taboue mais l’horizontalité domine. Les employés sont les zAmazonien et chacun peut décider de son lieu de travail. Des images très claires montrent le travail de préparateur de commande. Par les emballages, on voit que l’entreprise vend littéralement de tout et souvent de l’inutile. En cas de besoin, les cadres sont là pour les aider. Cet espace est aussi à la pointe de la technologie : un espace de décollage des drones est en construction. Rentrer chez zAmazon c’est également découvrir une nouvelle langue. On ne parle plus d’agence d’intérim mais de partenaire. Chaque titre de chapitre vient d’un slogan de l’entreprise (Work Hard, Have Fun, Make History). Entre « associates », on se tutoie.Les cadres de zAmazon ne manient pas seulement la carotte mais aussi le bâton. Les salariés les plus lents sont affectés aux tâches les plus physiques. Les tensions entre employés sont fortes. Au bout d’un moment ce management agressif devient absurde.

Un témoin peu glorieux
L’auteur ne se donne pas le beau rôle au départ. Chômeur plantant systématiquement tous ses entretiens, il finit sur son canapé avec une bière. Il n’est sauvé que par un appel de son agence d’intérim lui proposant de travailler pour zAmazon. Sans enthousiasme, Lénaïc Vilain commence au bas de l’échelle car comme l’indique le tire, il doit mettre les produits Dans la boîte. Il n’est pas le seul, tous les nouveaux employés veulent juste recharger leurs droits à l’emploi. C’est par ce Candide que le lecteur rentre dans l’intérieur de l’entrepôt. Sans doute échaudé par la mauvaise réputation de l’entreprise, Lénaïc Vilain craint qu’on lui vole sa carte d’identité comme au Qatar. Il faut dire que sous les atours d’un honnêteté, la délation est encouragée. L’employé rêve la nuit des bruits de l’entreprise. La difficulté tient aussi au transport qui épuise Lénaïc. Pour illustrer cette expérience, Lénaïc Vilain adopte un dessin très simple. Les traits visibles rappellent les croquis comme s’ils étaient fait au cours du reportage. Le contexte de Dans la boîte est aussi particulier car le reportage se déroule en plein Covid et le lecteur retrouve le passé récent. Vilain passe l’entretien avec un masque. Le sol est tapissé de marquage pour respecter la distance sanitaire contrôlé par des Safety Angels. Ces agents paraissent agressivement protecteurs.

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Préparez-vous car Dans la boîte est une plongée dans l’envers de la mondialisation. Par l’auteur, on découvre le discours de l’entreprise zAmazon et les règles sanitaires mais aussi la réalité des conditions de travail. L’auteur montre avec justesse comment les difficultés au travail suivent l’employé jusque chez lui et qu’elles l’épuisent.
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