Partez dans l’Invisible Kingdom le plus récompensé aux États-Unis

0
546

Avec Invisible Kingdom, découvrez une galaxie méconnue de l’univers des bd. Hi comics propose ce mois-ci la suite de cette saga de science-fiction féministe et engagée qui a reçu depuis le premier tome de très nombreux prix.

Deux femmes entre fuite et criminalité

Un combat spatial dans Invisible Kingdom

Dans le premier tome, la scénariste G. Willow Wilson nous avait propulsé dans une série de science-fiction mêlant action et complot. La jeune religieuse Vess et la contrebandière Grix avaient découvert une alliance secrète à l’échelle galactique ente la tentaculaire entreprise Lux et la religion dominante, le mystérieux Invisible Kingdom du titre. Vess est la plus touchée par les récents changements. Ayant découvert l’hypocrisie de son institution religieuse, elle est en crise de foi. Alors qu’elle l’avait fui pour vivre une vie religieuse et échapper à son statut de génitrice, elle doit revenir sur sa planète d’origine, un monde hostile humainement pour obtenir du carburant. Grix reste encore naïve. C’est un étranger qui doit lui expliquer que la course au délai à laquelle Lux la soumet est un piège pour l’exploiter davantage.

Menacées de tous côtés, les deux femmes ont été contraintes de fuir avec leur équipage dans une ceinture d’astéroïdes aux milites connues de l’univers. Leur situation empire quand ils rencontrent une bande de pirates qui récupère leur navette. Quand on est soi-même en fuite, des criminels sont-ils une chance de survie ? Le capitaine pirate se présente en effet plus comme un corsaire qui vole pour donner aux plus pauvres et répare les vaisseaux qu’il accoste pour éviter les morts. Vess semble convaincu surtout qu’elle ferait tout pour retrouver son vaisseau mais ne risque-t-elle pas de perdre son âme en pactisant avec eux ?

Une série brillante

Une fresque d'Invisible Kingdom

Dans le deuxième tome d’Invisible Kingdom, on retrouve non seulement la même scénariste mais Christian Ward continue de nous éblouir par son dessin intense et coloré. De nombreux jury ne s’y sont pas trompés car la série a été en France sélectionnée au Festival d’Angoulême cette année et a reçu aux États-Unis en 2020 les prestigieux Eisner Award de la meilleure nouvelle série et du meilleur artiste numérique. Devant la profusion de couleur et la beauté des pleines pages, ce deuxième tome prouve que ces récompenses sont totalement méritées. On pourrait cependant profiter d’un encrage plus présent qui permettrait d’unifier les personnages qu’ils soient en fond de case ou en gros plan.

Malgré les difficultés de l’équipage, le récit reste lumineux par le couple Vess-Grix mais aussi par l’humour. En effet, les tuiles s’abattant sans cesse sur le groupe, l’équipage prend souvent le parti d’en rire par des remarques fatalistes. De plus, l’action est toujours présente par les attaques de piraterie. Sans en faire une pesante morale, Invisible Kingdom est aussi politique. D’une part, aucun personnage n’est terrien ou blanc. D’autre part, le scénario dénonce la collusion du capital et de l’institution religieuse. Des déchets de Lux jonchent l’espace et cette compagnie exploite les planètes avant d’en faire des acheteurs compulsifs de ses produits. Colonisation et colonialisme vont de pair dans le futur. Cependant, G. Willow Wilson dépasse la critique systématique des institutions pour se concentrer sur la complexité des choix individuels.
Invisible Kingdom est une série qui est encore passé sous les radars du grand public français mais ne ratez pas le passage de ce vaisseau spatial en direction de l’inconnu. Il vous suffira de poser les yeux sur les fresques numériques de Christian Ward pour être intriguée avant que le récit de G. Willow Wilson ne vous rende totalement dévots. Rassurez-vous, le troisième et dernier tome de cette fantastique série arrive avant la fin de l’année.

Vous pouvez retrouver la chronique du premier tome sur ce lien ou la nouvelle série Star Wars.