Marshall Bass s’engage dans une nouvelle aventure

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Dans l’Ouest sauvage du western, le policier Afro-Américain revient aux affaires. Dans ce tome neuf, il intègre les Texas Rangers. Pourquoi cet esprit indépendant choisit-il de rejoindre ce groupe violent ?

Marshall Bass, un western réussi

Marshall Bass s’inscrit dans un courant à succès de la bd franco-belge qui ne se dément pas depuis Blueberry : le western. Le scénario du tome neuf, toujours édité, par Delcourt le montre par un double parcours dans l’Ouest. D’une part, Doc Moon se déplace en consultation dans différentes fermes. Elle intervient pour faciliter la fin de vie sans respecter le serment d’Hippocrate. D’autre part, River Bass s’associe avec sept Texas Rangers pour retrouver des Comanches ayant enlevé la fille d’un riche propriétaire. Cette mission rentre totalement dans les fonction de Bass mais les autres policiers respectent moins la loi au point que l’on peut douter de leurs origines et de leurs objectifs. Veulent-ils rendre la justice ou s’enrichir ? A l’opposé, Bass mène l’enquête. Il est bien plus efficace mais peut-être trop. Progressivement, la tension monte avec les Rangers

On retrouve des éléments clés du western dans les thèmes de Marshall Bass. Une scène d’échange de tir lance l’action. La violence est omniprésente dans la série. Dans les tomes précédents, elle a brisé la famille de Bass : sa femme est partie et un de ses enfants est en deuil. Cependant, l’agressivité touche l’ensemble de la société. Cette violence est la règle dans une zone frontalière où cohabitent différentes communautés mais le plus souvent chacune déteste l’autre. Le lecteur comprend à nouveau que ces crimes racistes étaient tristement banals tout comme la violence sexiste : dans le tome huit, une prostituée avait assassiné un client avant de fuir vers le territoire indien. Ce meurtre lance un sentiment de rage par son caractère anormal. Bass est alors souvent appelé pour encadrer les chasses à l’homme. En effet, la violence est avant tout celle des sentiments. Des fils veulent se débarrasser de leur père et les enfants perdent très jeune leur innocence.

L'humour et le sang dans Marshall Bass
L’humour et le sang dans Marshall Bass

Un western sur les exclus

Pourtant, Marshall Bass se distingue de la production courante tout d’abord par le talent du dessinateur Igor Kordey. Il sublime les paysages et les nombreuses cases muettes créent une tension comme lors d’une attaque surprise se concluant par une belle double-page. Avec le nouveau coloriste Nikola Viktović, il fait également des choix audacieux. Le contraste entre un noir très présent et des couleurs vives marque le lecteur.

Marshall Bass présente au lecteur une vision neuve de cette époque en se concentrant sur la communauté Afro-Américaine. Longtemps invisible dans les films, le scénariste Darko Macan montre de face le racisme systémique du western. Bien qu’il soit agent de l’ordre, on a pu voir dans le tome précédent les conflits de River Bass avec un shérif. Ce thème revient souvent. Dans ce nouveau récit, un Blanc est prêt à mourir plutôt que de se faire arrêter par un Noir. Cette lourdeur du propos n’empêche pas l’humour. Les tirs d’un vieil homme devraient inquiéter mais ses multiples ratés nous font sourire. La présence de Doc Moon montre que Marshall Bass devient une série connectée. En effet, d’anciens personnages reviennent de plus en plus souvent.

Publiée au rythme de deux albums par an, Marshall Bass maintient une qualité constante comme le prouve Texas Rangers. Cette nouvelle aventure intrigue d’ailleurs en proposant deux récits parallèles qui ne se rejoignent pas… ou plutôt pas encore. En effet, ce tome ne se conclura qu’avec le suivant à paraître en septembre.

Retrouvez sur le site des textes vers le premier tome de la série et vers Colt & Pepper des mêmes artistes.