Musique et littérature : deux arts complémentaires?

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À l’occasion de la semaine de la musique, JustFocus vous propose un mini-dossier qui établit le lien direct entre musique et littérature. Attention, futures découvertes à venir !

 

À l’instar de Gaël Faye, rappeur chouchou des jurys littéraires cette année, d’autres artistes / MC/ chanteurs / hardrockeurs ont tenté l’aventure littéraire. Petit condensé de ceux qui troquent le micro pour la plume.

 

Pour les amateurs de jazz

Comment dissocier le jazz de la Beat Generation ? Il s’agit pourtant bel et bien d’un mouvement littéraire, né dans les années 50 aux Etats-Unis. Les principaux romans illustrant la Beat Generation sont le poème Howl, d’Allen Ginsberg, le roman Sur la route de Jack Kerouac, et le roman Le Festin nu, de William S. Burroughs. Les auteurs mettent en lumière une récente technique d’écriture dite « spontanée » correspondant aux improvisations endiablées du jazz.

Côté hexagone, celui qui incarne le mieux la relation entre le jazz et la littérature reste Boris Vian. En dehors de ses talents d’écrivain, Vian était également poète, parolier, mais aussi ingénieur, inventeur et musicien de jazz puisque trompettiste. Il publie sous son nom ainsi que sous plusieurs pseudonymes dont Vernon Sullivan et Bison Ravi (anagramme de son nom). Ses poèmes ont été mis en musique et interprétés par Henri Salvador, Serge Reggiani ou encore Gainsbourg :

 

 

Gainsbourg était d’ailleurs l’incarnation du poète maudit.

 

Si vous êtes plutôt rock’n roll

D’ailleurs, si vous avez l’âme d’un rockeur, sachez que Leonard Cohen a publié pas moins de deux romans et neuf recueils de poésie. Beautiful losers, (traduit en français par Les perdants magnifiques), son oeuvre littéraire la plus reconnue, est un cri de désespoir, mais aussi de révolte et de lutte. Iggy Pop a lui aussi publié une autobiographie, I need more à son image, fragmentée, morcelée.
Dans Just kids, Patti Smith retrace la vie de bohème et le New York de sa jeunesse, le Chelsea Hotel, où elle fréquentait un garçon nommé Robert Mapplethorpe. Just kids est le plus sincère de ses livres (si vous êtes fan absolu, sachez qu’elle en a publié 11 en tout, dont Glaneurs de rêves). Dans la même veine, les Chroniques de Bob Dylan prouvent qu’il n’est pas seulement un immense musicien et compositeur, mais qu’il se révèle également un très bon écrivain, grand amateur de littérature (puisqu’il cite Rimbaud, Kerouac… etc). Comme ses chansons, son écriture est simple, sans artifices, et belle.

Le plus récent en date, Bruce Springsteen a publié le 27 septembre dernier aux éditions Albin Michel son autobiographie, intitulée comme une de ses chansons les plus connues, Born to Run.

En France, Mathias Malzieu, chanteur du groupe Dionysos a publié 6 recueils dont La Mécanique du cœur, où les personnages évoluent dans un univers proche de celui de Tim Burton. Son dernier ouvrage, Journal d’un vampire en pyjama, publié cette année chez Albin Michel, raconte son combat contre la maladie.

 

 

Pour ceux qui préfèrent les grosses punchlines

Et le rap dans tout ça ? Roland Barthes définit l’écriture comme un processus de continuité qui nait de la convergence entre la langue et le style. On sait qu’à l’origine de chaque grande chanson, il y a également une écriture. Le rap n’est pas indissociable de la littérature, au contraire. En 1990, Suprême NTM pose les bases de son flow dans le titre « Je rap » :

« Je rap, phase, façonne la phrase
caressant, domptant, sculptant les mots
je maîtrise, que dis-je, j’excelle !
je contrôle ce domaine à un point tel
que les mots, les phrases, les sons, les rimes
semblent être les victimes
de mon toucher, de ma pensée
de mes idées
de mon parler phrasé. »

Le troisième album d’Ab Al Malik, sorti en novembre 2008 s’intitule Dante et reçoit la Victoire de la musique de l’album « musique urbaine ». Une de ses chansons fait d’ailleurs référence à l’auteur Aimé Césaire. Il a publié en tout 5 ouvrages, qui ont tous un fond politique très marqué.

Les références à la littérature sont nombreuses dans le rap. Oxmo Puccino, surnommé le Black Jack Brel, publiait deux recueils de sa verve: le premier Mines de cristal, le second 140 piles, un savant mélange de punchlines et citations philosophiques publiées sur Twitter.

Nekfeu cite souvent les œuvres et les auteurs qui l’ont marqué : Kundera, dans Risibles amours, Maupassant, dans Le Horla… Ou encore la chanson en hommage au roman Martin Eden, de Jack London :

Et pour la petite anecdote, Snoop Dogg, la star de la West Coast, a publié en 2012 Rolling Words, un livre exclusivement constitué… de feuilles à rouler ! Ses feuilles détachables contenaient également les paroles de ses chansons, et le dos du livre était constitué d’un grattoir à allumettes… Prix de l’originalité pour Snoop !

 

 

 

Si vous avez des références tout aussi étonnantes, n’hésitez pas à nous en faire part en commentaires, nous nous ferons un plaisir d’enrichir cet article !