Jour J, tome 48, Le Chevalier noir de Camelot : un nouvel espoir

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couverture jour j tome 48

Pour son 48ème volume, la série Jour J innove. Pour la première fois en effet,  Jean Pierre Pécau se retrouve, seul, aux commandes du scénario, sans son habituel compère Fred Duval. Il nous plonge donc dans une période qui a déjà fait le bonheur des lecteurs (lire Apocalypse sur le Texas, Qui a tué le président ? ), les années 1960 aux Etats Unis. Servi par les excellents dessins de Denys, cet opus inaugure avec brio un diptyque fascinant sur l’Amérique trouble des années Kennedy.

L’autre frère

La  série Jour J propose des uchronies construites sur des hypothèses, des faits historiques crédibles. Dans ce volume, Jean Pierre Pécau nous emmène en 1968. Dans l’histoire que nous connaissons, Robert Kennedy, frère du président du même nom assassiné à Dallas en 1963, fut à son tour victime d’un tueur alors qu’il était en pleine campagne électorale.  C’est Nixon qui devint président entraînant les E.U.A dans la spirale du Vietnam avant de provoquer un séisme politique à la suite du scandale du Watergate.

Mais dans cette autre histoire, un jeune cuisinier afro-américain, Franck Lincoln, intervient de justesse pour déjouer l’assassinat. Robert Kennedy lui propose alors d’intégrer son équipe de sécurité. Un travail loin de tout repos car le candidat démocrate est dans la ligne de mire des anti-castristes, de la mafia voire du F.B.I. Son nouveau garde du corps va devoir louvoyer entre d’anciens et de nouveaux amis pour protéger sa cible et en apprendre plus sur l’attentat de Dallas.

Jour J tome 48

Le Chevalier noir de Camelot : once upon a time in America

La série Jour J a très vite su fidéliser ses lecteurs grâce à la qualité de son immersion. En effet, comme dans toute bonne uchronie, l’histoire s’appuie sur une ambiance parfaitement réaliste. Ce tome ne déroge pas à la règle et nous emmène dans une Amérique prête à exploser. Les tensions raciales augmentent, l’affrontement avec l’U.R.S.S reste prégnant, l’espionnite gangrène toutes les sphères des services de police. Et pour couronner le tout, l’assassinat politique ne connaît pas de limites : J.F.K, Martin Luther King en ont été victimes.

A cette ambiance s’ajoute une galerie de personnages historiques très bien intégrés. En premier lieu, le frère de l’ancien président et son programme progressiste en avance sur son temps. Il y a ensuite toutes les figures de l’ombre qui, de près ou de loin ont trempé, dans les affaires louches de cette époque : Hoover, le mafieux Sam Giancana , le syndicaliste Jimmy Hoffa. Entre ces gros poissons règne un climat fait de méfiance, d’entente plus ou moins cordiale sur fond de guerre de territoire. Un seul élément les fédère : empêcher un autre Kennedy de ruiner leur business.

Jour J tome 48

Une histoire de clan

Un précédent album (le 10ème, Le Gang Kennedy) s’était penchée sur la face sombre de cette famille célèbre notamment par son passé mafieux. Ici, Pécau choisit de s’intéresser à la face noble, celle du dernier frère, le redresseur de tort. Tout en racontant son histoire, cet opus revient sur l’Affaire qui déchire encore l’Amérique : l’attentat de Dallas. Le Chevalier noir de Camelot, c’est en réalité une contre-enquête visant à débusquer les vrais auteurs de l’assassinat.

C’est donc une histoire de vengeance de la part de celui qui n’oubliait rien et surtout pas les responsables de la mort de son frère. Le dessin de Denys se prête parfaitement à ce récit d’enquête. Sa mise en page sobre sert à merveille l’ambiance polar. Son dessin offre des intérieurs fouillés, presque rassurants, contrastant avec scènes en extérieur insistant, au contraire, sur le sentiment de surveillance permanente. Les gros plans sur les visages  permettent, en outre, se suivre parfaitement la galerie de personnages qui s’agitent dans une lutte à mort digne du Parrain. Le récit est enfin très dynamique digne des meilleurs films du genre tel le J.F.K d’Oliver Stone.

Jour J tome 48

Nous ne pouvons que vous conseiller ce nouvel opus de la série Jour J qui, volume après volume, ne cesse d’explorer la potentiel de l’uchronie.

Retrouver ici la critique de Tezucomi, un titre remarquable publié par la maison d’édition Delcourt.