Hervé Le Tellier, Les amnésiques n’ont rien vécu d’inoubliable : mille réponses pour savoir à quoi tu penses

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« Dis, à quoi tu penses ? »
Je pense que parfois, un bon livre, c’est celui qui nous fera réfléchir, imaginer et rêver. Qui éveillera en nous la curiosité.

couverture hervé le tellier

Date de parution en France : 2017
éditeur : Le Castor Astral
224 pages

« Dis, à quoi tu penses ? »

C’est par ces mots que s’ouvre le roman expérimental de Hervé Le Tellier : Les Amnésiques n’ont rien vécu d’inoubliable. Étrange et intriguant, il a été publié aux éditions Le Castor Astral en 2017.

S’il peut s’agir ici d’une interrogation anodine, les réponses de Hervé Le Tellier, elles, le sont beaucoup moins. De manière décousue et surprenante, le voilà qui propose exactement mille réflexions possibles.

« Je pense que pour être certain d’être lu et relu, je devrais écrire mes romans sur les paquets de corn-flakes. »

De la plus simple à la plus farfelue, en passant par le constat d’une vérité qui n’avait pas attiré notre attention. Ainsi, au fil des pages, le lecteur curieux aura tout le loisir de découvrir les pensées qui traversent l’esprit de l’auteur. 

Auteur de romans, nouvelles, poésies, théâtre, journaliste, Le Tellier montre dans ce texte sa maîtrise de l’humour et de l’ironie.

Et ça se lit si facilement, si rapidement, qu’on a presque envie que les pensées se poursuivent sur encore des centaines de pages… pour toujours en avoir sous la dent.

« Je pense que j’aimerais bien être ventriloque pour faire parler les statues des saints dans les églises. »

Entre fiction et autobiographie déguisée, ce livre interroge et surprend par son cynisme. Aucun sujet principal, aucun fil conducteur hormis peut-être cette question, « À quoi tu penses ? ». L’auteur passe ainsi de la condition animale aux petits tracas du quotidien… de la sexualité à la religion. Il parle de sa vie, celle de ses voisins, de ses collègues ou des personnages de fiction. Au fil de la lecture, on ressent dans ses lignes de l’empathie et de la curiosité, jusqu’à ce que l’on se lance nous-mêmes dans la rédaction de nos pensées futiles.

« Je pense que je suis tellement lâche que je n’ai pas le courage de l’être complètement. »

Rien à redire : Les Amnésiques n’ont rien vécu d’inoubliable est un digne représentant du courant de l’Oulipo. Singulier, unique, c’est un livre qui se relit et qui inspire, aussi.


Le saviez-vous ? Oulipo est l’acronyme de Ouvroir de Littérature Potentielle ! Ce courant littéraire a émergé dans les années 1970 par Raymond Queneau (celui des poèmes) et le mathématicien François Le Lionnais. Leur but : développer l’inventivité et la créativité dans la littérature, en proposant des contraintes dans l’écriture. Ils furent rejoints dans les années 80 par de nombreux gens de lettres comme George Perec, l’auteur de La Disparition, un roman dont la lettre “e” est absente.


Si ce livre vous parle, nous vous invitons à consulter le catalogue des éditions du Castor Astral. Parmi les titres de Hervé Le Tellier, on y retrouve l’absurde Encyclopædia inutilis ou encore Joconde jusqu’à cent, avec ses 100 portraits de la Joconde tous plus intrigants les uns que les autres.