Hawkeye : la chute libre de l’archer de Marvel

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Que ce soit dans les films ou les comics, le super-héros Clint Barton a eu différentes identités au cours de sa carrière comme Hawkeye ou Ronin mais il est resté une personne bourrue et volontaire. Alors qu’une nouvelle série publiée par Panini comics vient de sortir, voulez-vous suivre la flèche indiquant un héros fun et maladroit ?

Hawkeye vs Ronin

Pour se faire discret, Clint Barton était devenu un temps Ronin, un samouraï vengeur dans les New Avengers écrit par Brian Michael Bendis. Il est redevenu Hawkeye mais comment alors expliquer qu’aujourd’hui qu’un homme portant le même costume, massacre des trafiquants de drogue à New York ? Tout s’éclairera dans un très bon retournement de situation au milieu du livre.

Hawkeye en chute libre

Écrit par Matthew Rosenberg et dessiné par Otto Schmidt, Chute libre est une mini-série de six épisodes centrée sur cet archer présent depuis les années 60 dans l’univers Marvel. Pilier des Avengers, son attitude de fanfaron cache un complexe d’infériorité car, en dehors de ses talents au tir à l’arc, il est un simple humain au milieu des surhommes. En solo, il se retrouve plongé dans une aventure contre la pègre car Ronin s’attaque au gang d’Hood. Cependant, il se retrouve rarement seul. Après que Ronin ait tué six agents du SHIELD, le Faucon avec le Soldat de l’hiver puis Cage viennent l’accuser. Ses anciens collègues ne lui font plus confiance – sans que l’on sache bien pourquoi Clint aurait trahi leur confiance. Spider-Man arrive dans le deuxième épisode et Daredevil intervient aussi car les corps ne cessent de s’accumuler autour de Ronin. Cependant, le héros aveugle est lui-même très affaibli comme le montre son excellente série récente que l’on vous conseille. Hawkeye intègre même un groupe de justiciers urbains partis à la chasse de Ronin. Cependant, l’intervention de ces héros, comme des guest-stars dans une série télé, coupent le rythme et amènent à se poser une question : Hawkeye est-il un héros si mineur qu’il ait besoin d’un personnage plus puissant à chaque épisode ?

Crime vs humour

Loin d’être un chef inquiétant, Hood est ici présenté comme un caïd prétentieux et idiot. Il tue des concurrents dans le crime mais avant qu’ils n’aient pu donner une information utile. Ces exécutions précoces deviennent même un running gag. Cette situation est encore plus rocambolesque car l’adversaire de ce méchant mineur, Hawkeye, ne prend rien au sérieux même dans les situations les plus périlleuses. Mais l’avantage de ce caractère est qu’il est donc aussi d’une désarmante – le comble pour un archer – honnêteté. Le lecteur reconnaît le mélange de super-héros et d’humour de ce récit à la Deadpool car le scénariste, Matthew Rosenberg, nous gratifie de quelques blagues bien senties. La plupart des personnages bons ou mauvais paraissent très idiots. Clint se moque de l’âge d’Iron Man. Le scénariste place aussi un élément politique car Luke Cage critique des justiciers : « on n’est plus sous Reagan, la guerre contre la drogue demande des compromissions ». Il se moque aussi d’une ancienne tenue de Clint. Spider-Man se moque du sabre de Ronin qui fait tellement années 2000. Le dessin d’Otto Schmidt est très efficace. Ses visages très expressifs rendent bien les touches d’humour et la mise en scène permet de suivre facilement l’action. Mais il est aussi quelconque. On est pleinement dans le style du comics d’humour par les couleurs vives, le paysage réduit au minimum et les formes géométriques.

Hawkeye vs Hood

Héros du quotidien

Cet humour est possible car Clint n’est pas un dieu plongé dans des menaces cosmiques mais un homme assez banal dont la vie est très compliquée. Il est en relation amoureuse avec la doctoresse Linda Carter. Sa vie privée presque est tout aussi présente que sa vie professionnelle mais les deux pans de sa vie se mélangent sans arrêt tant spatialement que dans ses relations. N’arrivant jamais à déconnecter, Clint a l’impression d’être un raté. L’introduction retrace très bien la psychologie du personnage et rend hommage à la série précédente de l’archer par Matt Fraction et David Aja. L’humour disparaît à la fin car le héros se compromet de plus en plus. En effet, le récit est un peu plus profond quand on retrouve aussi le thème du run de Matt Fraction : comment un héros peut-il aider localement, dans son quartier ? Cette idée est contemporaine de la faillite des idéologies : puisqu’il n’est plus envisageable de changer les choses au niveau national, que peut-on faire pour aider ses voisins ? Clint a décidé de s’attaquer au trafic de drogue dans son quartier. S’il ne peut empêcher le trafic dans tout le pays, il tente à la fois de le stopper localement et d’aider les drogués à décrochés. Les deux visages de Clint correspondent à ces deux facettes de la lutte. Quand Clint va au tribunal pour voir le jugement de Hood c’est aussi un moyen pour le scénariste de dénoncer la justice américaine qui punit les pauvres et protège les riches. Otto Schmidt tente également les mêmes blagues visuelles que David Aja : un masque d’Hawkeye apparaît dans les cases pour cacher le derrière ou le devant de Clint.

Hawkeye : chute libre est un mélange d’action et d’humour. Ce récit complet en un tome est certes sans prétention mais il est très souvent drôle et procure un bon moment de lecture. Un néophyte découvrira avec ce récit de Matthew Rosenberg un personnage attachant alors que le passionné verra les allusions nombreuses au marquant run de Matt Fraction. Une bonne introduction avant l’arrivée de la série sur Disney+ en fin d’année !