Elfes : La Mission des Elfes Bleus (T6) – Critique

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Scénario – J.L. Istin
Dessin – Duarte
Couleurs – Saito

Éditions : Soleil
Série : Elfes
Collection : heroic fantasy

Elfes La Mission des Elfes Couverture


« Alors que les jours s’amenuisent et que les nuits s’allongent, quelque chose dont le régent d’Aspen ignore la nature s’est éveillé. Lentement, il se distille dans l’air comme une sensation qui refroidit et raidit l’échine des plus braves. On tue les hommes.
On retrouve leurs cadavres aux lueurs de l’aube. Étrangement, ce sont les plus solides guerriers qui trépassent en premier. Puis leurs cadavres disparaissent… Les gens d’Aspen ont peur. Le régent implore l’aide d’Aamnon, le roi des Elfes Bleus du Nord qui répond à sa requête. Une mission est envoyée dans le Nodrënn, une enquête menée par Lanawyn et Turin… »


L’épopée de Lanawyn

C’est avec une joie non dissimulée que le lecteur retrouve la civilisation des Elfes Bleus dans La Mission des Elfes Bleus, première culture qu’il a pu découvrir dans le Tome 1 Les Elfes Bleus. A la tête d’une équipe digne de celle de la communauté de l’Anneau (elfes bleus, humain, ork), Lanawyn se lance dans un périple teinté de mystère ! Mais ce voyage vers les ténèbres est avant tout celui de l’elfe bleu qui apprend à se connaitre. C’est par le biais de rêves fascinants et intrigants que Lanawyn communique avec son pouvoir, cette partie d’elle encore cachée. Et c’est justement ce pouvoir qui va la rendre à la fois efficace et en proie à la peur d’attiser les convoitises. Peur qui sera d’ailleurs confirmée et qui prouve que les Elfes sont comme les humains, soumis à des passions et des sentiments. C’est toute la force de la série de Soleil, c’est qu’elle sait montrer l’universalité des émotions, et ce en dépit des races, des cultures, des croyances et de la nature même d’un être pensant.

Le dessin au service de l’horreur

A mesure que l’expédition enquête et explore les lieux du drame, les dessins deviennent plus angoissants et effrayants. Applaudissons d’ailleurs la qualité des dessins, la densité des couleurs et la richesse des détails. Tout est soigné et illustre sombrement l’atmosphère malsaine. Les effusions de sang n’épargnent ni le lecteur ni les personnages, l’un et l’autre subissent la violence qui règne en maitre dans Aspen. Et cette brutalité connait son apothéose avec la mort de plusieurs héros. Comme dans tous les opus de la série Elfes, aucun personnage n’est réellement épargné et la fin, typique de la série, débouche sur une tension dramatique intense. Les survivants savent que le mal auquel ils sont confrontés n’en est qu’à ses prémices. Pour la première fois depuis le début de la série, le lecteur sait qu’il va suivre un conflit interracial. Une bataille fratricide qui laissera des traces indélébiles dans l’histoire de toutes les races Elfes. Plus encore, la fin du Tome 6 lie à jamais les différentes espèces qui cohabitent dans ce monde. Jusqu’à présent, les récits des différents Elfes s’entrecroisaient. Maintenant, ils vont se rencontrer, se percuter. Le scénario dans ce tome part sur des bases classiques. Il est similaire à celui d’un survival horror et pourtant… Celui qui manipule dans l’ombre n’est pas celui que l’on croit. J.L Istin s’amuse avec le lecteur, l’orientant sur une piste qui paraît assez évidente et qui sera pourtant contredite avec la révélation sur le « sanctuaire ». Dès cet instant, les enjeux et les conséquences sont bouleversés. Le lecteur appréciera aussi la justesse des dialogues et plus encore de pouvoir suivre les pensées de Lanawyn, des pensées souvent critiques où se mêlent doutes et détermination.

S’il fallait choisir un tome qui répond bien à la devise « 5 peuples, un univers » ce serait sans doute le tome 6, La Mission des Elfes Bleus. Avec Lanawyn et le drame d’Aspen, la série les Elfes prend une dimension épique, s’ouvrant sur un funeste destin, celui de la « Guerre qui risquait bien d’embraser les terres d’Arran ».