Dernières fleurs avant la fin du monde : un roman coup de poing sur notre rapport à la biodiversité

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La mort d’un minuscule insecte peut-elle drastiquement changer le cours des choses ? Que se passerait-il si le plus petit échelon de la chaîne alimentaire disparaissait subitement ?

Dernières fleurs avant la fin du monde couverture

  • Auteur : Nicolas Cartelet
  • Date de parution en France : 2020 pour la version poche / 2018 pour la version grand format
  • éditeurs : Le Livre de Poche / Le Peuple de mü pour la version grand format
  • 192 pages
  • prix poche : 7,20€

Dernières fleurs avant la fin du monde, un roman d’anticipation pessimiste

Nous sommes dans un monde dystopique, où l’espoir ne tient qu’à peu de choses. Les vies sont réglées à la minute, les esprits muselés et la liberté… inatteignable.

La cause de tout ceci : la disparition des abeilles. Malgré les avertissements, les conséquences des sociétés techno-scientifiquement avancées ont eu raison de l’équilibre de la planète. Le chaos se prépare, lentement mais sûrement. Nicolas Cartelet construit un monde possible en utilisant les bases de nos sociétés actuelles… poussées à l’extrême.

Et son point de départ – ou peut-être est-ce la fin de tout ? – ce sont les fleurs. Quoi de plus poétique pour débuter un roman que d’annoncer la disparition des insectes pollinisateurs…

« La sirène marquait la fin des cinq heures de travail. Elle hurlait depuis les baraquements, si fort qu’on l’entendait jusqu’au confins des plantations Est. Nous l’attendions, nous avions apprivoisé le temps et les champs, ne pouvant nous fier au soleil qui, depuis bien longtemps, ne se montrait plus chez nous. »

Dernières fleurs avant la fin du monde se place comme un futur pionnier dans la littérature dystopique basée sur les prédictions écologiques.

Des vies effacées par la routine

Albert travaille dans les champs. Lui et son équipe efficace sont chargés de polliniser à la main les cerisiers. Sans eux, pas de fleurs, pas de fruits, pas d’insectes… pas de biodiversité. Mais le travail de pollinisation artificielle n’est pas de tout repos. La routine, la fatigue et le temps commencent à peser sur tout ce qu’il a : son quotidien, son intimité, sa vie de couple, son moral, son sommeil… 

Lui et sa femme Manon vivent depuis des années dans un petit appartement situé dans une agglomération où logent beaucoup d’ouvriers comme eux. Chaque soir, il rentre des champs avec son sac de pommes de terre. L’allumage des feux se fait à 21h pile. Alors, il doit préparer le repas, se réchauffer, profiter d’un court instant de lumière avant l’extinction.
Dix minutes plus tard, tout s’arrête.
Dix minutes, c’est le temps pendant lequel ils disposent de l’électricité. L’intégralité de leur vie est rythmée par la restriction. Les ressources de la Terre sont devenues rares, chères et dispensables. Lentement, alors que sa femme sombre dans la folie, Albert essaie de se raccrocher à ce qu’il peut.
Un jour, persuadé que son comportement de moins en moins exemplaire lui vaudrait une punition, il se voit proposer un poste dans une famille aisée, celle du Duc.

Il va réapprendre à croire en lui grâce à la jeune Apolline, à qui il donne des cours de lecture… entre deux fous rires.

« Car il faut bien dire qu’elle était droit sortie d’un rêve, Apolline, elle était d’une beauté incroyablement pure, jolie, désarmante, comme je n’en avais jamais connu, et balançait sa mauvaise volonté dans l’apprentissage de la lecture par un caractère de rosée et de lumière, léger, léger. »

Un avertissement sur notre monde : la biodiversité se meurt

Dernières fleurs avant la fin du monde raconte un futur dystopique où l’espoir ne tient qu’à un flocon de pollen. Où les hommes remplacent les abeilles, et où tout est réglé à la minute. Il se penche avec justesse et réalisme sur les inquiétudes du 21e siècle concernant la biodiversité et les énergies : jusqu’à quand pourrons-nous profiter de ce que nous offre la planète, avant que tout disparaisse ? 

Dans notre monde ultra-technologique où les machines remplacent les humains et où meurent chaque année des millions d’animaux, il reste de l’espoir.

Nicolas Cartelet est également l’auteur de la trilogie de space opera Néagè (2016), ainsi que de Petit Blanc (2020), publié dans le label Mü.

Un roman court et intense sur l’espoir, qui replace l’humain dans la dynamique de la nature : implacable, vitale, elle mérite qu’on la protège… pour se protéger nous-mêmes.