Découvrez un autre passé dans Une histoire populaire de la France

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Clovis, Louis XIV ou Napoléon sont des figures historiques connues de tous mais que savez-vous sur les Croquants, Pierre de Conninck ou les Communards ? Pour y répondre, le premier tome d’Une histoire populaire de la France vous propose de découvrir en bande dessinée une autre vision de l’hexagone.

D’autres évènements

Gérard Noiriel présente l'histoire populaire de la France

Dans Une histoire populaire de la France, l’historien Gérard Noiriel sortait des figures imposées du passé pour parler du peuple. A la suite du succès de ce livre, les éditions Delcourt font le choix de l’adapter en bd. Comme dans le texte originel, on retrouve le plan chronologique et le choix d’alterner personnages politiques connus – les rois et les reines – mais également des paysans et des ouvriers anonymes, des hommes et des femmes trop longtemps laissés de côté du récit officiel. Noiriel part des stéréotypes les plus connus sur les ancêtres gaulois et conduit le lecteur par la main pour une plongée littérale dans l’histoire de France. Il renverse les idoles du roman national, cette vision figée du passé, pour montrer la réalité historique derrière les représentations. Si le terme de « gaulois » est une création des romains, les celtes ont bien occupé la France mais ils n’ont jamais formé un peuple pur et ils ont connu de nombreuses migrations.

Dans Une histoire populaire de la France, on comprend que le passé n’est pas écrit pas les vainqueurs mais par les dominants. Gérard Noiriel démontre bien la perpétuation de l’exploitation, des serfs du Moyen-Âge aux ouvriers de la révolution industrielle. Cette époque est un temps d’oppression du peuple par les seigneurs sauf lors des révoltes anti fiscales. Le lecteur observe la coordination des privilégiés pour imposer à la masse leur pouvoir. Dans les premiers chapitres, il y a peu d’individus sauf quelques paysans beaux parleurs. L’époque moderne puis contemporaine change les choses avec des révoltés comme Pierre de Conninck et même des voleurs tel Cartouche. La véritable révolution arrive par la religion – les courants protestants – mais le peuple est à nouveau trahi par les élites car l’élite politique et religieuse refuse de partager le pouvoir.

D’autres personnages

César dans l'histoire populaire de la France

Une histoire populaire de la France est un travail collectif avec deux scénaristes, Lisa Lugrin et Clément Xavier. Ils se posent les bonnes questions : comment créer du lien sur une histoire de plus de deux siècles ? Tout part d’une conférence gesticulée de Gérard Noiriel à laquelle assistent un père passionné par l’histoire et sa fille. L’adolescente est, au départ, la moins motivée. Pire, elle retrouve son vieux et barbu prof d’histoire. Mais c’est par la parole de l’historien que le récit trouve un lien et par l’adolescente que le lecteur s’identifie à ce marathon historique. Sur une aussi longue période, l’historien et les scénaristes font des choix. Une grande partie de ce premier tome se concentre sur le Moyen Âge. Une histoire populaire de la France ne forme pas une unique continuité comme le l’Europe à l’Amérique. On y comprend la formation de l’exploitation coloniale puis on voit la nation et le peuple prendre de plus en la parole, avec ou sans intermédiaire, jusqu’à la Révolution française. Cette complexe période devient limpide. On voit les progrès dans tous les domaines, y compris hélas les techniques militaires lors de la guerre de Trente ans.

Lisa Lugrin et Clément Xavier montrent bien la place et les actions des femmes à différentes périodes. Mais une histoire populaire de la France n’est pas un livre plombant. Des éléments ont une résonance très actuelle. Colbert manipule l’identité – de la noblesse – pour renforcer le pouvoir. Telle une publicité, l’image du roi est diffusée sur tous les supports pour renforcer son aura. La lecture est assez dense mais des exemples concrets permettent de saisir les moments importants – comme la naissance des villages – et les dessins aident beaucoup à alléger la lecture. Les scénaristes ajoutent des traits d’humour et le dessinateur Alain Gaston Rémy en rajoute avec ce politicien qui reçoit un buste de Justinien pour l’empêcher de dire des bêtises. Le dessin retranscrit avec justesse les faits. Le récit est toujours lisible par le recours à de grandes cases sans bord. Le lecteur pourra reconnaître, à plusieurs reprises, des images médiévales et des peintures bien connues.

Une histoire populaire de la France propose une vision engagée du passé. Elle est riche d’informations précises. Même le prof d’histoire dans l’assistance apprend beaucoup grâce à Gérard Noiriel. Le peuple rejette toujours le joug quand il devient trop lourd ou visible. Le volume se clôt par une annonce prometteuse de la seconde partie, l’histoire après la Commune.

Si les récits historiques vous passionnent, vous pouvez retrouver des chroniques sur Docteur Radar et sur le 11 septembre dans les comics.