Découvrez Minneapolis, la capitale du funk

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Oubliez la grisaille du quotidien et optez pour le mauve en découvrant la vie d’une musicienne fan de funk et de Prince. Il faudra pour cela ouvrir Minneapolis, la nouvelle sortie pleine de strass et de musique des Humanoïdes associés.

Une ombre princière

Découvrez Minneapolis, la capitale du funk

Theresa est une jeune adulte vivant à Minneapolis aux débuts des années 1980. Depuis l’enfance, elle adore la musique et a décidé d’y faire carrière depuis qu’elle a vu une affiche de Prince, l’enfant prodige de la ville. Elle décide donc de monter son propre groupe de funk, Starchild. Mais dans cette ville blanche et dans ce milieu misogyne, Theresa cumule les handicaps d’être une femme afro-américaine.

Minneapolis est au départ prévu comme un album sur Prince sans Prince. Au début, il n’apparaît que dans un coin de rue sur la couverture de Controversy. Mais on trouve ailleurs une touche de violet à chaque page. Finalement, il apparaît davantage dans la deuxième partie. Il est présenté comme une figure divine. Theresa voit d’abord une icône par l’affiche. Cette star ne parle pas et fait l’offrande d’une chanson à Starchild puis les clés du paradis. Grâce à ses talents de guitariste, Prince fait passer une audition à Theresa. Mais lui offre-t-il le paradis ou juste des miettes de gloire ?

Tout de mauve vêtue

Découvrez Minneapolis, la capitale du funk

Après la fin d’H1, la filiale américaine des Humanoïdes associés a changé son fusil d’épaule. Ils ont mis de côté l’univers partagés et les revues comme Ignited et Omni pour une vision plus européenne. Se concentrer sur des récits complets en un tome. Ces changements correspondent également aux évolutions du marché américain où la vente de revue avec une couverture en dur devient majoritaire. Mais le regard progressiste demeure. En effet, avec Minneapolis, les scénaristes Joe Illidge et Hannibal Tabu font le récit de la progression d’un groupe de funk Starchild. On trouve des étapes incontournables comme la recherche des musiciens et des tensions entre le groupe pour des problèmes d’égo.

Mais, Minneapolis relate surtout le combat d’une femme noire pour se faire une place dans un milieu misogyne. Alors qu’elle joue pour la première fois avec la guitare de son père ce dernier lui démontre bien qu’elle ne pourra jamais en vivre. Tenace, elle s’accroche et cette frustration la pousse à écrire ses chansons. Pour s’opposer au milieu ambiant, elle fait le choix d’un groupe multiethnique, mixte et qu’elle dirigera. On comprend dans l’avant-propos du président de la revue Paste en quoi ce choix est un pari révolutionnaire.

Par Theresa, on découvre l’envers du milieu de la musique. La difficulté de trouver une salle car les gérants ne cherchent que des artistes connus ; opter pour la débrouille en faisant soi-même sa démo ; faire le buzz par tous les moyens… Le dessin très classique de Meredith Laxton illustre cette ascension par un réalisme tout en rondeur. Elle sait, par une double page vous faire pénétrer dans la musique ou une salle de concert ce qui est hautement appréciable en cette période de restrictions sanitaire.

Joe Illidge, Hannibal Tabu et Meredith Laxton proposent avec Minneapolis un guide du business du disque, un milieu bien plus impitoyable qu’une compétition olympique. Un adepte des mangas pourrait y voir un shonen par l’insistance sur le travail. Mais ce livre vous offre aussi un voyage dans le passé du funk, une époque certes révolue mais est-ce si différent dans le rapgame du XXIe siècle ?

Si vous aimez les récits graphiques sur la musique, nous vous conseillons les chroniques sur Les amants d’Hérouville et Peer Gynt dans des genres différents.