Critique X-O Manowar de Bliss, le meilleur comics actuel

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JustFocus continue de vous faire découvrir de cette série trop méconnue. X-O Manowar est publié par Bliss comics. Après notre chronique de l’intégrale et du premier volume de la relance, X-O Manowar se maintient-il au niveau d’excellence du premier tome ?

Une valse harmonieuse de dessinateurs

Matt Kindt que l’on a pu lire sur Eternity et sur le premier volume est en charge de l’intégralité des huit épisodes qui composent ce recueil. Quatre dessinateurs avec des styles très différents se succèdent mais l’ensemble reste cohérent car chaque dessinateur a en charge une partie différente de l’histoire globale. Le style sombre et moderne à la peinture numérique de Clayton Crain renforce le côté épique des batailles avec les vaisseaux fonçant vers les monolithes. Renato Guedes réalise un récit à part sur un groupe de chasseurs de primes qui vient sur Gorin tuer Aric. On suit avec grand plaisir un récit d’évasion au présent et lutte pour la survie au passé. Guedes utilise la peinture à l’aquarelle à la fois très précise et floue. On y sent une influence de la bd de science-fiction des années soixante-dix. Ryan Bodenheim (The Dying & The Dead) reprend l’histoire quand le récit revient sur Gorin. Son sens du mouvement lors des combats rend le récit très dynamique.

X-O dans les étoiles

Un fermier devenu général

Dans le tome précédent, Aric avait fui la Terre pour d’obscures raisons. Débarrassé de son armure, il vivait une vie simple de fermiers sur Gorin mais la guerre sur sa nouvelle planète le poussait à reprendre les armes. Gravissant les échelons, le barbare devenait un élément essentiel de la stratégie de l’empereur pour conquérir la planète. Face aux menaces croissantes, Aric se retrouvait forcé d’utiliser à nouveau l’armure. Dans ce tome, de mystérieux monolithes sont apparus et la guerre reprend.

Une parabole de la politique extérieure américaine

Aric se rêve en héros d’une épopée victorieuse qui imposerait la paix sur toute la planète. Aric refuse de déléguer car il est persuadé que les autres seront corrompus par le pouvoir. Cette vision ressemble fort à la stratégie des États-Unis au Moyen-Orient. Mais, comme dans cette région complexe, ce beau projet est dès le départ voué à l’échec. L’arrivée au pouvoir de notre héros déstabilise l’équilibre précédent et renforce les conflits internes. Kindt arrive très bien à créer différents peuples qui, une fois au pouvoir, ont beaucoup de mal à s’entendre.

Pour réaliser ce noble objectif, il prend de plus en plus de pouvoir mais ainsi doit user de plus en plus l’armure. Par sa puissance, X-O Manowar fait penser à Superman mais à un super-héros qui assumerait son rôle de leader. Sans armure il est plein de cicatrices et manchot. Il ne peut vivre dans son armure et donc l’appelle. Comme un drogué, il est accro mais veut s’en sortir. Pour plus de discrétion, Aric a changé l’armure en bague et il lui parle. On voit le lien avec Golum dans le Seigneur des anneaux.

Une édition de qualité

Un barbare sur une autre planète

A l’image de chaque volume de cet éditeur passionné, les bonus sont nombreux avec l’intégralité des couvertures, le travail de conception des personnages ou de la planète- prison, deux courts textes où Matt Kindt explique ses motivations pour reprendre X-O Manowar, des esquisses de Crain et Bodenheim.

La suite de la série est donc à l’image du premier tome : une des toutes meilleures séries actuelles. Matt Kindt construit un récit fun mais aussi profond. Il crée toute une planète en donnant une image très pessimiste sur la politique. Chaque artiste apporte son style et, loin de perturber le lecteur, cette valse lui permet de découvrir des dessinateurs de grand talent. Désormais revenu sur Terre, Aric semble encore plus désabusé qu’avant. Le lecteur lui est enthousiasmé en attendant la suite en janvier 2019.