[CRITIQUE] Huck – Quand Forrest Gump rencontre Superman

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Fidèle  à lui-même,  Mark Millar revient encore une fois avec une relecture personnelle des plus grands succès de la pop culture. Avec Huck, c’est la fusion entre l’iconoclaste Superman et le « simple d’esprit » Forrest Gump que nous fait vivre le scénariste américain. Une lecture à découvrir chez Panini Comics ! 

Le pompiste Huck mène une vie tranquille. S’il possède de fantastiques pouvoirs, il les utilise discrètement pour faire le bien autour de lui. Mais un jour, ses dons sont révélés et l’homme devient le centre de toutes les attentions. (Contient les épisodes US Huck 1-6)

Héros au grand cœur 

Huck Cover [CRITIQUE] Huck - Quand Forrest Gump rencontre SupermanA la sortie de chaque nouvelle histoire signée Mark Millar il y a toujours une petite appréhension. Le scénariste nous ayant habitué depuis la création de son Millarworld à osciller entre de très bons récits autosuffisants et le scénario de cinéma un peu bancal, mais avec de belles images. Pour le coup, Huck se place entre les deux pôles précités en proposant un héros qui ne demande qu’à vivre sa future vie cinématographique (ce qui n’est pas impossible avec le récent accord entre le Millarworld et Netflix) et le récit intimiste à destination des nostalgiques du golden-age des comics. Car en tant que relecture du mythe du super-héros, Huck est bien loin de ce que Mark Millar nous a habitué avec ses autres séries telles que Kick Ass ou Jupiter Legacy. Huck est un homme de peu de mots vivant tranquillement dans sa campagne américaine, possédant des habilités surhumaines et une incroyable capacité de déduction permettant de retrouver les personnes et les objets perdus. Ne possédant aucune once de méchanceté en lui et malgré un élément perturbateur le propulsant sur le devant de la scène journalistique,  il ne vit que pour aider et faire plaisir autour de lui. Il est la définition exacte du super-héros désintéressé et sans défaut apparent, mis à part la gentillesse évidente dont il fait part. 

En phase avec notre quotidien ? 

De part la simplicité de son personnage principal, le scénariste souhaite mettre en exergue la décadence de la figure super-héroïque et plus largement, celle de notre société moderne en dénonçant aussi bien la modernité de la vision médiatique et social.  Car, qui de nos jours, offrirait quotidiennement de son temps et ce de manière totalement désintéressée afin d’aider les autres ? Mark Millar ne possède aucun mal à créer de l’empathie pour ce personnage qui pourrait être aussi bien vous que moi, en étant enfoui au plus profond de nos vies quotidiennes. Mais si l’exercice fonctionne avec aisance, on pourrait cependant se poser la question dans le sens inverse : y a-il de nos jours encore une place pour un personnage comme Huck ? En voulant mettre en avant la bonté de l’humanité face à des méchants forcément méchants, il manque peut être au personnage cette zone grise qui fait de nous des êtres humains, avec nos défauts et nos erreurs. Au fil du temps, les personnages les plus symboliques tels que Superman et Captain America ont eu leur part de noirceur en les encrant dans notre réel. Un sentiment appuyé par les visuels d’un Rafael Albuquerque très en forme aussi bien dans la tranquillité rurale de ce cher Huck, que dans les visuels sombres inhérents aux méchants avec un grand M. Ce qui dégage un côté un peu rétro, avec des couleurs distinctes en fonction du regard posé sur le spectre émotionnelle de l’Humanité. 

En conclusion, avec Huck, Mark Millar cherche plus que jamais à dénoncer la violence s’étant incrustée dans nos bandes dessinées au fil du temps et à laquelle il a lui-même contribué avec ses récits les plus célèbres. Le résultat est un récit engagé, mais perdu quelque part avec son personnage principal dans un espace-temps ne correspondant pas forcément à notre société actuelle. Il reste intéressant de voir l’auteur évoluer dans ses thèmes et surtout de bien le faire. Car au fond, la force de Huck est justement de nous sortir de quotidien, avec un récit prônant l’indépendance et la joie de vivre.