Assassin’s Creed Valhalla : l’art du préquel

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assassin's creed

L’entrée de la licence Assassin’s Creed à son catalogue a posé à l’éditeur Glénant de nombreuses questions. Comment faire honneur à une licence aussi culte et aussi scrutée ? Comment proposer une expérience livresque capable de rivaliser avec celle du jeu ? Comment construire un récit capable de fédérer autant les connaisseurs que les néophytes ? A toutes ces interrogations, cet Assassin’s Creed Valhalla offre une réponse brillante

Le Viking, le moine et l’assassin

IXème après Jésus-Christ, en Angleterre. Edward, jeune moine copiste est intrigué par de mystérieux manuscrits écrits dont la langue, pourtant inconnue, lui semble déchiffrable. Ses doutes sont confirmés par une attaque de vikings qui au lieu de piller décide d’enlever le jeune garçon. Il en apprend alors plus sur ces parchemins à l’écriture hermétique qui attise de nombreuses convoitises.

Mais il doit interrompre ses recherches quand il apprend qu’Ecbert, le moine qui l’avait pris sous son aile, a disparu. Il décide de partir à sa recherche et, par là même, de percer le secret de ses mystérieux manuscrits. Avec l’aide d’Hytham et de son mentor membre de l’ordre secret « de ceux que l’on ne voit pas, l’homme d’église va comprendre le pouvoir de ces textes.

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Assassin’s Creed Valhalla : une histoire indépendante

La qualité de cet album réside dans son écriture. L’intrigue est facile à suivre et propose une immersion totale dans l’ambiance des invasions vikings et de la lutte entre les Saxons et ces envahisseurs. L’histoire se construit comme une aventure historique qui va introduire un des éléments propres à Assassin’s Creed : l’ésotérisme. Ce glissement se fait intelligemment permettant au récit de conserver toute sa pertinence. Ce n’est pas une fan fiction mais une histoire à part entière utilisant le matériau inventé par les studios Ubisoft.

Cet album propose, en outre, un sous-texte qui dépasse le simple récit d’aventure. En effet, il propose une réflexion sur la croyance, la religion, la manipulation des esprits. Le récit se sert de l’élément fantastique pour s’intéresser à la manipulation, à la force du Verbe et au danger de la Parole confisquée. C’est tout le sens de cette quête de l’artefact des précurseurs : un instrument capable du meilleur comme du pire.

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Ami ou ennemi ?

L’autre grande qualité de ce volume réside dans l’enrichissement apporté à la mythologie originelle. D’une part, il offre un récit loin d’être manichéen. Les ambitions de l’ordre secret posent autant de question que celles du groupe qu’il combat. Leurs méthodes sont plus que contestables et méritent une vraie critique. A prétendre vouloir faire le bien pour les Hommes, ne sont-ils pas eux-aussi des dictateurs en puissance ? C’est tout le sens de la fin ouverte, intelligente.

Cet album offre aux fans du jeu des liens très forts avec le dernier opus en date. En effet, nous en apprenons plus sur Eivor le héros/la héroïne du jeu. Elle est celle qui provoque la chaîne d’événements et nous découvrons son lien fort avec l’ordre secret. Ce qui est très bien fait, c’est que ces éléments vont plaire aux connaisseurs du jeu et ne nuisent en rien à la compréhension du récit par les néophytes. Nous sommes devant un « fan service » intelligemment utilisé.

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 Assassin’s Creed Valhalla : une magnifique composition graphique

Cet album se devait d’inaugurer en grande pompe l’arrivée de cette licence chez Glénat. Cela se ressent par la qualité graphique de cette histoire. Les décors sont magnifiques, recherchés, diversifiés. On apprécie cette représentation d’une Angleterre qui n’a pas encore effacé les traces de romanité et qui s’enfoncent progressivement dans l’ère féodale. Les ruines spectaculaire côtoient les villages simples et les palissades de bois.

Il faut aussi souligner l’excellence des scènes d’action. Le défi était de taille de faire ressentir la gravité, le vertige, l’horizon. Le dessinateur exploite toutes les potentialités des scènes dessinées en plongée. Il multiplie les lignes, les escaliers, les angles, pour souligner l’impression de puissance de celui qui contemple le monde vu du ciel. Il parsème son récit de postures iconiques du jeu qui interviennent à bon escient sans jamais donner l’impression d’être plaquée sur l’histoire.

Un mot résume cet Assassin’s Creed Valhalla : réussite. Là où le cinéma avait piteusement échoué à faire revivre l’univers créé par Ubisoft, la B.D propose un modèle d’adaptation. Le partenariat Glénat-Ubisoft est donc idéalement lancé.