Exposition « Meiji, splendeurs du Japon impérial (1868-1912) » : assistez à la naissance du Japonisme !

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L’année 2018 marque les 150 ans du début de l’ère Meiji au Japon, la période qui va lancer le Japon dans la modernité. Le Musée National des Arts Asiatiques – Guimet commémore, lui aussi, à sa façon, le Japon impérial de Mutsuhito en montrant sa transformation à travers sa production artistique.

 

La création d’une appartenance nationale par les arts ?

La première chose qui frappe dans l’exposition, c’est la diversité des pièces présentées. Il y en a pour tous les goûts : de la très célèbre estampe japonaise à l’écritoire en passant par les brûloirs, broderies, sabres, vases, kimonos et bien d’autres choses encore vous attendent.

L’ère Meiji est une période importante pour le Japon, il s’agit de moderniser le pays, mais surtout de le rendre uniforme. Jusque-là, les Japonais se définissaient davantage par leur appartenance à une province qu’au pays, ce qui explique les très nombreux dialectes existants. Le projet de l’empereur Mutsuhito était de fonder un empire où ses sujets auraient un fort sentiment d’appartenance nationale.

Exposition Meiji estampe polychrome sur papier impératrice Jingu
Estampe issue de la série « Brève histoire illustrée du Japon » (1879).

C’est un moment de modernisation du Japon et d’ouverture au monde, une période de gouvernement éclairé qui tente de rattraper son retard sur les autres pays. Cette révolution touche à tous les domaines de la vie des Japonais, y compris celui de l’art.

Le monde est alors témoin d’une internationalisation de la production artistique japonaise. Cependant, pour permettre à l’art de s’exporter, il faut le créer. Et c’est en 1885 qu’est fondée la première école japonaise des Beaux-Arts, à Tokyo. L’art produit se distingue de l’art occidental et séduit par sa différence, le Japon est alors une unité artistique reconnue dans sa singularité. Et le pays continue de cultiver cette différence en se tournant vers les sources de son passé pour ses images : yôkai, divinités shintoïstes, samouraïs, geisha peuplent alors l’art. C’est un vocabulaire inédit en Europe.

 

Des chefs-d’œuvre d’une période trop peu connue dans les collections européennes

L’exposition a été mise sur pied à partir de pièces issues des collections publiques européennes en France, comme le Musée National des Arts Asiatiques – Guimet, mais aussi le Victoria & Albert Museum ou le British Museum (en Angleterre, vous l’aurez compris !). Ces collections sont très riches, cependant, elles ne sont pas les seules à remplir les présentoirs de l’exposition. En effet, ceux-ci comptent aussi des legs et acquisitions de collectionneurs européens, ou encore des pièces de la collection londonienne privée, Khalili

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Samouraïs en bronze doré vers 1890

Ces provenances démontrent un vrai goût pour l’art japonais en Europe, ici pour des pièces de l’ère Meiji. De vrais chefs-d’œuvre sont rassemblés dans les salles de l’exposition, dont certains accrochent l’œil par leur taille impressionnante ou par leurs composants précieux (or, nacre ou encore ivoire sont des matériaux courants). On retrouve ainsi de grands vases décoratifs de la fin du XIXe siècle,  de magnifiques paravents en bois sculpté, des kimonos finement brodés, des brûloirs en forme de dragon mais aussi de grandes figures de samouraïs dressant des naginata

 

« Les âmes en résonance »

L’ère Meiji marque le basculement d’un système féodal vers un système à l’occidental pour le Japon. Grâce à son ouverture nouvelle sur le monde, il est influencé par de nouvelles traditions et de nouvelles façons de penser. Mais il ne faut pas oublier qu’il devient lui-même une source d’inspiration, le Japon marque l’Occident, autant qu’il est marqué par l’Occident. 

Par les contacts avec l’Occident se créent deux grandes catégories dans l’art japonais : la peinture japonaise (nihonga), et la peinture occidentale (yō-ga), preuve de l’insertion de l’art étranger au sein du pays. Evidemment, la face la plus connue de ces échanges artistiques est le Japonisme, qui touche en premier les artistes et écrivains français avant de s’étendre à tout l’Occident. L’Europe trouve sa nouvelle source d’inspiration au Japon.

Le Japon est invité à démontrer ses progrès techniques et son art dès la toute première Exposition Universelle de 1851, à Londres. Le pays suscite alors un vif intérêt, dû à une certaine adaptation au goût occidental, tout en restant singulier dans ses images et ses objets. Le succès est si grand que les manufactures d’Europe commencent à reproduire l’art japonais… amusez-vous à différencier les objets provenant du Japon de ceux fabriqués en Occident dans la dernière partie de l’exposition !

Van Gogh album estampes japonaises ère Edo ère Meiji Paul Gachet
Album d’estampes japonaises ayant appartenu à Vincent Van Gogh, fabriqué à l’époque Edo

L’événement Japonismes 2018 qui célèbre, lui aussi, la Restauration Meiji et les 160 ans des relations diplomatiques entre la France et le Japon, s’appelle en réalité « Japonismes 2018 : les âmes en résonance » et c’est ce qui, probablement, illustre le mieux l’ère Meiji.

L’exposition propose ainsi de revenir sur l’ère Meiji à travers une multitude d’objets d’art et d’estampes plus fins et précieux les uns que les autres. C’est un régal pour les yeux, mais aussi pour la tête, car on apprend à découvrir une période charnière du Japon.

« Meiji, splendeurs du Japon impérial » nous fait découvrir l’invention nécessaire d’un Japonisme au Japon, ensuite exporté et utilisé en Occident.

 

Informations pratiques

Adresse : Musée National des Arts Asiatiques – Guimet, 6 place d’Iéna 75116 Paris

Ouverture : tous les jours (hors mardis et jours fériés) de 10h à 18h, jusqu’au 14 janvier 2019

Tarif : 11.5€ en plein tarif et 8.5€ en tarif réduit (comprend l’accès à l’exposition Meiji et aux collections permanentes). Gratuit pour les moins de 25 ans ressortissants de l’Union Européenne.

Attention : en cas de forte affluence à l’exposition Meiji, la dernière entrée se fera à 16h30, visitez plutôt l’exposition entre 10h et 14h !