LILIOM de Ferenc Molnár au théâtre de l’Odéon

0
437

de Ferenc Molnár
mis en scène par Jean Bellorini

Théâtre de l’Odéon – Ateliers Berthier – 17e
28 mai – 28 juin 2015


 

Il est de ces critiques que l’on écrit les yeux encore embués de larmes et le cœur encore battant de l’histoire qu’on a vu se dérouler sous nos yeux l’espace d‘une soirée. Liliom est de celle-ci… Alors, vite ! Il reste encore deux semaines pour découvrir cette pièce grandiose jouée aux Ateliers Berthier du Théâtre de l’Odéon ! La mise en scène de Jean Bellorini à la fois inventive et performative, brute et pleine de poésie sert parfaitement l’histoire réalistico-fantastique de l’auteur hongrois Ferenç Molnar, écrite en 1909.

Liliom_rDécor de fête foraine, une grande roue, des auto-tamponneuses, une roulotte, un orchestre live. Brassage de classes sociales, lieu où la griserie est d’autant plus intense et recherchée qu’elle est éphémère. C’est dans ce lieu de rencontres, de liberté illusoire et de débauche aussi, que Liliom, bonimenteur de foire, va séduire, presque malgré lui,  Julie, une bonne à tout faire qui va aller jusqu’à tout quitter pour le suivre dans une vie tissée de pauvreté et de violence : il voudrait caresser, il frappe.

L’arrière plan social de Liliom laisse ici une grande place à l’histoire de ces deux amoureux à qui les mots manquent autant que l’espoir d’une vie meilleure. Ce couple en mal de tendresse est comme enfermé dans une histoire sans réel avenir. Leurs malentendus, leur fierté, leurs frustrations sont d’autant plus touchantes que leurs choix proviennent de la  fougue de leur jeunesse.

Les accents burlesques offrent à la mise en scène une touche de légèreté et une nuance qui donnent encore plus de valeur à la violence et la fatalité de la situation de ce pauvre Liliom. Il se retrouve bringuebalé entre une vie amoureuse impossible et les fracas d’un dandy opportuniste. La souffrance des personnages est traité sans sentimentalité et, comme les personnages eux-mêmes, elle est brute et sans concession.

Nous ne pourrions terminer cette critique sans mentionner le jeu, si fin et juste, des maxresdefaultpersonnages qui gravitent autour de ce couple maudit. Certains  endossant plusieurs rôles, tous apportant un contraste propice,  parfois  sous forme d’un souffle d’espoir, parfois par un biais comique et coloré.

Ainsi, Liliom est  une pièce brute, magique, simple et poignante  comme un vieux conte. Sa modernité théâtrale émerge de la mise en scène foisonnante. Et jusqu’à la fin, on est pendu aux lèvres de ce bonimenteur dont les mots sont, pourtant, si difficiles à sortir de son cœur.

BANDE ANNONCE LILIOM