[critique] Stavanger d’Olivier Sourisse au Studio Hébertot

0
431

Stavanger c’est à la fois un nom qui invite au voyage dans le froid norvégien et une pièce d’Olivier Sourisse à l’affiche du , belle salle adjacente au théâtre Hébertot, dirigée par la comédienne Sylvia Roux que l’on retrouve dans le rôle de Florence Bernstein.

 

Une rencontre à la frontière entre les mondes

Un homme frigorifié et que rien ne semble pouvoir réchauffer est accueilli par une femme qui lui aurait sauvé la vie, après l’avoir trouvé allongé sur les voies. Cette rencontre improbable met en présence deux êtres socialement différents. Elle, avocate semblant naviguer avec assurance dans les eaux de son monde, lui, artiste verrier révolté, fasciné par la transparence et chargé de colère. Le dialogue entre les deux ne va pas sans piques et heurts. Peu à peu leurs histoires se dévoilent.

Thomas Lempire donne du personnage de Simon une interprétation remarquable et très ancrée dans la réalité. Face à Simon, la Florence Bernstein que joue Sylvia Roux contraste par une gravité et une prestance intrigantes. N’y aurait-il pas une autre frontière ? Qui est cette femme aux allures de grande prêtresse dans cet endroit dénué de couleurs avec ce candélabre qui insupporte Simon ?

 

stavangerSecrets de famille : meurtres, inceste, violence et suicides

La violence sous-jacente révèle peu à peu ses racines. Des échos chez chacun, un père incestueux pour elle, un père abusif pour lui. L’absurde mêlé à une poésie tragique esquisse par touches un tableau terrible : un poisson mort, un tas de neige, un matricide, des images qui hantent. Une proximité troublante entre ces deux personnages.

A qui manquerait Simon s’il mettait fin à ces jours ? Cette question se répète, sa petite amie est évoquée. Morte elle aussi. Et pourquoi cette femme s’intéresse-t-elle tant à lui ? Il ne la reconnaît pas et pourtant elle, semble en savoir bien davantage.

 

De psychopompe à Roméo et Juliette

Florence et Simon partagent en réalité bien plus qu’une soirée hors du commun. Elle est son guide, là pour le purifier, et ce faisant elle se purifie elle-même.

Dans une image choc, on réalise que du sang coule sur le visage de Simon. Son geste n’aura pas été arrêté en fin de compte. Dès lors il devient clair que ce sont deux âmes qui conversent, une encore incarnée, une qui est en transition.

La catharsis des aveux achevée, Simon va-t-il trouver la paix ? C’est ce à quoi s’emploie Florence qui décide d’unir son destin à celui de ce frère perdu depuis l’enfance dans des retrouvailles mortelles à l’iconographie shakespearienne. La boucle est bouclée. Y avait-il pour eux une voie de salut ?

L’avis de la rédaction
Il faut indéniablement saluer la scénographie, le jeu, la musique, la mise en scène et pourtant… Si l’idée de départ est séduisante, si certains aspects du texte révèlent une poésie et une maîtrise certaine, le nihilisme et l’absence de lumière du texte posent véritablement la question de son message.

 

Un article rédigé par Marie Céline