The Pianist, le pari audacieux de Thomas Monckton

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Chaplin, Keaton … Travailler autour de l’esprit de figures comme celles-ci sans tomber dans une pâle imitation aux allures de mauvais pastiche n’est pas chose aisée de nos jours tant ils ont éclaboussé leur temps de leur talent. C’est le défi ardu qu’a tenté de relever Thomas Monckton, au théâtre du 13ème art.

Thomas Monckton n’en est pas à son coup d’essai. Metteur en scène, chorégraphe mais aussi et surtout comédien, les spectacles auxquels il touche de près comme de loin se sont jusque là transformés en or (le dejanté « Caterpillars » et le non moins farfelu « Chameleon« , entre autres). C’est donc avec une certaine impatience que j’attendais l’arrivée à Paris du dernier petit protégé de Monckton : The Pianist.

Monckton 2 The Pianist, le pari audacieux de Thomas Monckton

Le principe est aussi simple que le défi est corsé : un musicien, son instrument et l’histoire du chemin qui mène l’un vers l’autre. Le décor sur scène frappe par sa simplicité: un rideau, un piano et … un étonnant lustre tout droit sorti des manoirs du 19ème.

Le cadre étant posé, qu’en est il réellement de The Pianist?

Monckton entre sur scène littéralement membre par membre et pose ainsi immédiatement les bases de son personnage, à la fois maladroit et terriblement touchant. L’effet est très réussi : le comédien place rapidement le spectateur dans une position ambivalente, entre une forme de pitié pour ce pianiste sur le retour et un malin plaisir que l’on prend à voir cet artiste dégingandé se faire du mal.

Monckton maîtrise à cent pour cent l’art de se compliquer la vie, doublé d’une incroyable inventivité qui rend chaque gag unique et foncièrement irrésistible. Les premiers sourires se dessinent très vite sur les visages surpris des spectateurs, impuissants, bien que visiblement désireux d’aider ce pauvre bougre à sortir de son pétrin.

Au milieu de cet impressionnant patchwork de fantaisie, deux éléments renforcent son succès.

En premier lieu, la performance physique. Tout au long du show, Monckton enchaîne les acrobaties toutes plus impressionnantes les unes que les autres, à l’endroit comme à l’envers, qui en plus d’accentuer le burlesque de la situation constituent un formidable clin d’œil à sa formation initiale d’acrobate. Contorsionnisme, voltige, jonglage, mime, Monckton est un condensé polyvalent de l’artiste de cirque contemporain et du théâtre visuel.

Monckton 3 The Pianist, le pari audacieux de Thomas Monckton

C’est ensuite l’interactivité proposée par l’artiste à son public qui marque une plus-value encore trop rare dans le cirque contemporain. A plusieurs reprises, Monckton implique son public, le prend à partie. Il l’inclut en somme dans le spectacle si bien qu’il en devient partie intégrante, pour le plus grand plaisir des plus jeunes certes, mais également des plus âgés.

En résumé, très peu de fausses notes sur une partition pourtant ardue et extrêmement complexe. Monckton relève avec brio le défi qui était le sien et offre pendant plus d’une heure un show rythmé, intéressant, ponctué de quelques touches de poésie ça et là, toujours bien senties et millimétrées. Dans un registre quelque peu différent de celui de Chaplin et Keaton, on ne peut toutefois que constater que Monckton est sur les pas des génies du passé. S’ils étaient encore là, ils auraient sans doute, comme nous, passé un très bon moment devant The Pianist.

The Pianist – Thomas Monckton

A découvrir d’urgence au Théatre Le 13ème Art , du 11 Octobre au 12 Novembre 2017