[Avignon Off 18] Critique du « Cabaret du Poilu », au Théâtre du Cabestan

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La Compagnie Sans Lézard présente au Festival d’Avignon un spectacle musical sur la guerre de 14, Le Cabaret du Poilu. A découvrir au Théâtre du Cabestan.

«  Apprendrons-nous un jour… »

Un décor de cabaret, la belle époque, la vie est belle, insouciante, légère, 6 comédiens, 3 femmes et 3 hommes, musiciens entament la célèbre et frétillante chanson Viens Poupoule. La nouvelle tombe comme un couperet : attentat de Sarajevo, mobilisation générale. Le monde bascule dans l’horreur, les citoyens ordinaires deviennent des soldats et partent pour le front avec en tête un seul mot d’ordre : LA VICTOIRE.

Comment retracer cette sinistre période en chansons ? Il y en a eu tant d’écrites anonymement ou pas, admises ou interdites. Dans les tranchées, dans les boyaux, les soldats chantaient pour garder le moral et continuer à espérer… Les civils aussi chantaient et pour les mêmes raisons.

Des chants patriotes, des chants de douleur, des chants narratifs, des chants de propagande, des chants d’amour, des chants de mort, qui sont autant de commentaires croisés de la vie de chacun des acteurs de cette période de l’histoire.
La compagnie, Chansons en Barre, fait la prouesse d’unir de valeureux morceaux de musique datant de la grande guerre à quelques chansons contemporaines de la même veine.

Dans ce lieu qui n’incite pas à la morosité, Hélène Morguen, Yamina Abdous et Hélène Lailheugue chantent et jouent sur un ton alerte la tristesse, la peur, l’amour, l’espoir, le sort des femmes marraines de guerre, Cocottes, ouvrières dans les usines ou dans les champs. Citons La môme aux poilus, Les tourneuses d’obus,   Dans les tranchées de Lagny, Les marmites, La Madelon, Louise – qui fera verser une larme – sans oublier La chanson de Craonne etc. Quelle merveilleuse idée pacifique que d’interpréter une chanson bilangue allemand / français!

Comme pour narguer le destin dramatique qui se joue à tous les niveaux, les 6 comédiens nous rendent compte des évènements qui ont eu lieu alors. Pas de présentation directe de la chronologie des évènements mais chacun son tour ils se font présentateur ou annonceur de l’actualité. La musique interprétée magistralement par Olivier Le Gall, Romain Lefrançois et Nicolas Fageot et Hélène Lailheugue souligne avec délicatesse et distinction ces mêmes sentiments qui sont si bien rendus par le jeu élégant, facétieux, grave, émouvant, expressif et touchant que Laurence Causse a su si bien mettre en lumière.

Les costumes radieux et élégants contribuent à la bonne humeur et au dynamisme des différents tableaux.
Le spectateur passe du rire à la haine en traversant des moments d’émotion, de douceur, de révolte et de peur. Le spectacle s’ouvre sur un humanitarisme international : « Apprendrons-nous un jour, apprendrons-nous jamais… », espoir tellement actuel de lendemains qui chantent.

Spectacle à voir sans hésitation aucune !

 

INFORMATIONS PRATIQUES : 
Compagnie Sans Lézard
Théâtre du Cabestan
11 rue du Collège de la Croix, Avignon 84000
A 12h05 
Durée : 1h25