A2pas2laporte est le deuxième volet d’un triptyque jeune public produit par Label Brut dont le premier volet était la pièce Mooooooooonstres. Après avoir vaincu les monstres qui attaquent durant la nuit, c’est au monde extérieur que Laurent Fraunié est confronté à la Maison des métallos, à ce monde inconnu qui se cache derrière la porte…
L’appel de l’inconnu
Cette histoire commence dans une chambre d’appartement. Pour seul décor une fenêtre et un coffre. Devant la fenêtre un homme, un enfant, en lequel chacun peut se reconnaître. Il observe le monde extérieur, s’extasie, s’amuse, jusqu’à se rendre compte qu’il a l’air terriblement dangereux. Alors une porte apparaît dans le mur. Tout l’enjeu du spectacle est cette volonté de franchir la porte, contrebalancée par la frayeur que cet inconnu engendre et l’attachement de l’être à ce qui peuple son univers : un chien, ses objets personnels, sa famille.
Un silence plein d’affect
Aucune parole n’est prononcée durant le spectacle, à peine quelques chuchotements parfois. C’est par le mouvement que Laurent Fraunié transmet son message. Clown et mime, seuls quelques gestes lui sont nécessaires pour nous faire vivre ses émotions. Nous aussi, nous nous extasions devant cet extérieur plein de vie, sommes remplis de tendresse devant notre chien qui veut vivre avec nous et nos parents qui veillent sur nous, voulons nous réfugier dans ce coffre lorsque l’inconnu laisse éclater sa violence, avons peur de cette porte qui semble animée d’une vie propre et voulons voir ce qui se cache de l’autre côté. Avec son silence, son humour apaisant, sa gestuelle précise, sa grâce naturelle et l’apport non négligeable de sa petite troupe dans le jeu d’ombres et la symbolique, Laurent Fraunié donne vie à l’enfant que chacun est ou a été.
Un spectacle émouvant
Au-delà de la tendresse et de l’attachement que fait naître la marionnette du chien, c’est bien une nostalgie poignante que déclenche celle du fantôme, symbole de protection, de renoncement et de courage à la fois. Dès les premiers instants du spectacle, avant même que le public ne soit installé, la bande-son laisse défiler des phrases à la fois drôles et puissantes. L’humour se mêle au grave, au sérieux, à l’espoir et à la crainte qui sommeille en tout être. Qui suis-je ? Qui ai-je ou avais-je envie de devenir ? Qu’est-ce qui m’attend ? Quels moyens ai-je en ma possession pour vaincre ma crainte du dehors, des autres, de l’inconnu ? A quoi dois-je renoncer pour vivre mes rêves ? Quels rêves sont illusoires ?
C’est un spectacle merveilleux au message extrêmement touchant qui nous est présenté lors de la Biennale Internationale des Arts de la Marionnette. Loin d’être uniquement destinée aux enfants, cette pièce saura toucher chacun d’entre vous et répondre aux attentes de petits et grands, d’amateurs d’humour ou de tragique.
