Critique « Super Drags » (Netflix) : De l’humour trash à souhait !

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Netflix profite du succès des dessins animés pour adultes ! Après Big Mouth et Paradise Police, c’est au tour de Super Drags de faire son apparition sur le service de vidéos. La série brésilienne déconseillée au moins de 16 ans, raconte l’histoire de trois drag queens qui deviennent des super-héroïnes.

Le dessin animé s’inspire des célèbres Super Nanas, mais il a également beaucoup de références à Sailor Moon. Le tout est appuyé par des blagues salaces et un humour douteux mais hilarant.

Patrick, Ralph et Doni travaillent le jour dans un magasin et ils se transforment la nuit : ils deviennent Lemon Chiffon, Safira Cian, et Scarlet Carmesim pour sauver leur ville Belt Buckle Bay. Supervisés par Champagne, qui ressemble terriblement à Rupaul, ils combattent Lady Elza, la terrible drag queen qui veut s’en prendre à la communauté LGBTQ+ pour leur voler tout leur « glitter » et en faire une force destructrice.

Super Drags

L’héritier de Rupaul’s Drag Race

En plus de l’aspect humoristique, cette série a un véritable impact sociétal et fait écho à Rupaul’s Drag Race. C’est le même réalisateur de la télé-réalité qui s’occupe de la série animée. C’est également des anciennes participantes de la télé-réalité qui ont été choisies pour incarner les voix anglaises des personnages : Lady Eliza est William Belli, Champagne est Trixie Mattel, Scarlet est Shangela Laquifa Wadley et Lemon est Ginger Minj.

Leurs voix rajoutent une plus-value, car elles apportent un ton aiguisé et des répliques particulièrement travaillées.

Super Drags
La série choisit donc des sujets difficiles comme l’acceptation de soi et l’homosexualité, mais aussi l’homophobie avec le terrible personnage du Révérend Sandoval. Ce dernier qui représente la branche ultra-conservatrice, veut enfermer les homosexuels pour les « soigner ».

Ce dessin animé terrasse l’homophobie et fait honneur à la drag culture avec un vocabulaire très spécifique et des codes propres au mouvement : le battle de playback ou encore « throwing shade », qui veut dire critiquer quelqu’un avec des phrases percutantes.

Super Drags

Une série pour les initiés 

Cependant, tous ces codes travaillés sont difficiles à comprendre pour une personne novice. Les répliques fusent et les actions s’enchaînent très rapidement tout au long des épisodes, il est donc difficile de comprendre les références avec une connaissance minime du monde des drag queens. Ainsi, cette série n’est pas pour les non-initiés, mais elle n’est pas non plus pour les enfants.

Même si le dessin animé reprend des codes de programmes enfantins comme Les Super Nanas ou Les Totally Spies, il les détourne pour en faire une parodie drôle. Les super-héroïnes ont même un « gaydard », sorte de médaillon arc-en-ciel qui leur permet de se transformer en drag queen et de rester en contact avec Champagne.

Au niveau visuel, c’est la couleur qui prime avec des épisodes chargés en rebondissements, ce qui les rend très divertissants. La réalisation a joué sur un humour trash et étrange, cela réduit le champ potentiel de spectateurs, car la série n’est pas dédiée à tout le monde.

Super Drags

Un moyen de protester

Cette série est aussi une première car elle a été créée par des Brésiliens dans une atmosphère qui n’est pas propice à l’acceptation de la communauté LGBTQ+. Le dessin animé fait office de protestation dans une ambiance pesante et il donne une visibilité à une communauté mondiale bien au-delà de seulement les Etats-Unis.

La série montre une forme d’anticonformisme en détruisant les codes et se moquant de tout, même d’elle-même. Le fait de créer un dessin animé sur la drag culture donne l’idée que les drag queens font maintenant partie de la pop culture.

Netflix en choisissant de produire cette série, se place là où on ne l’attend pas. Le service devient une véritable plateforme de créativité pour les drag queens. Cette série comme d’autres déjà diffusées sur Netflix, donne une voix à cette minorité et met en lumière les discriminations et injustices dont elles sont victimes. 

 

Bande-Annonce : Super Drags