Après le succès d’American Vandal et du «mockumentary», Netflix continue d’exploiter le documentaire parodique, mais cette fois-ci Outre-mer, en allant jusqu’en Corée du Sud. Le service de vidéos à la demande s’est attaqué au phénomène de la K-pop en proposant un faux documentaire sur la YG Entertainment, la plus connue des agences musicales coréennes. Dans YG Future Strategy Office, on peut suivre Seungri, un des chanteurs du groupe coréen Bigbang. Ils sont considérés comme les Rois de la K-pop, mais les membres ont dû faire une pause dans leur carrière, car la plupart d’entre eux sont partis au service militaire, obligatoire en Corée du Sud.
Seungri est le seul à ne pas avoir encore été appelé et il se retrouve donc relégué au «Future strategy office» de l’agence. C’est le service des losers, où l’on envoie ceux dont on ne sait pas quoi faire. Le but de la série à travers l’expérience du chanteur est de se moquer de tous les clichés de la k-pop et c’est réussi ! Le premier épisode rappelle le scandale sexuel dans lequel a été empêtré Seungri, alors que des photos de lui endormi ont été révélées par une Japonaise avec qui il avait couché. Pour empêcher un nouveau scandale dans le documentaire, il doit porter de faux yeux autocollants quand il dort.
Une critique détournée de la K-pop
Tourné comme un documentaire et parsemé de blagues potaches à souhait, la série brise tous les tabous qui sont nombreux en Corée du Sud. La production ne s’empêche aucun sujet et joue avec l’humour noir : elle attribue tout un épisode à la drogue alors que les employés de l’agence promettent de purifier YG, la référence au scandale de la marijuana est à peine cachée. Le documentaire fait référence à T.O.P, l’un des membres de Bigbang, actuellement en prison pour avoir consommé de la drogue.
Toutes les blagues sont bonnes à faire même lorsqu’elles sont lourdes. C’est là où la YG Entertainment, qui a produit ce documentaire, montre son intelligence : elle réalise un véritable coup de force en se moquant d’elle-même et en prenant à la dérision toutes les critiques qu’on lui fait. Yang Hyun-suk, le président de l’agence, est présenté comme un dictateur qui surveille constamment les employés et qui terrifie Seungri par ses appels téléphoniques surprises.
Ce documentaire représente aussi un moyen de se dédouaner de toutes les plaintes faites à l’encontre de la compagnie : en effet, de nombreux artistes accusent l’agence de les exploiter. Pour répondre à ses détracteurs, la production met en scène ses groupes phares comme Blackpink, Winner ou encore iKON, dans des tâches farfelues comme la construction d’un immeuble.
Seungri dévoile son jeu d’acteur
Le jeu de l’auto dérision rend la série drôle et légère tout en traitant de sujets graves. Il y a donc un double enjeu, mais il est important de se demander si le fait que YG produise cette série ne la discrédite pas. L’agence ne fait-elle pas ce documentaire pour se sortir d’une mauvaise passe à cause des scandales à répétition ? On peut aussi voir ce documentaire comme une façon de se démarquer d’autres agences montantes comme Bighit qui gère le groupe mondialement connu BTS. YG semble depuis plusieurs années à avoir du mal à produire des groupes qui sortent du lot.
Toutefois, on ne peut pas nier la qualité de la réalisation. Pour un résultat plus vrai que nature, la parodie reprend tous les codes d’un vrai documentaire comme les témoignages face caméra. Seungri est le héros qui croit avoir la mission de sauver YG pour avoir les bonnes faveurs du président de l’agence. C’est son incrédulité particulièrement bien interprétée qui rend les blagues percutantes. Le chanteur prouve dans cette série son talent de comédien alors qu’il a prévu de s’enrôler en 2019. En plus de son album solo qui cartonne, ce documentaire parodique lui aura permis d’ajouter une nouvelle corde à son arc avant de partir pour le service militaire pour deux ans.