Critique « The Mist » (Netflix) : sous la brume, le vide

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Du livre de Stephen King au film de Franck Darabont, puis à la série de Christian Torpe. Beaucoup vous diraient que le jeu du téléphone, ça donne pas forcément quelque chose de bien à la fin. Il serait sans doute temps de les écouter.

Nous ne le dirons jamais assez, le label « adapté d’un roman de… » n’emporte pas gage de qualité. Les exemples se succèdent, mais les franchises Tom Clancy et Stephen King gagnent ce combat du marketing haut la main, tant ce label apposé à « leurs créations » -qui n’ont de création que le nom des auteurs originaux-  ne permet que d’entretenir un véritable brouillard quant à la qualité de l’adaptation.

« C’est la moindre des choses d’essayer de montrer à quelqu’un de perdu
dans le brouillard la direction de la lumière. »

 Vincent Ravalec

 

Fear The Mist

Tout semble aller pour le mieux dans la petite bourgade de Bridgetown dans le Maine, équivalent américain de la fantasmagorique ville de Puthiers-sur-Marne. Lorsque tout à coup, un epais brouillard enveloppe la ville, tuant quiconque se trouve pris au piège dans celui-ci. Les habitants, souhaitants naturellement survivre à cette expérience quelque peu traumatisante, se retranchent donc dans les bâtiments. Un homme, aidé de personnes rencontrées dans les faubourgs abandonnés de la ville, va tenter de retrouver les membres de sa famille, quitte à éparpiller sur son chemin cadavres et secrets.

les personnages decouvrent peu a peu l horreur Critique « The Mist » (Netflix) : sous la brume, le vide

Brouillard cache misère

Alors que le fameux brouillard de Stephen King renfermait de terribles créatures, échappées d’une expérience de l’armée, le brouillard de Christian Torpe renferme les pires craintes de nos pauvres citoyens américains pris au piège (des araignées, le melon de Moundir, un essai cinématographique de Lars von Trier, un concert de Faudel). Si le postulat de base est prometteur, la réalité est elle tout autre. Du drame psychologique qui aurait pu se jouer devant nos yeux, où des personnes acculées par le fléau se seraient retranchées dans une sorte d’animalité primitive, il ne reste malheureusement que des personnages stéréotypés. A la manière de Fear The Walking Dead, nous regretterons que le côté psychologique ne soit pas assez mis en avant, alors que le matérieu de base permettait lui de plonger dans les retranchements de l’esprit. L’atmosphère propre au huis-clos, oppressante, suffocante, n’est malheureusement pas retranscrite alors que la majeure partie de l’action se déroule dans un centre commercial transformé en safezone de fortune (et les exemples de huis-clos ne manquent pas, du plus petit espace fermé comme Buried au plus grand, tel que dépeint dans Dunkirk). La série essaye aussi, sans doute en vain, d’apporter une dose de mysticisme. Élément quasiment divin, mystérieux, le brouillard est à sa façon une énigme, ne pouvant qu’amener aux raisonnements religieux. Malheureusement, cette idée est bien rapidement oubliée par nos comparses, qui préfèrent se consacrer à des considérations beaucoup plus futiles.

Une série moderne ?

Nous l’avons dit, les personnages sont stéréotypés : nous pourrions les nommer « policier 1 qui meurt au début », « policier 2 », « joueur de football 1, 2, 3, 4 », « personne beaucoup trop pieuse », « personne beaucoup trop énigmatique », « militaire amnésique » ou encore « ancienne détenue ». Nous noterons cependant, que sous ces airs de personnages génériques, certains efforts ont été mis en place afin de dépeindre certaines difficultés de notre époque. Ainsi, le protagoniste homosexuel doit se battre contre les préjugés, alors que son amie, violée au cours d’une soirée, est mise au ban de la communauté car étant considéré comme fautive. Et il faut dire qu’il est plutôt rare de voir de telles thématiques développées dans ce type de divertissements et de ne pas ressentir qu’elles aient été placées là par obligation.

Bande annonce de The Mist