Critique S2 « GLOW » (Netflix) : un deuxième round vite expédié

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Nos catcheuses préférées sont de retour pour de nouvelles aventures ! GLOW, la nouvelle perle de Jenji Kohan, dixit la poule aux œufs d’or de Netflix (que l’on remercie pour Orange is the New Black et Weeds notamment), nous avait laissé sur une fin imparfaite mais très prometteuse avec cette histoire de lutteuses en herbe. C’est donc avec beaucoup d’attente que nous retrouvons les “superbes dames du catch”, leurs persos sur-stéréotypés et leur énergie contagieuse. Alors installez-vous confortablement dans votre canapé, idéalement avec du pop corn et un soda rafraîchissant à proximité, c’est parti pour le round 2 !

On avait déjà eu l’occasion de vous en parler sur Jusfocus. Il faut dire que le teaser de la saison 1 de GLOW avait tout pour nous séduire. Un cadre original, une histoire accrocheuse et des acteurs de folie. Sans oublier la bande originale, parfaite dans le rôle de machine à remonter le temps. Pour rappel, la série est librement inspirée des Gorgeous Ladies of Wrestling, une émission tv mettant en scène des catcheuses. Première fois dans toute l’histoire de la télé américaine que des femmes portent ce rôle à l’écran. Pour ceux qui n’auraient pas encore eu la chance de visionner la saison 1, on vous conseille d’éviter les spoilers en vous dirigeant par là. Pour les autres, ne bougez pas, c’est ici que ça se passe.

À la conquête de l’Amérique !

Bien. Maintenant qu’on est entre nous, reprenons. On avait quitté les reines du ring sur un formidable match de fin sous forme d’apothéose. Une magnifique allégorie du combat qu’avaient mené les personnages tout au long de cette première saison. Rappelons tout de même que le catch apparaissait pour la plupart comme le seul et unique moyen se dépatouiller de leurs vies misérables respectives. Avec un tel final, on se disait que la team de GLOW était définitivement en route vers la gloire. Mais le chemin va s’avérer plus sinueux qu’il n’y paraît…

Ruth et ses copines ont désormais leur tv show à heure de grande écoute, une salle équipée et une équipe de techniciens sexy. Ce qui n’était franchement pas gagné il y a encore quelques épisodes. Après avoir convaincu la chaîne et le sponsor, il leur faut à présent séduire les téléspectateurs. Ce sera aussi l’occasion de découvrir l’envers du décors et le monde sans pitié du show biz.

La place des femmes est sur le ring

On avait déjà eu l’occasion d’apprécier la fine critique des années 1980 et de leur sexisme sous-jacent dans la première saison. Les scénaristes ont cette fois-ci voulu se concentrer sur la place accordée aux femmes dans le monde de l’audiovisuel. Qu’elles s’essayent à l’écriture, à la production, qu’elles accompagnent leur mari à un dîner d’affaire, qu’elle soient prises pour de la chaire fraîche par des hommes d’affaires influents et peu scrupuleux… Les femmes des années 80 (coucou Sardou) sont souvent peu considérées, voire écartées. On ne leur accorde pas la parole et encore moins le pouvoir de décision.

Filmées avec une grande justesse, ces scènes sont toujours présentées avec l’empathie qui caractérise l’écriture de la série. Une prise de position engagée qui fait évidemment écho au mouvement #metoo. Mais l’intérêt de GLOW, c’est surtout ce sentiment d’injustice que la sitcom fait doucement grandir dans nos petits cœurs au fil des épisodes. L’effet de répétition est absolument frappant. Et pourtant, il ne s’agit que de situations banales pour l’époque, comme pour aujourd’hui d’ailleurs. La série a ce pouvoir inouï de transmission d’émotion jusqu’à faire ressentir au public le ras-le-bol généralisé de ces mini agressions au premier abord anodines. On le sent dans nos tripes. Et quel effet jouissif de voir ces super nanas badass (pourtant si communes au départ) défoncer le patriarcat à grands coups de pieds dans l’entre-jambe. On dit oui !

Glow saison 2 ring

On a beaucoup parlé de sexisme, mais la série traite aussi d’autres sujets socio hyper intéressants. Toujours avec cette justesse folle et sans pour autant tomber dans le pathos. L’homosexualité, le sida, le divorce et même… la constipation. Il y en aura pour tous les goûts, avec des moments hilarants et d’autres plus prenants. Beaucoup de ces thématiques sont montrées de manière tacite, sans avoir besoin de trop en dire. Enfin une série qui ne prend pas ses fans pour des lapins de trois semaines !

C’est bon mais c’est court

Le problème avec GLOW reste malheureusement le même que pour la première saison. Ce qui, on ne vous le cache pas, a tendance à agacer à la longue. Il s’agit de la durée du programme. Les 10 épisodes d’une trentaine de minutes chacun s’engloutissent à une vitesse ahurissante. Et les quelques minutes de fin mettant souvent le paquet niveau suspense à chaque fois, on a du mal à résister à l’appel du prochain épisode. Si bien que cette deuxième livraison ne suffit pas à nous rassasier. Quand on pense qu’on doit attendre encore un an, on reste un peu sur notre faim.

Mais ne soyons pas trop durs ! Si on en redemande, c’est parce que c’est bon. GLOW est une vraie feel good série. Des personnages complexes, des relations loin d’être simples et une profondeur rare dans les émotions transmises. On se délecte particulièrement du duo entre Alison Brie et Marc Maron qui marche du feu de Dieu. D’ailleurs, allez donc faire un tour sur Netflix voir le spectacle de celui-ci. Vous comprendrez à quel point Maron est à l’aise dans son personnage grincheux et pourtant si touchant. Pour les curieux, on pose ça .

Sans oublier cet incroyable épisode spécial, façon tv show de l’époque centré sur l’intrigue du personnage Liberty Bell et les fake pubs qui vont avec. On se régale !

C’est donc avec une grande tristesse que l’on quitte Zoya, Liberty Bell et leurs aventures riches en rebondissements. Ce petit bijou d’inventivité, tout aussi original qu’intelligent va nous manquer. Il nous faudra attendre encore au moins un an avant de revoir nos héroïnes s’affronter sur le ring. D’ici là, travaillez bien vos prises de catch. Car la suite s’annonce mouvementée…