Critique S1-S3 « Unbreakable Kimmy Schmidt » (Netflix) : la série qui se prend pour un mème

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Unbreakable Kimmy Schmidt a fait son arrivée sur Netflix il y a déjà trois ans. À l’aube de la saison 4, il est temps de (re)découvrir cette espèce d’OVNI à l’humour déjanté. Mais alors, qui est donc cette fameuse Kimmy Schmidt ? Et en quoi est-elle « incassable » ?

Kimmy Scmidt est une jeune américaine de 29 ans originaire de l’Indiana. Jusque là rien d’anormal (hormis son sourire beaucoup trop insistant). Sauf qu’adolescente, Kimmy a été kidnappée par le gourou d’une obscure secte apocalyptique (interprété par Jon Hamm, totalement méconnaissable après Don Draper). Retenue contre son gré dans un bunker avec trois autres détenues, elle est finalement retrouvée par les autorités après 15 ans de captivité. Loin de se laisser abattre après cette expérience traumatisante, Kimmy décide de s’installer à New York pour démarrer une nouvelle vie. Libre.

…libre, peut-être, mais surtout bien paumée. Parce qu’après 15 ans d’absence, Kimmy est un poil en retard sur le 21ème siècle. 

On se retrouve alors avec une jeune femme bourrée d’optimisme, pressée de croquer la vie à pleine dent et de rattraper tout ce qu’elle a manqué ces dernières années. Et elle en a manqué des choses. Entre l’arrivée des smartphones, l’explosion d’Uber et la disparition de Michael Jackson et Whitney Houston, Kimmy a de quoi se sentir perdue. Heureusement, notre rescapée peut compter sur Titus, son colocataire gay, noir, enrobé, pauvre et chanteur raté à l’égo surdimensionné. La seule personne de son entourage au courant de ses mésaventures. Mais nous reviendrons sur ce personnage un peu plus tard.

 

Alors que des séries dramatiques comme 13 Reasons Why, House of Cards ou encore La Casa de Papel connaissent un véritable succès, Unbreakable Kimmy Schmidt prend comme point de départ une épreuve absolument horrible pour en créer des situations hilarantes. C’est en tout cas le pari que ce sont donnés Tina Fey (30 Rock, Lolita malgré moi…) et Robert Carlock (30 Rock, Saturday Night Life…), créateurs de la série. Et ça vaut le coup d’œil.

Le générique le plus drôle de tous les temps

Dès les premières minutes du premier épisode, la série pose les bases. On commence fort avec l’interview what the fuck d’un voisin qui a assisté à la libération des « Mole Women » (« les femmes-taupes », les prisonnières de la secte). Le témoignage est monté et remixé façon auto-tune, un peu en mode C’est pas de votre faute ou Hypocrites avec Mélanchon pour ceux qui connaissent. Cette tuerie est le générique officiel de la série. Et rien que pour ça déjà, respect.

Voilà, donc Unbreakable Kimmy Schmidt, c’est ÇA. Oubliez toute notion de réalisme ou de crédibilité. La sitcom ne s’encombre pas avec ce genre de concepts futiles. On s’arrêtera très peu sur les traumatismes de Kimmy ou ce qui a pu se passer dans le bunker par exemple. On nage dans un océan d’humour absurde. Le but ici es surtout créer des situations comiques même si celles-ci paraissent improbables. Dans le genre, on peut mentionner cette scène hilarante où Titus fait croire à sa coloc qu’il lui a écrit une chanson pour son anniversaire alors qu’il s’agit de Firework, de Katy Perry. Ou encore la boss ultra-blindée de Kimmy qui veut renouer avec ses origines Sioux alors que la nana est juste l’archétype de la WASP.

Un condensé de références pop culture

La série s’amuse énormément avec les codes de la pop culture. C’est le cas avec le générique en mode troll mais pas que. Y a pas mal d’allusions à Beyoncé, le Breakfast Club, le Roi Lion

Mais le meilleur reste Titus Andromedon, cette machine à mèmes. Au moins une fois par saison, si ce n’est plus, Titus nous livre une performance artistique à en pleurer de rire. La première étant devenu un classique pour les fans : Pinot Noir. Alors qu’il tente de percer dans le show biz, le coloc de Kimmy sort un clip vidéo avec les moyens du bord. C’est-à-dire que l’instru se révèle être sa sonnerie de téléphone, les accessoires des objets random trouvés à portée de main, les paroles n’ont aucun sens, ses tenues excentriques sont faites à base de draps… Le tout filmé dans un décor à l’arrache (parce qu’apparemment, un escalier est un décor). On ne résiste pas à l’envie de vous donner un petit aperçu :

Chaque geste, chaque punchline de ce perso est un GIF potentiel.

Unbreakable Kimmy Schmidt, une histoire à bout de souffle

Malgré le niveau de départ assez dingue pour une sitcom, la série à tendance à s’essouffler au fil des épisodes. Si on ne peut pas reprocher grand chose à la première saison, ce n’est malheureusement pas le cas pour la suite. L’humour devient lourd, forcé, moins efficace.

Unbreakable Kimmy Schmidt fait partie de ces séries où l’on se lasse du personnage principal. Typique du syndrome How I Met Your Mother. Dans le genre, on peut citer Orange Is The New Black aussi. Sympathique au départ, Kimmy passe rapidement de touchante à niaise, voire agaçante. Les autres personnage finissent par avoir plus d’intérêt. D’ailleurs, parlons sérieusement : à quand une série uniquement centrée sur Titus ?

En plus de ça, la sitcom perd en rythme et le délire du bunker n’est qu’une lointaine histoire arrivé à la saison 3. On en vient même se demander si une énième saison est réellement nécessaire…

En bref, Unbreakable Kimmy Schmidt est une petite gourmandise, colorée et sucrée, dont on se délecte lors de la première saison. Puis, comme toute denrée alimentaire, le bonbon perd en goût, jusqu’à devenir limite périmé. En espérant que la quatrième et dernière saison, qui débarque dans quelques jours seulement sur Netflix, ne nous provoque pas une intoxication alimentaire…