Critique S1 « GLOW » (Netflix) : la série catchy qui va vous faire aimer les années 80

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Paillettes, féminisme et cobra twist : entrez sur le ring avec GLOW ! Une série sur l’histoire folle d’une émission de catch féminin qui a réellement été diffusée aux États-Unis. Alors que la saison 2 vient tout juste de sortir sur Netflix, il est temps de se pencher sur les premiers épisodes de cette sitcom qui sent bon la sueur et la laque bon marché. Entre un réalisateur coké, un producteur fils à maman et des actrices ratées, le show met en scène une véritable équipe de bras cassés… Alors enfilez votre plus beau justaucorps scintillant, il va y avoir du sport ! Que le match commence ! 

Aaaah les années 1980. Son patriotisme exacerbé en temps de guerre froide, sa musique kitch à souhait, ses films SF ringards et sa vision réductrice des femmes. Cela faisait bien longtemps que la décennie des boules à facettes et des pantalons pattes d’éléphant n’avait pas inspiré les scénaristes. C’est désormais chose faite avec GLOW qui fait renaître cette période mythique, égarée quelque part entre mauvais goût et splendeur.

Les limites de la fièvre des années 1980

La cadre est ici extrêmement important. Il faut bien comprendre qu’à l’époque, il était totalement inconcevable d’imaginer des femmes se battre en tenues moulantes à la télévision à une heure de grande écoute. Une révolution. Si les droits de femmes ont fait du chemin depuis la période des secrétaires de Mad Men, les vieilles mœurs ont tout de même la dent dure. Et pas facile de s’en défaire dans un monde bourré de clichés.

Les clichés, Ruth, elle connaît. Jeune comédienne passionnée, elle recherche désespérément un rôle à la hauteur de ses ambitions. Mais à part quelques lignes et un gros plan sur son joli fessier, pas grand chose à se mettre sous la dent. Épuisée, fauchée et carrément en manque de confiance en elle, Ruth est au bout du rouleau. Jusqu’au jour où elle se retrouve au milieu d’un casting pour un mystérieux programme « alternatif »…

Ruth (GLOW)

Le rôle est magnifiquement interprété par Alison Brie (Community, Mad Men…) qui s’est métamorphosée pour l’occasion. Permanente à la mode de l’époque, sans maquillage, vêtements ringards qui ne la mettent pas spécialement en valeur… Elle apparaît pourtant superbe et tellement touchante dans la peau de Ruth. Personnage particulièrement attachant malgré ses boulettes à répétition, la comédienne tente de trouver sa place dans un monde qui lui laisse peu d’opportunités. Et contre toute attente, le catch va devenir pour elle une manière d’exister. 

Une belle brochette de losers réunie autour de GLOW

Vous l’aurez compris, pas besoin d’être fan de Hulk Hogan pour apprécier GLOW. D’ailleurs, la plupart des protagonistes voient au départ le catch comme un divertissement stupide. Il s’agit surtout de pouvoir se faire une place à Hollywood, échapper à une vie de famille pourrie ou tout simplement pouvoir manger. Même le réalisateur n’en a rien à secouer. Ce génie incompris (selon lui) à la moustache pleine de coke souhaite simplement financer son prochain film. Un potentiel navet SF qui traite clairement de ses mummy issues. Certainement pas le prochain Woody Allen.

En gros, à la base, personne ne croit vraiment au projet. Hormis ce jeune producteur pété de tunes qui voue un culte étrange à cette discipline qu’il considère comme un art. Étrange passion pour un fils à maman. Mais évidemment, et sans spoiler, tout ce monde va plus ou moins se prendre au jeu. Et c’est là que les choses vont devenir intéressantes.

 

Une série brillante

Fondamentalement féministe et anti-raciste sans jamais forcer le trait, GLOW  est une série particulièrement intelligente. Une histoire qui rappelle très largement Bliss et ses joueuses de roller derby. Pas étonnant quand on sait qui se cache derrière. La showrunneuse Jenji Kohan, à qui l’on doit notamment Orange Is The New Black, fait partie de l’équipe. Sans pour autant réchauffer ses vieilles recettes, on dirait que Kohan a trouvé sa formule magique. Un rôle principal féminin qui débarque dans un univers qui lui est totalement étranger, entouré de personnages touchants et très travaillés auxquels on s’intéresse tout autant. Peut-être même plus.

Quoiqu’il en soit, la showrunneuse réussit l’exploit tout à fait improbable de faire aimer le catch à un public pas vraiment prédisposé à mater la WWE. Le portrait qu’elle dresse des personnages est d’une justesse folle. Car il n’y a ici ni méchants, ni gentils. Que des protagonistes avec leur personnalité propre et les intérêts de chacun. Pas de jugement, ni glorification. Juste des humains qui tentent de s’en sortir. Et bien sûr des nanas lambda qui vont devenir méga badass par la force des choses. Jouissif. 

La série nous livre un portait complexe et réaliste des années 1980, le tout sur un fond de Madonna. Avec ses personnages ultra caricaturés allant de la Reine des allocs à Beirut la terroriste, en passant par Britannica la british surdouée, GLOW se révèle une fine critique de la société américaine. Pires qu’inspirantes, les catcheuses deviennent de véritables modèles. Ça donnerait presque envie de monter sur le ring.

Bande-annonce de Glow