Roy Hargrove et Stanley Clarke enflamment le chapiteau de Marciac : retour sur une soirée exceptionnelle

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Marciac, comme chaque année, célèbre le jazz pendant plus de 15 jours avec des concerts dans toute la ville. Sous le chapiteau de 5000 places, ce jeudi 3 août, une affiche hors du commun. Deux légendes du jazz : Roy Hargrove Quintet en première partie puis Stanley Clarke Band en seconde partie… Les voir sur scène c’est comme voir l’histoire du jazz moderne s’écrire en direct !

Roy Hargrove Quintet

Costume blanc, lunettes noires, nœud pap et baskets vert fluo, bugle ou trompette à la main, Roy est un habitué de Marciac (où il est déjà venu en 1999 pour le « trumpet summit », en 2011 avec son big band). Dans son quintet, on retrouve son inséparable complice, Justin Robinson au sax alto aussi audacieux que talentueux dans ses impros qui arrachent de gros applaudissements du public, très sérieux mais toujours admiratif des solos de Roy, Ameen Saleem à la contrebasse, Quincy Phillips aux drums en costume/cravatte et sourire imperturbable pendant une heure et demie, et un nouveau venu dans la formation, le japonais Tadataka Unno au piano.

Le quintet s’est enrichi de deux guests artists : Florian Wempe au sax ténor et la chanteuse scat Roberta Gambarini.

Roy Hargrove Quintet, c’est de magnifiques compositions, des mélodies qui mettent en valeur chaque instrument, la justesse du son, l’innovation dans l’harmonie et des rythmiques marquées. Et ça groove… ! Le répertoire est rôdé, l’instrument parfaitement maîtrisé, Roy et Justin se permettent de pas de danse sur scène – hiphop et moonwalk ! – L’ambiance est vraiment au rendez-vous et le public se lève, tape dans les mains surtout pour « Strasbourg-saint-denis », le morceau phare de la formation (issu de l’album ‘earfood’ à avoir absolument dans sa discothèque), « a lovely place », comme le dit souvent Roy en concert.

Petit bémol au niveau de la balance : son trop sourd et sans relief parfois ; les aléas du direct sans doute !

Marciac: Stanley Clarke band détonne 

Seconde partie du concert très attendue : changement de décor, changement de sonorisation et d’instruments, la (petite) batterie quatre fûts de Quincy Phillips laisse place à un set impressionnant de fûts et de cymbales ! Derrière Stanley, une façade d’amplis et de baffles… Ça déménage au niveau des décibels !

Stanley Clarke (61 ans), aussi à l’aise sur une basse électrique qu’avec sa contrebasse – il « slappe » aussi bien sur l’une que sur l’autre ! – sait s’entourer de jeunes prodiges, avec le surdoué géorgien Beka Gochiashvili au piano (21 ans), Caleb Sean McCambell (31 ans) aux claviers/synthés/voix et l’infatigable texan Mike Mitchell à la batterie (22 ans).

La formation dégage un son puissant, une rythmique élaborée accompagnée de jolis arrangements mélodieux servis par Beka Gochiashvili. La virtuosité de Stanley Clarke lui permet de passer d’une contrebasse mélodieuse jouée à l’archer à une contrebasse rythmique utilisée comme un cajon pendant ses solos. Côté batterie, Mike Mitchell nous livre des rythmiques complexes, puissantes, invraisemblables, où les baguettes et même les cymbales volent (littéralement !). Le spectacle est total, le public participe, grâce au talent d’animateur de Stanley….un grand moment musical. Très apprécié, le morceau « Brasilian love affair », « a tune from my friend George Duke… » joué avec de nouveaux arrangements rythmiques et mélodiques – un must !

On regrette que les talents incomparables de Beka Gochiashvili n’aient pas été mieux mis en valeur, mais ce soir, Stanley avait décidé – à priori – de donner la part belle à Mike Mitchell…

Sacha