DJ Pone : « J’en ai rien à foutre de faire de la musique de club »

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Passé notamment par les Svinkels et le collectif Birdy Nam Nam, Thomas Parent alias DJ Pone s’est lancé en solo avec la sortie de Radiant son premier album. Un tremplin à de nombreux autres projets pour ce DJ multicasquettes.

 

DJ Pone - Natural Games 2017

 

On a retrouvé DJ Pone dans les backstages du festival de sports extrêmes et de musique des Natural Games de Millau à la sortie du jacuzzi et quelques minutes avant que ce dernier ne saute à l’élastique au-dessus de la foule du festival. Scratcheur emblématique du collectif Birdy Nam Nam avec lequel il s’est brutalement séparé, DJ Pone revient aux platines avec son premier album nommé Radiant mais aussi à la tête de nombreux projets avec les Svinkels ou encore NTM.

 

Peux-tu te présenter ?

J’ai fait mon parcours dans le rap français, les compétitions de DJ. Je vais avoir 40 ans et cela fait 20 ans que je fais ce bordel. En gros.

 

Qu’est-ce qui t’a poussé à sortir ton 1er album solo, Radiant, en octobre 2016 ?

C’était un moment où je n’étais plus avec Birdy Nam Nam, j’étais dans un moment personnel et professionnel où j’étais seul dans ma vie. C’est ce genre de moment où tu commences à te poser des questions, peut-être même les bonnes questions. J’avais plein de trucs à dire, c’était une forme de thérapie pour moi de faire un disque et de lâcher ce que j’avais sur le cœur. Le fait de ne pas être en groupe tout en étant entouré, c’était une des premières fois que cela m’arrivait. Pas besoin de discuter un mois. Ce que j’avais envie de faire, je le faisais.

J’avais déjà terminé un maxi chez Ed Banger et je voulais en refaire un. J’avais beaucoup de maquettes, pleins de trucs et je me suis posé la question de vraiment faire un maxi ou un album. Puis j’ai rencontré Superpoze avec qui j’avais envie de bosser. Je lui ai fait écouter ce que je préparais et cela s’est fait assez naturellement. Je suis un peu à l’ancienne école. Maintenant les gens font des morceaux et des maxis, moi je suis plus album et tournée. Un schéma un peu old-school.

 

 

Quel style as-tu voulu imprimer avec cet album ?

Je ne voulais pas faire de la musique de dancefloor. Je n’en ai rien à foutre de faire de la musique de club. Je suis quelqu’un de très émotionnel face à la musique. J’aime les trucs cools mais aussi les trucs très violents. Je n’ai pas vraiment d’entre-deux.

Quand t’es dans un groupe il y a des choses très enrichissantes parce que tu créées des trucs mais parfois, tu restes un peu frustré parce que tu ne peux pas aller au bout de ce dont tu as envie.

 

Pourquoi cela a cassé avec Birdy ?

J’avais des problèmes internes. Je n’étais plus d’accord.

 

As-tu gardé contact avec eux ?

Non.

 

 

Tu as sorti Radiant sur Ponar, ton propre label, pourquoi pas chez Ed Bangers ?

On n’était pas dans les mêmes timings. Il y avait de grosses sorties qui arrivaient : Breakbot, Justice, etc. Mon album a été prêt très vite et les sorties que Pedro pouvait potentiellement me proposer ne correspondaient pas à ce que je voulais. Peut-être que le prochain sera sur son label, en tout cas il l’écoutera, c’est sûr. Ça aurait été cool de le faire avec Ed Banger parce que ce sont mes potes mais en même temps j’avais besoin de le faire complètement seul.

 

Comment tu t’es retrouvé chez Ed Banger ?

Ce sont de vieux potes. Pedro, je le connais depuis très longtemps, j’étais très proche de DJ Mehdi. Ce n’est même pas une histoire de label, c’est une histoire de potes. Pedro, je l’appelle directement pour lui dire que j’ai un nouveau disque et pour savoir s’il est chaud ou pas.

 

Tu as donné un concert avec les Svinkels il y a plus d’un mois. Serait-ce le retour tant attendu ? Une tournée est-elle dans les cartons ?

On a surtout mis un Olympia en vente qui est déjà complet. Je ne peux pas dire que c’est le retour mais on n’a pas fait de concerts pendant 10 ans, on s’est revu et les tensions qu’il y avait entre certaines personnes du groupe se sont apaisées. Le concert, c’était un truc de fous. On ne va pas repartir sur une méga tournée, juste sur des dates pour rester dans la légende jusqu’au bout. Ce n’est pas un truc de business. Moi cela fait des années que j’attends ça et au final, ça s’est fait naturellement.

 

Parlez-vous d’un possible retour en studio ?

Oui. C’est sûr, on va refaire des morceaux. Après, on fera des morceaux comme des mecs qui ont 40 ans avec la pression et les trucs chiants derrière nous. On arrive hyper serein, cool. On a rempli un Olympia, on aurait pu en faire un deuxième mais non.

 

 

Pas trop dure cette étiquette de scratcheur qui te colle depuis des années ?

Cette étiquette, elle est mortelle et en même temps elle pèse lourd. Ma dernière compétition de DJ c’était en 2002. C’est vrai que ça me saoûle des fois de me sentir obligé, en soirée, de me mettre une petite pression technique. C’est comme si tu demandais à David Douillet, à chaque fois que tu le croises, de te faire un uchi-mata. Il sait le faire, il l’a fait, pourquoi il le referait ? C’est pour cela que je voulais enlever le « DJ » de « DJ Pone » quand j’ai fait cet album, parce qu’à un moment donné, les gens veulent que tu scratches. Je n’ai plus de platines chez moi, ça fait 15 ans que j’ai arrêté les compétitions … Je sais aussi faire autre chose. Cette étiquette me sert beaucoup et je sais l’entretenir mais c’est parfois fatiguant. Tout ramener au scratch, c’est un peu réducteur. Surtout qu’aujourd’hui, il y a des mecs 100 fois plus forts que moi.

 

 

Comment as-tu construit ton live ?

C’est plus un live de DJ Pone qu’un live Radiant. Il y a des morceaux de mon album, des morceaux de Birdy que je rejoue et des trucs plus techniques. Une bonne synthèse de ce que je suis. Sans les morceaux de Svinkels.

 

Tu enquille les projets : Casseur Flowteurs, Mouv, Nekfeu, DC, 1995, etc. Comment tu les dégotes ?

Justement, j’ai rendez-vous avec le patron de Mouv pour voir ce qu’il va me proposer. DC, je le connais depuis longtemps, 1995 je les ai croisés il y a 5-6 ans quand ils commençaient à tourner et on avait sympathisé. Ce sont des trucs qui se font naturellement. Et là je vise NTM pour 2018. Ça se fait avec parcimonie. Tu fais des soirées, des concerts et cela te permet de rencontrer des gens et de se faire des potes.

 

Quels sont tes projets ? As-tu un nouvel album en tête ?

Je commence à y penser. J’ai déjà les dates avec Svinkels, la tournée d’NTM et puis refaire un disque. Vu que je suis très libre, je pense que mon prochain disque ne sera pas très académique, il sera très spatial.

 

Propos recueillis par Louis Rayssac et Martin Roucoules