[Critique] « Ruins » – First Aid Kit : le calme après la tempête

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Trois ans et demi après l’excellent Stay Gold, les deux sœurs suédoises de First Aid Kit sont de retour avec un quatrième album, Ruins. Plus terne et brut, le changement est radical.

Depuis leur premier album The Big Black and The Blue en 2010, Johanna et Klara Söderberg marient à la perfection leurs deux voix. Le résultat : un mélange de country, folk et pop on ne peut plus efficace. Les albums qui suivent, The Lion’s Roar (2012) et Stay Gold (2014), ne font que confirmer et même renforcer cette idée. Après une pause de presque quatre ans, les sœurs suédoises sont de retour avec leur quatrième essai, Ruins.

Enregistré entre Portland et Los Angeles, ce nouvel opus est produit par Tucker Martine (R.E.M., The Decemberists, My Morning Jacket) et rempli de collaborations avec des musiciens exceptionnels : Peter Buck de R.E.M. à la guitare ; Glenn Kotche de Wilco et McKenzie Smith de Midlake à la batterie.

Globalement, Ruins traite de la peine de cœur de Klara. Cette tragédie personnelle fait de cet album un tour de nouveaux horizons pour First Aid Kit. A seulement 24 et 27 ans, elles réussissent à saisir l’occasion de se renouveler (ce qui n’est pas toujours simple à assumer), même si ce n’était pas forcément nécessaire.

 

Rebel Heart, parfaite introduction

L’album débute sur Rebel Heart, fidèle à l’univers du duo. Le titre mêle les voix des deux sœurs à la perfection. Les répétés « Why do I keep dreaming of you? Is it all because of my rebel heart? » restent en tête. Poignant et efficace. Doublement efficace, Rebel Heart trouve un impulsif deuxième souffle au troisième tiers du titre. La coupure instrumentale ravive le cœur du morceau, en faisant une parfaite introduction à ce nouvel opus.

https://www.youtube.com/watch?v=bDdXe51yphI 

Les trois titres suivants nous avaient déjà été révélés ces derniers mois : It’s a Shame, premier single qui avait mis tout le monde d’accord en septembre (avec un superbe double clip en split-screen) ; Fireworks, ballade de toute beauté au clip nous invitant à un bal de promo ; Postcard, calme mais capturant toujours l’essence du groupe. La découverte s’officialise donc à la seconde moitié de l’album, et c’est là que tout se corse.

 

Une ambiance brute et terne

Sans raison apparente, la seconde moitié de l’album a quelque peu de mal à prendre. Il n’y a pas à dire, les paroles sont belles et l’album est agréable à l’écoute mais il a du mal à atteindre la barre haute placée par les précédents. Le problème : sur Ruins, l’énergie et la puissance d’anciens morceaux à la My Silver Lining, Wolf et Heaven Knows est absente. L’essence du duo n’est qu’à moitié retrouvée. Au final, c’est un peu le même reproche que nous faisions à alt-J en juin dernier pour Relaxer.

First Aid Kit Ruins

Nous nous retrouvons face à un album plus triste et mélancolique, cela se ressent énormément. Ressenti à chaud, l’ambiance se dégageant de l’écoute est terne, à l’image de la pochette de l’album. Un parti pris assumé qui plaît et déplaît à la fois. Cependant, bonne nouvelle, le disque prend du temps à s’apprécier à sa juste valeur. Après plusieurs écoutes, il passe mieux. Comme une habitude, Ruins s’enchaîne de manière fluide et reprend du début sans qu’on s’en rende compte telle une réelle œuvre intégrale.

Côté titres, Distant Star se démarque pas mal. La chorale improvisée (avec leur mère et leur frère notamment) à la fin de Hem of Her Dress est une touche de nouveauté sympathique. Enfin, l’album se termine avec une outro brute sur Nothing Has to Be True, se rapprochant assez de l’énervé You Are The Problem Here, dévoilé pour la journée internationale des droits des femmes en mars dernier.

 

6,5/10

A écouter :
It’s a Shame, Rebel Heart, Fireworks

 

En tout cas, avec son ambiance très « live », Ruins sera sûrement très plaisant à vivre et entendre en direct. Pratique, First Aid Kit sera en concert à la Cigale le 5 mars. Malheureusement, c’est déjà complet.