[Critique] Chon – « Homey » : du soleil en notes de musique

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Déjà en surdose de vitamine C, le premier album de Chon ne saurait se placer sur la même échelle du cool que Homey. Deux ans seulement après le formidable Grow, le groupe de Mario et Nathan Camarena rebranche ses guitares pour un 12-titres plus ensoleillé encore que ne l’était son prédécesseur.

 

Le groupe produit toujours son rock technique, instrumental et exigeant dans ses structures. Des termes qui, d’origine, ne sonnent pas comme des exemples d’inclusion et d’accessibilité. Pourtant, le quatuor mené par les frères Camarena joue de cette musique universelle. Celle que l’on ne peut définir autrement que par le premier adjectif qui vient en tête après une écoute complète : cool. 

Homey reserve son lot de surprise. Pas question d’accoucher d’une resucée de leur album de 2014. Aussi on trouve des featuring inspirés, avec des artistes issus d’une scène pas bien éloignée sur l’échelle du doigt de pied en éventail : le chillstep. Berry Streets, en collaboration avec GoYama est le premier de la liste, et fait office de transitoire salutaire entre un Waterslide survolté et un No Signal précieux. 

 

 

Monte le Chon

La complicité entre les musiciens est intacte. En résultent des morceaux où s’entrelacent dans un geste quasi érotique le duo de guitares, la batterie qui ne tient jamais en place, et cette basse enveloppante de chaleur. 

Conscient de la volatilité de ses compositions, Chon prend le temps – comme sur son premier LP – d’intercaler des titres plus lents, plus posés. Nayhoo sert de substitut à Can’t Wait et Echo, du premier album. Surprenant au premier abord (on a l’impression d’un titre R&B sur lequel Chon serait en featuring), on se laisse porter par la cohérence artistique de l’ensemble. 

 

Du reste, Homey est pourtant un album moins instantané que ne l’était Grow. La faute à un concept qui s’étiole, peut-être. Plus probablement par une ingéniosité moindre au moment de poser les notes sur le papier à musique.

Les 12 titres s’écoutent avec un plaisir non feint, et se laissent même réécouter sans se forcer. Pourtant, aucun morceau n’a su me faire appuyer sur le bouton « ajouter à mes titres » sur Spotify. Ce qui peut signifier deux choses : comme le Sleepy Tea qui entame ce deuxième album, Homey ne laisse tous ses arômes se dégager qu’après une infusion plus longue. Ou alors que le quatuor de San Diego s’est un (tout petit peu) perdu en route. Dans tous les cas : pourvu que celle-ci soit longue.

Pierre Crochart