My hero academia : world heroes mission. Critique du troisième film. Vous reprendrez bien une troisième dose

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Après deux premiers longs métrages réussis (retrouvez les critiques du premier et du second sur notre site), My Hero academia revient en 2022 au cinéma. C’est toujours le talentueux studio Bones qui s’attelle à l’adaptation. L’histoire se présente à nouveau comme un spin-off accessible aux fans comme aux néophytes. Avec une nouveauté cependant : le public français pourra la découvrir sur grand écran. Une première à ne pas manquer car ce troisième volet se révèle encore meilleur que les deux premiers, reprenant leurs points forts tout en gommant leurs quelques défauts.

120 minutes pour sauver le monde

Dans le monde de My Hero Academia, 80 % des humains ont des alter leur conférant des pouvoirs. Mais ces capacités peuvent être utilisées aussi bien faire le bien que défendre le mal. C’est pourquoi des institutions comme la prestigieuse école de Yuei forment depuis des années les jeunes « supers » à maîtriser leurs pouvoirs et à l’utiliser à bon escient. Deku, Shoto, Katsuki font partie des plus talentueux élèves de cette école. Dotés de pouvoirs puissants et d’une volonté à toute épreuve, ils ont passé une à une les étapes de leur formation. Devenus apprentis, ils ont été envoyés parfaire leurs connaissances auprès d’un super-héros aguerri.

Or cette expérience commence de la plus dure des manières. En effet, le groupe Humarise, organisation fanatique anti-alter vient de lancer une attaque terroriste de grande ampleur. A l’aide d’une bombe biologique augmentant les alters jusqu’à provoquer la mort de leurs possesseurs, il vient de ravager une métropole. Et ce n’est qu’un début car son leader, le terrible flect turn projette de frapper toute la surface du globe pour éradiquer la menace des « super ». Les super-héros et leurs apprentis sont envoyés sur toute la planète pour retrouver la trace des bombes. Ils n’ont que deux heures pour réussir l’impossible. Deku, Shoto et Katsuki prennent la direction d’Otheon, un petit Etat d’Europe Centrale. Une banale histoire de braquage les fait rencontrer Rody, un jeune garçon issu des quartiers pauvres qui sans le savoir est dans le collimateur d’Humarise.

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My hero academia : world heroes’ mission. Un côté X Men assumé

La force de ce troisième opus tient d’abord à l’histoire. Si la trame est classique, elle s’enrichit de deux très belles innovations. La première concerne le pays où se déroule l’action. Si les super-héros japonais partent partout sur la planète, c’est l’Europe qui est surtout à l’honneur. Otheon, Etat fictif est un subtile mélange d’influences européennes. Son architecture reprend en effet un peu de Lisbonne pour son tramway, de Vienne pour ses places ou de Stokholm pour son métro. Des banlieues délaissées, des centres villes historiques complètent le panorama. La seconde nouveauté, encore plus inattendue et bien vue, concerne la dimension politique de l’intrigue. Le discours extrémiste (un quasi fanatisme religieux) d’humarise a en effet de l’écho à Othéon. Et l’arrivée des super-héros attendus par certains habitants, attisent aussi l’hostilité des autres peu enclins à accepter cette influence étrangère. Nos jeune héros découvrent alors un monde beaucoup plus sombre qui n’a pas oublié les vieux démons de l’intolérance, de l’extrémisme.

Cette tonalité « politique » résonne étonnamment avec l’actualité européenne actuelle. Elle donne alors au récit une résonance très X Men. En effet, à la différence des autres films qui installaient des Super-Vilains comme antagonistes, ce troisième volet pose comme némesis une secte d’humains normaux considérant les alters comme une maladie. Pour son leader, cette mutation deviendra nécessairement incontrôlable et provoquera la chute de l’Humanité. Il préconise dès lors ni plus ni moins qu’une élimination de toute personne sensible aux alters. On est très proche de la thématique d’X Men Days of future Past. D’ailleurs, les révélations sur Flect Turn renforcent encore le propos extrêmement fort, adulte. Le scénaristes réussissent à créer un adversaire sans scrupules mais dont les motivations plongent dans le drame de sa vie.

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You can be a Hero

La grande force de ce récit tient aussi à une très intelligente construction des ses héros. D’une part, il iconise à nouveau la sainte trinité. Deku, Shoto, Katsuki sont en effet au coeur de l’intrigue. Obligés de faire cavaliers seuls, ils doivent improviser et développer de nouvelles qualités. Pour Shoto et Katsuki, le principal défi est de travailler en équipe sans provoquer de désastre. Une sacrée épreuve pour Katsuki dont la bougonnerie est un des ressorts comiques de l’histoire et finalement le ciment d’une amitié durable. Deku lui découvre grâce à sa rencontre avec Rody une face méconnue du monde. En effet, les super-héros sont accaparés par leur combat spectaculaire contre les super-vilains. Ils ne voient pas tous ces anonymes qui sont victimes des brimades du quotidien. Harcèlement, racket, vol, ne nécessitent aucun alter et provoquent pourtant des dégâts terribles.

L’autre grande force du récit c’est d’autre part l’introduction d’un nouvel héros. My hero academia : world heroes’ mission se présente comme l’origin story d’un inconnu, un enfant de la rue dont la mission consiste à s’occuper de son petit frère et de sa petite sœur. Beaucoup de mystères entourent son passé, ses talents. Est-il humain ? A-t-il un alter ? Ses motivations comme il l’explique aux héros sont terre à terre. Faire bouillir la marmite tous les soirs et offrir un avenir à sa famille. Mais derrière la légèreté se cache un courage qui ne demande qu’à s’exprimer. Le film lui offre une vraie occasion de changer le cours de sa vie et de s’affirmer lui aussi comme un héros. Il donne à ce long métrage une teinte faite de tristesse, de tendresse et d’espoir.

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My hero academia : world heroes’ mission. Quand Bones se lâche, la pupille s’éclate

On le répète à l’envie. Le nom du Studio Bones est à lui seul une garantie de qualité. Son travail sur les deux premiers volets a mis la barre très haute. Sur le troisième volet, il décide d’aller encore plus loin en reprenant le meilleur des deux précédents films. En effet, le studio nous offre d’abord des scènes dignes des plus grands blockbusters hollywoodiens (comme pour le 1er volet). Le film se permet ainsi de nombreux clins d’oeil à Avengers, à Die Hard ou à Fast and Furious. L’attaque des repères de la secte, l’attentat qui ouvre le film, les opérations de sauvetage sont autant de références parfaitement intégrées. De même, l’utilisation de plans larges exploite l’ambiance urbaine et la dimension du travail d’équipe. Sans oublier un sens du rythme soulignant à la fois l’urgence de la situation mais aussi les différents drames humains.

Les équipes de Bones s’appliquent ensuite à nous offrir un duel final d’anthologie plus fort que celui du second volet. Nos trois héros ont en effet droit chacun à un affrontement féroce, épique à la fois aérien, aquatique et terrestre. Les animateurs s’amusent non seulement avec les possibilités des alters mais aussi à imaginer des adversaires capables de les contrer. Comme dans les plus belles heures de Saint Seiya ou de Dragon Ball, les combats les poussent au bout de leur potentiel. Et cerise sur le gâteau, la bande sonore, de très bonne qualité, vient accompagner cet extraordinaire ballet visuel.

Avec My hero academia, World heroes’ mission, le studio Bones nous offre plus qu’un très bon divertissement. Ce troisième opus beaucoup plus adulte, un peu plus sombre, explore des thématiques nouvelles, très actuelles. Une entrée en matière idéale pour ceux et celles qui ne connaîtraient pas cet univers fascinant.