Laminute Yaoi #4 : Minori no te

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Minori no te est l’un des premiers titres de Scarlet Beriko sorti en France, il y a trois ans désormais. Les éditions Taifu s’offrent les services de la populaire mangaka, qui déroule dans ce one-shot son trait limpide et ses personnages complexes et attachants. Préparez-vous à passer entre les mains expertes d’un ostéopathe aux méthodes particulières !

L’histoire

Minori Shigefuji travaille seul dans un discret cabinet d’ostéopathie. Il reçoit des patients divers et variés, depuis le chef yakuza du quartier jusqu’à une vedette de la télévision. La méthode de massage particulière qu’il a mise en place leur provoque un bien-être instantané. Néanmoins, lui-même se montre énigmatique et semble dissimuler un grand trouble derrière son sourire de façade…

Dévouement et zone grise

Minori no te (en français, « La main de Minori ») est un manga qui questionne et trouble à plus d’un point. Notamment du fait que Minori lui-même ne respecte pas toujours ses patients et « partenaires », en faisant rapidement dériver ses massages vers une séance beaucoup plus sensuelle et intrusive. Néanmoins, Scarlet Beriko ne verse pas dans le putride ou la perversion, cela grâce au contexte sous-tendant l’histoire.

Les deux premiers chapitres sont ainsi l’occasion d’approcher le mystérieux ostéopathe. Celui-ci se dévoue littéralement corps et âme à ses patients et cherche à les défaire de toutes leurs tensions. Cela a pour conséquence de donner des personnages, même secondaires, dont la psychologie est travaillée et maîtrisée. Rien ne paraît invraisemblable, tout prend sens à travers les discours et les actes. Si Minori utilise sa position de soignant pour se permettre de toucher ses patients de la manière la plus intime, il ne le fait pas pour son propre bénéfice.

En effet, si l’on apprend beaucoup de choses en quelques cases sur Tatsuyuki Ôyamato et Yû Umehara, Minori garde le secret sur les sentiments qui l’assaillent. Par la même occasion, Scarlet Beriko dénonce le culte de l’apparence ainsi que la pression sociétale à jouer un « rôle » public, parfois en totale contradiction avec notre personnalité et nos inspirations propres. Mais ces patients se montrent bien plus perspicaces que l’ostéopathe ne s’y attendait, et atteignent par leurs mots la zone sensible dans le cœur du jeune homme…

Un souvenir s’incarne au présent

Dans la première partie de son récit, Scarlet Beriko instille subtilement une ambiance d’attente concernant le passé de Minori. En deux ou trois cases disséminées çà et là, elle donne corps à un souvenir contre lequel semble se battre le jeune homme. Un garçon courant sous la pluie, une étreinte passionnée… S’installe alors une ambiance assez mélancolique, que l’on devine aisément sous le cabotinage de l’ostéopathe.

Qui est donc ce mystérieux garçon ? Quel lien a-t-il avec Minori ? La mangaka fait durer le suspense avec tact, jusqu’à la révélation. Il s’agit de Sôta Yanai, ancienne étoile montante du football, dont Minori a été le manager au lycée mais aussi l’amant… Après s’être vu contraint de mettre un terme à sa carrière suite à une grave blessure, Sôta a perdu Minori de vue. Ce dernier s’est en réalité enfui, submergé par la culpabilité de ne pas avoir pu soigner son compagnon.

Mais c’était oublier la détermination de Sôta ! Celui-ci retrouve Minori après plusieurs années et il est bien décidé à renouer avec lui. C’est à cet instant que Minori no te prend une nouvelle dimension et se transforme en véritable histoire d’amour. Scarlet Beriko met alors tout son talent graphique au service de ces retrouvailles. Moments touchants et instants charnels très chauds s’enchaînent, et c’est avec plaisir que nous voyons la relation entre Sôta et Minori se reconstruire et se renforcer. Le manga se termine de manière satisfaisante, avec quelques bonus agréables en prime.

En conclusion, Minori no te compose une histoire où s’emmêlent regrets, amour et désir. La douceur des traits de Scarlet Beriko compense certains aspects plus durs de ce one-shot, comme la colère qui surgit parfois chez Minori ou bien sa manière très particulière de prendre soin de ses patients. Le tout offre un récit complet et fouillé, dont les graphismes sont une plus-value indéniable. Néanmoins, si ce one-shot ne vous rassasie pas, foncez découvrir notre chronique sur une autre œuvre phare du catalogue Taifu, 10 Count !

Autres œuvres de Scarlet Beriko : chez Taifu comics, Queen and the tailor, Yondaime Ôyamato Tatsuyuki, Jackass !, Jealousy. Disponible en VO : Amefurashi.