Critique « Violet Evergarden » (Netflix) : un anime qui joue la corde des sentiments

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Très attendu cet hiver sur Netflix, l’anime Violet Evergarden a fait couler beaucoup d’encre. Au sens figuré, comme au propre. Une histoire adaptée de light novel qui a rejoint les nombreux anime du catalogue Netflix. Un anime qui vous fera sortir les mouchoirs plus d’une fois… Mais que vaut-il vraiment ?

 

Après Aggretsuko, nous continuons notre critique du catalogue japonais de Netflix 2018. Adapté d’une série de deux light novel éponymes sortis en 2015 et 2016, l’anime Violet Evergarden se dévoile dans un contexte de guerre et de recherche de soi. 

 

Cet avis est susceptible de comporter des spoilers qui pourraient nuire à votre visionnage de l’anime. A lire à vos risques et périls. 

 

 

Violet Evergarden

 

Violet Evergarden affiche e1528685182874 Critique « Violet Evergarden » (Netflix) : un anime qui joue la corde des sentiments

 

Titre original :ヴァイオレット・エヴァーガーデン – Violet Evergarden

Genre : Drame – fantasy – tranche de vie

Type : Seinen

Période : 11 janvier au 5 avril 2018

Plateforme : Netflix

Nombre d’épisodes :  14

Studio : Kyoto Animation (Clannad, A Silent Voice, Beyond the Boundary)

Réalisation : ISHIDATE Taichi

Scénario : YOSHIDA Reiko (School Ramble, Getbackers)

Composition musicale : Evan Call (Big Order, Tokyo ESP)

Light novel original : Kana Akatsuki (scénario) & Akiko Takase (illustrations)

 

 

Synopsis

La fin de la guerre a sonné. Violet Evergarden, orpheline de guerre et ancien soldat ayant perdu ses bras, doit trouver du travail et se construire un avenir. Brisée et meurtrie, Violet va devenir une poupée de souvenirs automatiques et traverser le pays entier pour coucher sur papier les sentiments des gens. Imperturbable et dans l’incapacité de dénouer certains noeuds de son passé, elle va, à travers ses clients, en apprendre plus sur elle-même et comprendre peu à peu ses sentiments. 

 


 

Apprentissage de la vie et des sentiments

 

La guerre est terminée et le fil de la vie reprend doucement son court. Utilisée comme arme durant la guerre par l’armée du Leidenschaftreich, Violet Evergarden ne sait qu’obéir aveuglément aux ordres, moralement discutables ou non. Et durant cette guerre, elle a beaucoup perdu : ses parents, son supérieur et elle-même. Violet a 14 ans et son destin est brisé. Sans repères ni ordres à suivre, elle est laissée à l’abandon dans un monde qu’elle ne connait pas et qui ne souhaite pas vraiment d’elle. Mais le destin est facétieux et a prévu un chemin ardu à emprunter pour l’ancien soldat aux bras mécaniques. Une reconversion qui s’annonce difficile, voire même impensable, après la perte d’un être cher et indispensable à sa propre vie. Quelle voie choisir quand vous ne savez que suivre aveuglément des ordres ? Quand votre monde ne tourne qu’autour d’un seul homme ? Quand vous n’avez aucune conscience de votre existence à part entière ? 

 

Violet Evergarden machine à écrire

 

Commence pour Violet Evergarden et son spectateur, une aventure d’un genre nouveau, sans adrénaline, mais plein de voyages et de rencontres. Celle de la vie et de la recherche de soi. Accompagnée par un ancien lieutenant ayant fondé son entreprise, Violet va découvrir un monde très différent de celui dans lequel elle vivait jusqu’à maintenant. Et pour comprendre le sens des dernières paroles de son major, Violet deviendra une poupée automatique de souvenirs. Une poupée formée pour écrire des lettres, dévoilant les sentiments de ses clients et ce qu’ils ne parviennent à dire à leur proches. Une reconversion qui, elle l’espère, l’aidera à mieux comprendre l’essence même des sentiments. Ceux des autres, mais surtout les siens. Et ceux de son major, dont le seul souvenir qu’il lui reste est celui d’une broche qui ne la quitte jamais, à la couleur de ses yeux. 

 

Un voyage pour les sens

 

Pas à pas, nous suivons la reconstruction de Violet et sa découverte du monde qui l’entoure, loin des sentiers poussiéreux et rendus poisseux par le sang versé durant la guerre. Comme à son habitude, le studio d’animation japonais Kyoto Animation excelle et donne une profondeur visuelle particulièrement agréable à l’anime. Les paysages oniriques défilent, les couleurs chatoyantes et la beauté du détail émerveillent nos mirettes. Paysages urbains ou de campagne, diurnes ou nocturnes, tout est rendu majestueux à nos yeux. Les couleurs se juxtaposent à la perfection et les personnages sont ancrés naturellement dans le décor d’un autre siècle. Tout est plaisant pour les yeux et notre esprit peut flâner à sa convenance. Et comme à son habitude, le studio Kyoto Animation joue sur la corde sensible régulièrement, nous forçant plusieurs fois à sortir les mouchoirs. 

Mais une animation aussi superbe soit-elle, ne serait pas aussi puissante sans une bande-son d’exception. Car c’est réellement là le point fort de cet anime. Chaque musique est adaptée à la scène qu’elle habille et donne plus de vivant à celle-ci. Les violons tantôt joueurs, tantôt pleureurs, se lamentent et rient autant qu’ils le peuvent. Le piano fait virevolter avec légèreté ou tristesse ses notes les plus belles. Les musiques composées par le talent Evan Call (Big Order, Tokyo ESP) ne peuvent vous laisser insensibles et accentuent la beauté du moment. Un voyage pour les sens qui nous entraîne aux côtés de Violet, pour le bon et le moins bon.

 

A la croisée des sentiments

 

À travers les 13 épisodes de l’anime, nous suivons la reconstruction de Violet et son évolution. Chaque rencontre faite tout au long de la série lui apportera un petit plus, une petite découverte essentielle sur elle-même. La découverte d’un sentiment nouveau en écrivant une lettre, sa gestion émotionnelle face aux demandes de ses clients… Les sentiments ont une place importante dans l’anime, mais ils sont parfois trop masqués par les mouchoirs répétitifs que nous devons sortir. Quid de la surprise, de la colère ou de la joie ? Violet reste la plupart du temps imperturbable et on se demandera plus d’une fois si des larmes ou des sourires viendront habiller son joli minois. Réponse dans l’anime. Il est toutefois intéressant de suivre le cheminement de Violet et de découvrir à ses côtés la signification de certains sentiments, comme celui d’amour. Peut-être en apprendrons-nous en plus dans une potentielle suite ou un préquel, qui nous permettrait de découvrir le passé orphelin de Violet et son incompréhension sentimentale et émotionnelle.   

 

Violet Evergarden collègues

 

Les autres personnages l’entourant ne sont que trop secondaires pour certains, quasiment inutiles pour d’autres. Et c’est bien dommage. Ils ne semblent que graviter autour de Violet en apportant un peu d’équilibre à son petit monde qui ne cesse de s’agrandir, sans pour autant lui donner plus de profondeur. On aurait aimé en apprendre plus sur chacun d’entre eux.

Toutefois, si ses collègues n’apportent pas un plus essentiel à l’histoire, il y a certains clients qui la font réellement progresser. Car finalement, l’histoire de Violet est marquée par l’écriture des lettres et la rencontre avec ses clients du moment. Le même scénario de rencontre se répète à chaque épisode, avec des variantes bienvenues qui rythme le dit épisode. On accroche plus ou moins à certains clients et à leurs demandes, mais tous sauront vous toucher ou vous faire réfléchir, d’une manière ou d’une autre. 

 

Plus d’émotions que de réponses

 

Finalement, l’anime Violet Evergarden aurait pu devenir un anime marquant dans le genre. Aussi bon soit-il pour les sens, il est des problématiques qu’il véhicule qui restent sans réponse. Et qui manquent de profondeur, restant dans le flou et l’approximatif. 

Le scénario de l’anime ne possède pas des bases suffisantes pour nous satisfaire pleinement. La guerre qui se déroule dans ce monde ressemble fortement à nos deux guerres mondiales. Mais les informations sur son contexte sont manquantes. Comment a-t’elle débuté ? Quelle en est la raison ? Depuis combien de temps dure-t’elle ? Au lieu d’une petite explication contextuelle, nous sommes directement jetés dans le bain de la guerre et de la politique, via une technique un peu particulière… Car oui, vous n’aurez des brides de l’histoire sanglante des deux pays que tous les deux ou trois épisodes. Difficile dans ce cas de recoller les morceaux de l’histoire. Un choix largement discutable, qui s’il avait été présenté autrement, aurait sûrement permis au spectateur d’en comprendre un peu mieux les rouages et aboutissants. 

Côté rencontres, vous noterez très certainement des situations qui vous poseront question, comme un mariage arrangé par amour ou la fin de vie d’une mère. Selon vos valeurs et vos ressentis sur la question, il n’y aura pas de demi-mesure. Vous apprécierez ou détesterez la façon dont l’équipe de l’anime s’est positionnée pour traiter ses sujets. 

On vous l’a dit, dans Violet Ervergarden, vous sortirez plus d’une fois les mouchoirs. Certaines fois pour de bonnes raisons ou des événements qui vous toucheront personnellement, vous rappelant peut-être une situation que vous avez vécu. D’autres fois, le côté larmoyant de la scène sera plus forcé et Kyoto Animation tirera sur la corde sensible pour vous faire renifler. Mais n’ont-ils pas trop abusé du mélodramatique et oublier de donner plus de sens à la scène ? On attend vos ressentis sur cette question !

 

Violet Evergarden suite

L’image précédente fait figure de clôture de saison, mais précise bien que l’histoire n’est pas terminée… Nous savons d’ores et déjà qu’un OAV sera diffusé au Japon le 4 juillet 2018. Mais quant au reste… Nous n’en savons encore rien à ce jour et ne pouvons que supposer un film d’animation, un préquel ou un spin-off. Une suite pourrait également être envisagée, bien qu’à mon goût, cette saison était suffisante. Plus d’informations prochainement !  

 

En bref, Violet Evergarden est un bel anime que l’on a pris plaisir à suivre sur Netflix. Malgré ses points noirs scénaristiques, c’est un beau voyage à la croisée des sentiments que le studio Kyoto Animation vous propose de débuter. À savoir si la suite envisagée, en plus de l’OAV prochain, saura gommer quelques fautes notes, malgré une animation et une ambiance des plus agréables.