Critique du tome 7 de Shy : l’heure des choix

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Série passionnante publiée chez Kana, Shy ne cesse de se bonifier volume après volume. Scénarisée, dessinée par Miki Bukimi, elle explore le monde des super-héros à travers le parcours d’une héroïne en doute permanent souffrant du syndrome de l’imposteur. Cette approche nourrit une saga originale à l’univers riche et dense. Après des volumes qui se partageaient entre action et scènes de vie, ce 7ème tome se centre uniquement sur l’affrontement. Pour notre plus grand bonheur à nouveau.

Au-delà du dôme

Shy super-héroïne japonaise apprend pas à pas son métier. Car ce n’est pas tout de posséder des pouvoirs, il faut savoir les utiliser à bon escient et soigner son image publique. Ce qui est un défi permanent lorsque l’on est une jeune lycéenne qui doit tout à la fois protéger le monder et garder son identité secrète. Mais avec l’apparition d’un adversaire aussi redoutable qu’insaisissable, Amalarilk, Shy doit vite apprendre. D’autant plus que son ennemi a séduit une clique de héros dévoyés sans scrupules et très puissants.

Or cette ligue de super vilains vient de déclencher une attaque audacieuse contre Tokyo enfermant la capitale sous un dôme noir. Les héros doivent se séparer pour mener une opération de sauvetage. C’est le moment que choisit Stigma, le chef d’Amalrilk pour révéler deux nouvelles adversaires. Alléluia d’abord capable de vous corrompre par le pouvoir de l’Amour. Et Abysse la sœur d’Ai la shinobi, alliée de Shy. L’heure des choix difficiles approche.

Shy tome 7 : tension maximale

Miki Bukimi nous surprend dans ce tome en le centrant quasi exclusivement sur l’action. Celle-ci sert trois duels dantesques révélant les pouvoirs de nos protagonistes. En effet, si Shy a été mise en avant, c’est autour de ses coéquipiers de montrer leur talent. Et ils ne sont pas de trop car l’adversité monte encore d’un cran. Dans la plus pure tradition du shonen, les affrontements sont autant physiques que spirituels. Stigma dans des pauses que ne renierait par Shaka le chevalier de la Vierge de Saint Seiya, interroge l’esprit de ses adversaires. Vaincre mais pour quelle raison ?

Shy au sommet de la tour

Ce tome en dévoile un peu plus sur les motivations de l’ennemi. Son plan, diabolique, met les héros devant une contradiction. Le vaincre c’est permettre à sa machination d’être réalisée. Un peu comme dans le film Seven, Shy et ses ami(e)s doivent trouver une autre voie vers le succès. Une chemin tortueux dont nos héros risquent de ne pas sortir indemnes. Mais tel est le défi immense imposé par Stigma.

Entre le coeur et l’esprit

Ce 7ème tome insiste beaucoup sur la notion d’amour, de séparation. Il est en effet beaucoup plus mature et sombre comme l’étaient les volumes précédents. Cela se voit d’abord dans la plongée dans la psyché des super vilains. Tous ont des cicatrices internes qui nourrissent une rancoeur. Tous à l’image d’Alleluia incarnent des anges déchus. Pervertis par Stigma, ils deviennent des antagoniste fascinants de par leur part d’humanité. Laquelle plonge les héros et les lecteurs dans un embarras constant. S’il leur reste une once de bonté, doit-on les combattre jusqu’à la mort ?

Ce déchirement constant prend tout son sens dans l’arc d’Ai la jeune shinobi. Apparue comme un élément comique, son personnage porte toute une part du drame. Les deux soeurs forment une famille, brisée à la fois par le code des shinobi et par leurs choix malheureux. Mais peut-on en vouloir à une si jeune fille formée à la guerre de s’être fourvoyée ? L’autrice apporte ici toute sa relecture critique des mythes à l’aune de la fragilité de l’enfance.

Un style toujours décapant

Tome après tome Miki Bukimi confirme son immense talent de dessinatrice. Au croisement des styles anglo-saxon, franco-belge et japonais, Shy emprunte d’un côté au shonen pour le dynamisme des scènes d’action, pour les traits du visage. Il s’inspire d’u autre côté de  Sean Murphy et d’Hugo Pratt pour créer des effets de lumières saisissants rehaussés par un usage judicieux des hachures. L’ensemble appuie à merveille un propos qui assume totalement ses influences multiples.

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Ce qui change dans cet album c’est l’importance des combats. La dessinatrice révèle alors une nouvelle corde à son arc en proposant des affrontements dynamiques, spectaculaires. Son œuvre n’a pas à rougir de la comparaison avec les autres séries du même type. On admire la précision, de son trait, la maîtrise du cadre et du rythme. La dessinatrice livre ainsi des pages généreuses en action et toujours aussi lisibles.

Avec son 7 ème tome, le coup de coeur de 2021 de la rédaction confirme son évolution vers un ton plus adulte tout en conservant sa sensibilité. Pour le moment, la séduction est intacte. Et tout indique que cette série est partie pour trôner longtemps en haut de notre palmarès.